Ainsi sont enterrées les pompes des bassins et une centrale électrique sous le plateau du Portzic. Le port de commerce est agrandi et il est même envisagé de faire de Brest le havre européen des pétroliers géants. Le projet est abandonné, mais la constitution dans la
base, depuis 1968, de la force de sous-marins nucléaires stratégiques a pour la ville d’heureuses conséquences.
Dans l’arsenal s’affirme la vocation de construction neuve de Brest. Sa renaissance a été marquée par la réalisation de 84 000 tonneaux de navires de commerce allant du cargo de 4 700 t au paquebot Antilles de 20 300 t. Le programme naval d’après guerre dé-
bute en 1951, tandis que les premiers escorteurs d’escadre sortent en 1954
et que, dans le bassin de Laninon, le porte-avions Clemenceau de 22 000 t est mis en chantier.
M. M. et A. L.
Le paysage urbain
La structure urbaine présente deux aspects essentiels : le front de mer, bande étroite du littoral envahie par les activités portuaires (arsenal et port militaire de Laninon à l’ouest, port de commerce et zone industrielle à l’est) ; les plateaux ont fixé l’axe est-ouest, parallèle au littoral, de la ville, de part et d’autre de la rivière qu’enjambent trois ponts, dont le pont levant de Recouvrance.
Une enfilade de rues caractérise cet axe principal, mal relié à la zone portuaire en raison des accidents de terrain. La ville se présente suivant une structure digitée dans trois directions : vers l’est (quartier de Saint-Marc), vers l’ouest (quartier de Saint-Pierre-Quilbignon) et vers le nord (quartier de Lambézellec).
Une ville de structure quadrangulaire a remplacé l’ancienne cité intra-muros complètement détruite, exception faite du vieux château qui domine le port. Des jardins occupent la place des anciens remparts. Ce nouveau centre urbain groupe une grande partie des activités tertiaires, chambre de commerce, sous-préfecture, banques, commerces de la rue de Siam, etc. Il est prolongé par le quartier de l’église Saint-Martin, caractérisé par ses vieux immeubles de quelques étages sans charme ni confort, traversé par la rue Jean-Jaurès. Sur la rive droite, nettement séparé par les ateliers de l’arsenal qui coupent la ville en deux, Recouvrance, quartier reconstruit, contraste avec Saint-Pierre-Quilbignon, village
absorbé par la ville.
Les zones industrielles et portuaires créent des ruptures dans le tissu urbain : le littoral avec ses quais d’armement et d’escadre à l’ouest, ses cales de radoub et ses entrepôts à l’est ; au-delà, sur le plateau de Kergonan, une vaste zone industrielle où se sont implantés de petites entreprises, des entrepôts, des ateliers ; puis, au nord de Lambé-
zellec, la brasserie, et à l’ouest, l’usine de la C. S. F.
Les grands ensembles d’immeubles collectifs côtoient la forme d’habitat traditionnel de maisons individuelles.
La Z. U. P., au nord de l’agglomé-
ration, groupe 7 500 logements pour 35 000 personnes. Une nouvelle extension est prévue de l’autre côté de la Z. U. P., sur la rive droite cette fois.
Les zones des baraques (le Polygone) n’ont pas totalement disparu. Brest se présente comme une ville assez peu structurée, marquée par des accidents topographiques et des contraintes militaires.
Les activités portuaires
Brest, base navale de l’Atlantique, a vu sa traditionnelle fonction militaire se développer récemment ;
32 000 hommes, sur les 69 000 qui constituent l’effectif national embarqué ou à terre, sont rattachés à cette IIe région maritime. En 1929, 37 000 personnes vivaient de la marine de guerre (13 000 marins, 4 500 ouvriers de l’arsenal, 6 000 retraités de la marine). Aujourd’hui, l’arsenal emploie 8 500 ouvriers et techniciens en dehors du personnel militaire. La ville possède des chantiers navals, une base sous-marine, une centrale thermique et un arsenal, auxquels on peut rattacher l’École navale et la base de sous-marins nucléaires situées la première à Lanveoc-Poulmic, la seconde à l’île Longue. La prépondérance de cette activité militaire a profondément marqué la physionomie de la ville.
Port militaire, mais aussi port de commerce, Brest offre de nombreuses installations : cinq bassins avec plus de 2 km de quais, deux formes de radoub dont une pour les navires de plus de
200 000 t, 9 ha de terre-pleins, 2 ha d’entrepôts, une station de soutage, de dégazage pour pétroliers, auxquels s’ajoute une zone industrielle portuaire de 51 ha gagnés sur la mer. Cependant, privé d’arrière-pays, le port de commerce a une zone d’attraction et d’influence limitée approximativement au département. Les fluctuations du trafic de marchandises de 1946 à 1956
reflètent les réductions des importations charbonnières. Les importations, qui représentent 80 p. 100 du trafic, sont constituées par des combustibles (houille et pétrole), des produits alimentaires (céréales et vins), des engrais et des matériaux de construction (bois). Les exportations sont réduites aux légumes et fruits et aux produits de redistribution le long de la côte et dans les îles. Brest joue, en effet, un rôle important de redistributeur par terre et par mer d’un grand nombre de produits : houille, engrais, produits chimiques, produits alimentaires (surtout vin). Son rayon d’action varie de 60 à 150 km.
Des chantiers de réparation de navires, des usines d’engrais, de ciment, d’agglomérés de houille sont nés de ces activités portuaires. Le vaste plan d’eau qu’offre la rade a permis l’installation d’un port de plaisance (Moulin-Blanc).
Les transformations
récentes
L’achèvement de la reconstruc-
tion, le déclin de la marine de guerre sont pour Brest des préoccupations majeures, en raison de l’importance qu’elles ont prise dans les structures d’emploi. En 1956, sur une population active de 36 860 personnes, le bâtiment en employait 16 p. 100, l’arsenal 27 p. 100, les services publics et la marine 20 p. 100. Une évolution axée essentiellement sur une fonction militaire, un ralentissement de l’industrie du bâtiment libérant quelque 4 000 ouvriers, un rôle commercial trop limité, un manque d’industries de transformation, telles étaient les caractéristiques d’un déséquilibre économique et social. Le gouvernement fut downloadModeText.vue.download 103 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4
1782
amené à reconnaître l’agglomération brestoise comme « zone critique » par un arrêté interministériel (janv. 1956).
Les demandes d’emploi non satis-
faites augmentèrent encore. L’acuité du problème devint telle qu’un nouvel arrêté ministériel (en 1961) la déclarait
« zone spéciale », lui donnant ainsi la possibilité d’accueillir des industries de transformation, grandes utilisatrices de main-d’oeuvre. En 1965, trois zones industrielles totalisaient 168 ha, dont 118 occupés. De nombreuses
moyennes et petites entreprises étaient installées sur la zone industrielle de Kergonan, la C. S. F. sur celle de Kers-teria (1 200 salariés) et une autre sur la zone industrielle portuaire, totalisant ainsi 2 500 nouveaux emplois. La majorité des emplois nouveaux concerne l’électronique, l’électricité, le matériel magnétique, la mécanique de précision. Un millier d’emplois féminins ont été créés grâce à l’industrie de l’habillement (bonneterie et confection). Une cadence de création, bien loin d’être atteinte, de 1 000 emplois annuels paraît nécessaire en raison de l’accroissement de la population (progression démographique de 4 000 unités par an environ).