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qu’au neuvième rang des régions fran-

çaises pour les opérations de décentralisation. Dans les quatre départements, qui comptent environ un million de personnes actives, le nombre de chô-

meurs est passé de 10 000 en 1962 à 50 000 en 1975. Il faudrait créer de 10 000 à 12 000 emplois par an pour équilibrer le marché du travail et éponger l’exode rural.

Les difficultés ont favorisé la renaissance de mouvements régionalistes : Kendalc’h (Maintenir), F. L. B. (Front de libération de la Bretagne), M. O. B.

(Mouvement pour l’organisation de la Bretagne), U. D. B. (Union démocratique bretonne). Exception faite du premier, tous affirment leur volonté d’agir suivant une ligne politique en faveur du développement régional.

Le processus d’industrialisation amorcé sous l’action de responsables locaux semble toutefois irréversible.

Tous les départements sont en net progrès. L’image d’une Bretagne traditionaliste tournée vers une activité agricole à faible rendement, une pêche traditionnelle et un tourisme familial s’estompe. La transformation est surtout nette depuis 1962 et est démon-downloadModeText.vue.download 108 sur 573

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4

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trée par les recensements de 1968 et de 1975.

Ralentissement de l’émigration,

essor de l’industrie ont provoqué un développement urbain rapide. La population urbaine tend à dépasser la population rurale. Les villes se caractérisent par la structure de la population active, qui reflète l’activité urbaine.

La conjonction de mesures gouvernementales (souvent épisodiques) et du dynamisme régional a permis une réelle métamorphose de la Bretagne.

Toutefois, un équilibre assurant le plein emploi et résorbant l’émigration n’est pas encore atteint.

M.-M. F.

L’HISTOIRE DE LA BRETAGNE

Le duché indépendant

Vers le milieu du Ve s., les Bretons de l’île de Bretagne, envahie par les Pictes et les Saxons, émigrent en masse ; ce mouvement d’émigration, dont on

ignore à peu près tout, se prolonge durant tout le VIe s. vers les rivages de l’Armorique. C’est au VIe s. qu’est employé pour la première fois le terme de Bretagne. Sur cette terre nouvelle, les Bretons se groupent en colonies indépendantes sous la conduite de savants personnages, moines pour la plupart, et forment des « plous », ou paroisses. Les « machtierns », grands propriétaires terriens, organisent la vie civile. Dans le même temps, les Francs, s’étendant vers l’ouest, tentent d’assu-jettir les Bretons. Ils y parviennent mal. Une révolte éclate, réprimée par Charlemagne en 799, mais suivie de bien d’autres jusqu’en 837, où Louis le Pieux place un Breton à la tête de ses compatriotes. Il choisit Nominoë qui devient princeps veneticae civita-tis ; homme de courage, celui-ci rêve d’affranchir son pays du joug étranger.

L’occasion naît en 840 avec la mort de Louis le Pieux. La victoire de Ballon, près de Bains-sur-Oust, remportée par Nominoë sur Charles le Chauve (22 nov. 845), assure l’indépendance.

Le libérateur et premier « roi » de la Bretagne meurt en 851, laissant le soin de continuer son oeuvre d’unification nationale à son fils Erispoë, auquel succédera en novembre 857 Salomon, neveu de Nominoë. La mort tragique de Salomon, le 25 juin 874, ouvre une période de troubles dont profitent les Normands pour envahir la Bretagne, qu’ils ravagent, quand enfin Alain II Barbe-Torte les écrase en 937 à Nantes.

Tout le pays le salue comme duc de Bretagne. Le pays ressuscite sous le nom qu’il gardera tout le Moyen Âge : le duché de Bretagne. Les maisons de Nantes, de Rennes, de Cornouaille étendent peu à peu le domaine ducal sur l’ensemble de la péninsule.

En 1213, la dynastie bretonne tombe en quenouille avec Alix de Bretagne,

héritière du duché et épouse de Pierre de Dreux, plus connu sous le nom de Pierre Ier Mauclerc (1213-1237), arrière-petit-fils de Louis VI le Gros.

Le Capétien s’attire l’hostilité de la noblesse, du clergé et de la monarchie française. À la majorité de son fils, Jean le Roux, en 1237, il lui abandonne le pouvoir.

La mort sans postérité du duc Jean III (30 avr. 1341) déclenche la guerre de la Succession de Bretagne (v. Cent Ans [guerre de]) entre son demi-frère Jean, comte de Montfort, et Charles de Blois-Châtillon, l’époux de sa nièce Jeanne de Penthièvre. La bataille d’Auray (29 sept. 1364), où Charles de Blois trouve la mort, termine la lutte ; le fils de Jean de Montfort est reconnu duc de Bretagne sous le nom de Jean IV par le traité de Guérande (12 avr. 1365).

Jean V, duc de 1399 au 28 août

1442, marque profondément l’histoire de la Bretagne en la première moitié du XVe s. Sous son règne paisible fleurissent les arts, le commerce, l’industrie, au plus fort des calamités qui désolent la France pendant la guerre de Cent Ans. C’est l’âge d’or du gothique breton (églises, statues, calvaires, vitraux). La conduite politique de Jean V

est dominée par la volonté formelle de soutenir la France, dans la mesure toutefois et par des moyens qui n’eussent pas pour conséquence de déchaîner la guerre en Bretagne et de priver ses sujets de l’inappréciable bienfait de la paix.

Dans la seconde moitié du siècle, les prétentions de Louis XI et sa perfidie rompent la bonne entente avec la France. Une série de guerres, suspendues par des traités aussitôt violés par le roi, ternissent le règne de ce monarque, dont la fille, Anne de Beaujeu, poursuit la même politique durant la minorité de Charles VIII : en 1487, elle fait envahir le duché. L’armée bretonne est battue à Saint-Aubin-du-Cormier, le 28 juillet 1488 ; François II, dernier duc de Bretagne (1458-1488), doit signer, le 20 août, le traité du Verger.

C’est le glas du duché.

Les institutions

y Au IXe s., les comtes, placés à la tête des grandes circonscriptions qui partagent la Bretagne, et les machtierns composent une aristocratie puissante.

Viennent ensuite les hommes libres, puis les colons qui cultivent, sous la condition d’une redevance annuelle, une terre qu’ils ne peuvent quitter mais qu’on ne peut leur ravir ; enfin des serfs en petit nombre.

Les seigneurs présents à la cour ducale sont désignés sous le nom de barons du duc ; il existe des barons mais non pas de baronnies. Peu à peu, de l’homme le titre passera à la terre.

En 1185, la célèbre ordonnance connue sous le nom d’Assise du comte Geoffroy interdit le démembrement des baronnies et des fiefs de chevaliers, prescrit de fournir désormais aux puînés leur partage en biens meubles ou en terre à viage, et institue le droit d’aînesse, inconnu des lois bretonnes primitives.

Après les invasions normandes, les Bretons s’inspireront des institutions de la féodalité française, mais ils atté-

nueront beaucoup, dans la pratique, le droit d’aînesse.

Aux premiers temps, la cour du duc réunit évêques, abbés, comtes, seigneurs, grands et petits vassaux, constituant à la fois une assemblée politique et une cour de justice sous le nom de parlement général du duché. Le tiers état y apparaît en 1315, et le parlement parvient à un rôle si important, judiciaire et politique, à partir de Jean IV

(1365-1399), que le gouvernement de la Bretagne est, en fait, une monarchie représentative. En 1485, François II fait de la section judiciaire un organisme indépendant, auquel on réserve le nom de parlement afin de la différencier des états, assemblées provinciales qui se réunissent chaque année et dans lesquelles siègent des représentants du clergé et de la noblesse ainsi que les députés des bonnes villes (au nombre de 25) pour voter le budget, signaler les abus, se prononcer sur les graves questions politiques intéressant la nation bretonne. Le duc de Bretagne est devenu un souverain véritable, assisté des institutions nécessaires.

L’organisation militaire

y Elle repose sur le principe féodal, auquel se réfère le Livre des Osts, ré-