nagées par des plans successifs (plan Dawes, 1924 ; plan Young, 1929), Briand organise la paix. Après l’échec du protocole de Genève sur l’arbitrage obligatoire (1925), il reprend les conversations directes avec l’Allemagne, dont le ministre des Affaires étrangères, Stresemann, semble gagné à la conciliation. La conférence de Locarno pose l’assise la plus solide de la sécurité de l’Europe (16 oct. 1925) : Briand obtient des puissances contractantes la garantie de la frontière franco-allemande sur le Rhin. Désormais, l’« esprit de Locarno » ouvre la porte à de plus amples échanges.
En septembre 1926, Briand ren-
contre Stresemann à Thoiry (Ain) ; sans doute lui propose-t-il une évacuation anticipée par la France de la région rhénane et de la Sarre, ainsi qu’une aide financière. Aux yeux des nationalistes, c’est aller trop loin dans la voie de la collaboration avec le vaincu de la veille. Briand va dès lors agir plus prudemment par le biais de la S. D. N.
Il y fait admettre l’Allemagne
(sept. 1926) et y joue un rôle majeur.
En janvier 1927, Briand supprime la Commission militaire de contrôle interalliée. L’acte le plus caractéristique de sa politique est le pacte Briand-Kel-log, signé à Paris le 27 août 1928 par soixante nations, et qui met la guerre
« hors la loi ». Briand est prix Nobel de la paix depuis décembre 1926.
Le 30 juin 1930, Briand fait évacuer la Rhénanie, quatre ans avant la date prévue. Le même jour, il fait remettre à 27 gouvernements européens un
« mémorandum sur l’organisation d’un régime d’union fédérale européenne ».
Précurseur de Robert Schumann et de Jean Monnet, il suggère une entente politique, puis économique, « l’exten-
sion progressive à toutes les communautés européennes » de la politique de garanties internationales inaugurée à Locarno « jusqu’à l’intégration des accords et séries d’accords particuliers dans un système plus général ».
Politique que beaucoup critiquèrent comme trop idéaliste, et que la montée des fascismes semblait dès l’abord condamner.
Malade, Briand se repose de plus en plus souvent dans sa propriété de Cocherel (Eure). Il laisse cependant pré-
senter sa candidature à la présidence de la République (mai 1931), mais les nationalistes lui préfèrent Paul Doumer. Il meurt quelques mois plus tard.
P. M.
F République (IIIe).
G. Suarèz, A. Briand, sa vie, son oeuvre (Plon, 1938-1939 ; 5 vol.). / W. Schurar, Aristide Briand und die Trennung von Kirche und Staat in Frankreich (Bâle, 1939). / P. Renouvin, Histoire des relations internationales, t. VII : les Crises du XXe siècle (Hachette, 1957-1958 ; 2 vol.). / J. B. Duroselle, Histoire diplomatique de 1919 à nos jours (Dalloz, 1962). / Dr Ruge, Locarno Konferenz, 1925 (Berlin-Est, 1962).
/ G. Lefranc, le Mouvement socialiste sous la IIIe République (Payot, 1963). / J. Hermans, l’Évolution de la pensée européenne d’Aristide Briand (Impr. Idoux, Nancy, 1965). / J. Chabannes, Aristide Briand (Perrin, 1973).
brique
Élément de construction fait d’une matière inorganique dure obtenue traditionnellement par séchage et cuisson de terres argileuses.
Les briques silico-calcaires, les briques de béton sont une extension abusive de la définition et se réfèrent plutôt à la forme et aux dimensions imposées par les conditions d’emploi qu’à la nature du matériau.
Fabrication
La brique est un des matériaux les plus anciens dans l’histoire de l’humanité.
Le limon, ou terre argileuse alluvionnaire, détrempé et modelé à la main, puis séché au soleil, a servi aux pre-
mières constructions. L’utilisation de dépôts argileux ayant subi une forte concrétion et devant par suite être moulus n’est apparue qu’avec les machines de broyage. L’effet de la cuisson pour durcir les briques séchées a sans doute été observé accidentellement à la suite d’incendies (fouilles de Mésopotamie), et cette technique est devenue de pratique courante.
Fabrication en pâte molle
Les argiles à briques ont des compositions très variables allant de celle du kaolin pur (46,5 p. 100 de silice
[SiO2], 39,5 p. 100 d’alumine [Al2O3]
et 14 p. 100 d’eau [H2O]) à celle des marnes (60 p. 100 de silice [SiO2], 14 à 20 p. 100 d’alumine [Al2O3], 2
à 5 p. 100 de produits alcalins [K2O, Na2O] et 2 à 5 p. 100 de produits alcali-noterreux [CaO, MgO]), les oxydes de fer (6 p. 100) leur donnant leur teinte caractéristique. Le lehm du nord de la France est une argile très maigre utilisée telle quelle pour la fabrication des briques communes. Les argiles sont broyées, homogénéisées et éventuellement améliorées par échange de bases (sodification des argiles calciques). On pratique ensuite le mouillage au malaxeur. Dans les briqueteries très mécanisées, le mouillage se fait à la vapeur, et la pâte est désaérée au vide (désaération). La pâte préparée contient de 1/5
à 1/3 du poids en sec de l’argile ; elle est alors plastique, c’est-à-dire qu’elle se déforme à la pression et garde sa nouvelle forme. Au-delà d’une telle teneur en eau, on obtient une boue (bar-downloadModeText.vue.download 115 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4
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botine). Au-dessous, elle se brise à la pression au lieu de se déformer. Après séchage, l’argile devient « dure-noire »
et contient de 7 à 10 p. 100 d’eau. Le retrait, qui peut dépasser 5 p. 100, se stabilise et ne reprendra, éventuellement, qu’à la cuisson. L’eau intersti-tielle éliminée est dite « eau de retrait »
ou « eau colloïdale ». Un séchage plus poussé conduit à l’état « dur-blanc », l’eau des pores, ou eau d’interposition, s’étant éliminée à son tour. À la cuis-
son, le départ de l’eau chimiquement combinée, ou eau de constitution, se produira entre 450 et 650 °C. La pâte molle est surtout utilisée pour le travail à la main, encore pratiqué dans les pays peu industrialisés et pour les fabrications « de luxe ». D’une consistance un peu plus ferme, elle se prête au filage dans des presses étireuses ou mouleuses, qui permettent d’extruder un boudin de forme parallélépipédique.
Fabrication en pâte mi-sèche
Le pressage en pâte mi-sèche par pression élevée (100 à 250 kg/cm2), appliquée par impulsions successives, nécessite beaucoup moins d’eau (8 à 14 p. 100) et limite par conséquent le retrait au séchage. La définition des dimensions est plus précise.
Séchage et cuisson
Le séchage se fait à l’air, en empilages (haies), et peut prendre de 3
à 6 semaines. On utilise actuellement des séchoirs qui peuvent être hautement mécanisés pour obtenir un cheminement continu, et la méthode du séchoir humide permet d’accélérer le séchage sans risque de craquelures. La cuisson s’effectue dans des fours soit intermittents (leur mise en température peut être telle que, dans une première phase, ils jouent le rôle de séchoir), soit dans des fours continus à feu ou à sole mobiles. Les terres utilisées comme matière première en briqueterie contiennent une certaine proportion de matières organiques, dont la combustion contribue d’ailleurs à entretenir la chaleur de cuisson. Cette phase d’oxydation s’effectue entre 300 et 900 °C.
Dès 800 °C, la brique « mûrit » et acquiert sa solidité et sa résistance ; le phénomène est dû à la fusion visqueuse (grésage) de certains constituants mi-néraux (calcaire, fer, etc.) qui lient les particules restées solides. Il convient de conduire la montée en température de manière telle que la vitrification pré-
maturée des surfaces n’empêche pas le départ de l’eau de constitution de profondeur, cause de gerçures. Le refroidissement doit être progressif pour éviter la formation de fissures.
Les tuiles
À la fabrication des briques se rattache la fabrication des tuiles (tuileries), qui n’en diffèrent que par leur épaisseur plus faible, leur imperméabilité plus grande et leur forme fonctionnelle. Elles sont généralement obtenues par pressage d’une galette.