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Certaines communes, peu nom-

breuses (grandes villes et communes suburbaines), progressent en alliant immigration et accroissement naturel ou bien émigration faible et accroissement naturel fort. Ces villes constituent des foyers dynamiques de peuplement.

Quelques autres, à l’intérieur de la Bretagne et sur la façade littorale, enregistrent un déclin naturel élevé dû à un vieillissement rapide, conséquence d’un exode rural accéléré (centre) ou du retour des personnes âgées (littoral).

De 1954 à 1962, la Bretagne a perdu environ 100 000 personnes de moins de 35 ans et gagné 5 000 retraités.

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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4

1785

Le recensement de 1968 a confirmé la tendance à la diminution du poids

démographique de la Bretagne dans l’ensemble français. Son taux de croissance (1962-1968) a été de 2,98 p. 100, ce qui la place au 19e rang des 21 ré-

gions. Cette croissance reste très infé-

rieure à celle de la France (7 p. 100) ; toutefois l’écart entre croissance régionale et croissance nationale a diminué par rapport à la période précédente.

Le taux de fécondité des femmes et le nombre d’enfants par famille y est encore plus élevé que partout ailleurs. Le taux brut de mortalité reste supérieur en raison d’une surmortalité attribuée à l’alcoolisme et à certaines conditions socio-économiques. Les migrations des jeunes contribuent à déséquilibrer la pyramide des âges, entraînant une proportion de personnes âgées supérieure à la moyenne française. Le vieillissement constaté en 1962 s’est donc accentué. Pendant cette période, une personne sur cinq a changé de commune en raison d’une accélération de l’urbanisation. La moyenne annuelle d’émigration n’a pas diminué : 25 946 en 1962-1968 (dont 46,2 p. 100

de personnes actives) contre 25 287 en 1954-1962.

La région parisienne absorbe plus de 40 p. 100 des émigrants, les pays de la Loire, 16 p. 100. Par contre, on a enregistré une forte immigration (22 000 personnes par an dont 34,7 p. 100 de personnes actives) due en partie à l’arrivée de personnes de plus de 35 ans accompagnées d’enfants. C’est l’un des points qui ont permis une certaine amélioration entre 1954-1962 et 1962-1968. La vitalité naturelle n’est plus la caractéristique essentielle de la population bretonne.

Les premiers résultats du recensement de 1975 renforcent l’évolution amorcée après 1960. La population bretonne s’est pratiquement accrue au même rythme (ralenti, il est vrai) que l’ensemble de la population française, progressant de plus de 5 p. 100 entre 1968 et 1975.

Retard des infrastructures et

position excentrée

L’absence de sources d’énergie n’est pas aujourd’hui un véritable handicap.

Sous-équipée, la Bretagne importe 70 p. 100 de l’énergie dont elle a be-

soin : la totalité de son charbon, une grande partie de son gaz (Lacq), dont la consommation a augmenté de 40 p. 100

entre 1961 et 1964. L’accroissement de la consommation des produits pétroliers est très sensible (raffinerie de Vern-sur-Seiche près de Rennes, une cinquantaine de dépôts de stockage).

Une seule usine d’uranium est actuellement exploitée (50 t de métal par an).

Plus de 45 p. 100 de l’électricité sont importés. Les centrales thermiques et hydrauliques (Guerlédan sur le Blavet) ont une importance moindre en raison de l’interconnexion. Quant aux deux réalisations spectaculaires, la centrale nucléaire de Brennilis dans les monts d’Arrée et l’usine marémotrice de la Rance, elles ont une valeur surtout expérimentale.

Le fait d’être importateur d’énergie n’est pas nécessairement un facteur paralysant. Plus graves sont les problèmes que causent l’infrastructure et la position excentrée de la Bretagne.

L’éloignement de la capitale et des marchés européens, la précarité des communications à l’intérieur de la péninsule sont de lourds obstacles au développement économique. Les ré-

seaux ferroviaires et routiers sont de plus en plus inadaptés. La fermeture de certains tronçons, bien loin de résoudre le problème, contribuera à rendre plus malaisées les communications, surtout vers la capitale. L’électrification de la voie ferrée Paris-Rennes (3 heures) permet cependant de fréquentes relations. Les ports maritimes, insuffisamment équipés (sauf Brest et Lorient), risquent de ne pouvoir bénéficier de l’intensification des échanges économiques possibles dans un proche avenir, avec les îles Britanniques notamment. Actuellement, le déséquilibre des échanges commerciaux avec l’extérieur (en partie dû à la nature des produits échangés : houille, hydrocarbures, bois, vins contre primeurs, viande, produits laitiers) et la faiblesse du commerce maritime expliquent que le commerce extérieur ne représente que 1 p. 100 du chiffre national.

Enfin, le développement de liaisons aériennes régulières est aussi indispensable que celui des télécommunica-

tions pour réduire l’éloignement dont souffre la Bretagne, tant pour l’industrie que pour le tourisme.

Les potentialités

La Bretagne possède des atouts qui doivent contribuer au relèvement du revenu régional.

Vers une agriculture de groupe

Certains indices ont permis de déceler une évolution déterminante au niveau des structures ; la diminution de la population active agricole masculine s’est accélérée : de 2,84 p. 100 par an entre 1954 et 1962 à 4,50 p. 100 entre 1962 et 1968 ; dans tous les départements, le nombre des exploitations a diminué : le taux annuel de variation est passé d’environ — 1 p. 100 entre 1955 et 1963 à — 2,4 p. 100 entre 1963

et 1967 ; le rôle de la S. B. A. F. E. R.

(Société bretonne d’aménagement foncier et d’établissement rural) se traduit de façon positive par la restructuration et l’agrandissement des exploitations.

Cette évolution, si elle est doublée d’une politique d’encouragement au départ en retraite des vieux agriculteurs, peut être bénéfique à l’installation de jeunes exploitants (42 p. 100

des exploitants ont plus de 55 ans).

Ce sont surtout les modifications de structure qui sont sensibles et té-

moignent d’un grand changement des mentalités. Elles se traduisent par un recours au crédit de plus en plus grand (qui n’est pas sans danger), par une formation professionnelle (enseignement et vulgarisation se sont considé-

rablement développés). Une centaine de Centres d’études des techniques agricoles (C. E. T. A.) fonctionnent, ainsi que plusieurs centres de gestion et comptabilité agricoles.

L’usage en commun du matériel a

fait passer le nombre de C. U. M. A.

(Coopérative d’utilisation de matériel agricole) de 183 en 1960 à plus d’un millier en 1968. Il existe une quarantaine de Groupements agricoles d’exploitation en commun (G. A. E. C). La Bretagne est la région de France qui est allée le plus loin dans l’expérimentation de l’agriculture de groupe. C’est l’oeuvre de jeunes agriculteurs syndi-

calistes. Certaines organisations créées par les agriculteurs du Léon font figure d’entreprises pilotes : la S. I. C. A.

(Société d’intérêt collectif et agricole) de Saint-Pol-de-Léon et l’Office central de Landerneau ont un rayonnement très étendu. La S. I. C. A. est née d’une rénovation des structures syndicales provoquée par les crises du marché des artichauts et des choux-fleurs.