C’est essentiellement une organisation de mise en marché, qui impose à ses adhérents une discipline de production et des charges de régularisation des cours. L’Office central de Landerneau fédère 17 sociétés, dont la Coopérative des agriculteurs, la première de France par son importance. Ces organisations forment le cadre de vie des paysans du Léon et leur permettent une promotion sociale.
Action régionale et
décentralisation
Le sous-équipement industriel a des causes multiples souvent dénoncées : la carence d’énergie, le manque de capitaux, les difficultés de circulation de l’information, des hommes et des marchandises, l’insuffisance de la formation professionnelle, la faible taille des entreprises, etc. Toutefois, ce sous-
équipement s’est accompagné aussi d’une désindustrialisation, avec la fermeture de petites industries locales de textile et métallurgie. Ces fermetures, l’achèvement de la reconstruction, qui procura pendant une décennie une activité factice, la réduction du nombre des exploitations entraînaient un très grave problème de l’emploi jusqu’alors résolu par une émigration massive des éléments jeunes et actifs. Le processus ne faisait que s’accentuer jusqu’à ce qu’une action régionale concertée fût entreprise sous l’impulsion du C. E. L. I. B.
Des atouts furent mis en avant pour susciter l’implantation de nouvelles industries : main-d’oeuvre abondante, facilité d’implantation, avantages fiscaux, etc. La dernière décennie a vu le développement de certaines industries classiques (conserverie de viande, habillement) et d’industries de transformation en plein essor (automobile, électronique). La production agricole
a stimulé l’implantation ou l’extension des industries du lait, de la viande et des aliments du bétail. Elle a été à l’origine du renouveau de petits centres comme Loudéac.
L’industrialisation récente
De 1955 à 1967, la Bretagne a bénéfi-cié de 84 opérations de décentralisation représentant la création de 22 305 emplois. L’Ille-et-Vilaine, à elle seule, absorbe 13 000 de ces emplois et tient la première place dans les départements d’accueil. Dans les « zones critiques », la Bretagne a accueilli des industries liées à l’automobile (Citroën à Rennes, downloadModeText.vue.download 107 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4
1786
Renault à Lorient) et au caoutchouc (Michelin à Vannes, le Joint-Français à Saint-Brieuc). L’usine Citroën de La Janais, à Rennes, est l’établissement industriel de Bretagne qui emploie le plus de personnel. Elle a commencé à fonctionner en septembre 1961. En 1967, 6 200 personnes travaillaient à une production de série (« Ami 6 »). Le recrutement de la main-d’oeuvre se fait dans la population rurale, dans un rayon de 30 à 70 kilomètres. L’industrie électronique, deuxième volet de cette industrialisation, s’est installée à Rennes, à Brest (Centre électronique de l’armement) et à Lannion (C. S. F.) ; le Centre national d’études des télécommunications (1 200 emplois) de Pleumeur-Bodou a joué un rôle d’entraînement et favorisé l’implantation de L. M. T.
(Le Matériel Téléphonique). Deux nouvelles implantations en Bretagne viennent d’être confirmées : à Brest, avec la société Ericsson, création d’une usine de matériel téléphonique devant employer 1 500 personnes vers les années 1973-1974 ; à Rennes, avec la Compagnie générale de constructions téléphoniques (1 000 emplois vers 1974). Cette vocation électronique de la région ne cesse donc de s’affirmer.
L’École maritime supérieure des transmissions et l’École nationale des télé-
communications devraient, en outre, s’installer à Rennes dans un très proche avenir.
Des implantations plus modestes ont eu lieu dans de petits centres urbains (Redon, Guingamp, Fougères). Ce
progrès récent de quelques branches de l’industrie a contribué au ralentissement de l’émigration pendant la période 1962-1968. Il a entraîné un développement urbain sans précé-
dent, qu’illustre l’accroissement de 20 p. 100 de la population rennaise.
Un tourisme tourné vers
les sports nautiques
La Bretagne attire le dixième du flux touristique national. En améliorant ses équipements, en mettant en valeur ses possibilités naturelles, elle doit tirer un bon profit de son capital touristique. La mesure de la fréquentation touristique et sa répartition permettent de dégager les grandes lignes de sa probable évolution. La synthèse de la fréquentation des différents modes d’hébergement donne les chiffres suivants : 64,4 millions de journées en 1964 et 74,3 millions en 1968, soit une augmentation globale de 3,9 p. 100 par an. Cependant, le rythme de croissance s’est ralenti en raison de la diminution de la clientèle anglaise et du développement des séjours de vacances des Français à l’étranger.
Ce sont les séjours sous la tente et en caravane ainsi qu’en résidences secondaires qui se sont développés le plus rapidement. La clientèle des meublés continue aussi à croître. La région se caractérise également par l’importance des séjours chez les parents et amis, ainsi que par le développement restreint des hébergements sociaux (sauf colonies de vacances, assez nombreuses).
Le littoral breton reçoit environ 70 p. 100 du flux touristique. La clientèle est essentiellement française et familiale, avec une proportion importante de familles à revenus modestes.
C’est un des lieux de vacances privilé-
giés des Parisiens (le nombre de Bretons émigrés à Paris n’est pas étranger à ces tendances). Les dépenses des touristes en 1964 pouvaient être estimées à 950 millions de francs et à 1 300 millions en 1968, mais il est difficile de
savoir quelle part revient au pays d’hé-
bergement. L’élasticité de l’offre et les moyens d’hébergement étant faibles, une progression accélérée des flux touristiques paraît peu probable.
Un des traits les plus marquants de l’évolution du tourisme est le développement de la navigation de plaisance depuis dix ans. La Bretagne tient une place privilégiée en raison de conditions particulièrement favorables, qui vont de la fréquence des vents à la longueur des côtes en passant par les dizaines de criques, d’îlots, de rias, de plans d’eau... Les écoles de voile, les centres nautiques se sont multipliés, favorisant une démocratisation de la navigation de plaisance. Les écoles de voile sont passées de 31 en 1960 à 77
en 1964, 103 en 1968 et plus de 120 en 1970. Celles de Carantec, Tréboul, Tré-
gnac, des Glénans (le plus important centre de France), de Bénodet, Saint-Pierre-Quiberon accueillent un nombre croissant de stagiaires qui vont ensuite grossir le nombre des amateurs de sports nautiques. En 1965, les bateaux de plaisance fréquentant les côtes bretonnes pouvaient être évalués à 24 000, dont 19 500 dériveurs légers. Les capacités d’accueil des ports maritimes étaient saturées (8 300 places). L’amé-
lioration prévue dans le Ve plan portera essentiellement sur ces équipements.
La création de parcs naturels, de réserves ornithologiques, de centres de thalassothérapie, de circuits pittoresques devrait être également un élé-
ment d’attraction. La Bretagne peut tirer du tourisme un complément de ressources important, à condition d’accroître et de moderniser ses capacités d’accueil.
Conclusion
La décentralisation, qui s’est singuliè-
rement ralentie depuis 1964, s’est parfois révélée décevante (main-d’oeuvre sous-payée). Si de nouvelles usines se créaient, d’autres, incapables d’affronter la concurrence, devaient fermer (14 000 emplois ont ainsi disparu en dix ans). Les forges d’Hennebont en sont un exemple.
L’ensemble de la Bretagne ne vient