giature et de sports nautiques. La ville commande l’activité d’un district qui regroupe aujourd’hui plus d’un demi-million d’habitants.
A. B.
Broch (Hermann)
Écrivain autrichien (Vienne 1886 -
New Haven, États-Unis, 1951).
La mort de son père, fabricant de tissus, le mit dès 1910 à la tête d’importantes entreprises. À la suite de la Première Guerre mondiale, des crises qui la suivirent, des années troubles durant lesquelles les Viennois, plus que partout ailleurs, eurent le sentiment d’une fin irrémédiable, il abandonna en 1927
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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4
1797
toutes ses affaires. Non par indifférence ou à cause de difficultés spéciales, mais pour donner tout son temps à la réflexion et à l’écriture. Il en est sorti une oeuvre romanesque d’un style très personnel, qui s’est cherché d’abord à
travers divers plans souvent parodiques pour arriver à un monologue intérieur qui emplit tout un roman.
En 1931-32, Broch se fit d’un coup une réputation de romancier avec sa trilogie Die Schlafwandler (les Somnambules), vaste roman social étendu sur trois générations d’hommes qui avancent inconscients au milieu des périls. Le mouvement général des ré-
cits est celui d’une chute, c’est la destruction d’un monde autrefois cohérent et la disparition des valeurs morales et sociales, des points de repère, des interdits et des garde-fous. Le premier volume porte un titre et une date : 1888, Pasenow ou le Romantisme. Le romantisme, c’est l’attachement au code de l’honneur dans une famille de gentilshommes prussiens. Un des fils meurt dans un duel stupide ; le père ne cessera plus de réfléchir sur la justification de cet « honneur » auquel il a été habitué à tout sacrifier, cependant que son autre fils, après quelques aventures galantes, finit dans un mariage de convention dont il sait qu’il demeurera prisonnier. Le second volume, 1903, Esch ou l’Anarchie, est d’un dessin beaucoup moins net et le milieu considéré moins défini : Esch, le héros, est un employé devenu cabaretier et dont les moyens d’existence ne sont pas tous avouables. Dans le troisième volume, la décomposition est encore plus marquée, l’incohérence est voulue, la dissonance règne. 1918, Huguenau ou le Réalisme met en scène le fournisseur aux armées Huguenau, qui a fait fortune en quelques années. Autour de lui on voit revenir Joachim von Pasenow, devenu commandant, Esch, rédacteur d’un journal socialiste, et la plupart des personnages des deux premiers volumes, mais ils sont changés, plus exactement brisés, vivant comme des pantins dans les décors aberrants et sous les éclairages violents des années d’après-guerre.
Le livre intitulé le Tentateur (Der Versucher), que Broch écrivit entre 1933, date de la prise du pouvoir par Hitler, et 1938, date de l’entrée de l’ar-mée hitlérienne en Autriche, est celui dont le symbolisme est le plus déchif-frable. Dans un village de montagne apparaît un ouvrier étranger, Marius Ratti. Il parle avec véhémence contre
les machines, la vie moderne, l’alcool aussi et la débauche, et sait faire croire aux villageois qu’ils trouveront un jour richesse et bonheur dans la possession d’un fabuleux trésor caché au fond des montagnes. Pour que le salut soit assuré, il faudra un sacrifice humain, que consent la fille d’un des adeptes de Ratti. Tous tomberaient dans les filets de l’ensorceleur s’il n’y avait « la mère Gisson », en qui parle la voix de la terre et du coeur ; sur elle, que l’auteur avait d’abord pensé appeler Déméter, ni les maléfices de la parole, ni les intrigues, ni les pressions ne peuvent agir.
Une affirmation aussi déclarée
d’hostilité à l’hitlérisme valut à son auteur, quand Vienne devint allemande en 1938, d’être arrêté. Dès que sa libé-
ration put être obtenue, Broch partit pour les États-Unis, où il poursuivit des études de psychologie sociale et enseigna à Princeton. Avant de mourir, en 1951, il avait publié en 1945 Der Tod des Vergil (la Mort de Virgile) et en 1950 Die Schuldlosen (les Innocents). Sur un thème qui rappelle celui des Somnambules, les Innocents sont une autre tentative pour rendre sensible la disparité entre le destin durable des communautés humaines et l’agitation de ceux qui croient agir et comprendre, l’immensité irrationnelle de l’écart entre ce que l’homme conçoit et ce dont il vit.
Mais le poème philosophique et
l’allégorie ne sont pas les genres où Broch réussit le mieux ; il sait raconter et décrire, et surtout donner au récit une densité symbolique à la fois par la richesse des implications, la patience des analyses, le lent déroulement des méandres de l’analyse et du rêve.
Son oeuvre la plus originale est la Mort de Virgile, récit des dernières dix-huit heures de la vie du poète.
Virgile est débarqué, déjà presque mourant, à Brindisi, et, de ce moment jusqu’à sa mort, les images, les impressions, les rêveries qui le traversent forment la matière d’un immense monologue intérieur. Dans la liberté des dernières heures, quand la charge de la vie ne pèse plus sur les épaules de celui qui ne se relèvera plus, mais qui garde
une vigilance de tous les instants, sa vie repasse devant ses yeux et avec elle les rêves, les ambitions, les craintes et les espoirs qui l’ont accompagnée.
Ici, rêve et réalité se rejoignent, objet et sujet s’interchangent et les phrases du récit, interminables, aux battements amples et lassés, coulent d’un flot sans interruption. Broch connaissait Joyce et ne l’a jamais caché ; on l’a aussi comparé à Proust pour sa patience à découvrir les cheminements cachés de l’âme.
Quand Octave vient demander à Virgile mourant, dans une des rares scènes dialoguées du roman, de lui remettre le manuscrit de l’Énéide, le poète voudrait refuser ; il objecte que l’oeuvre est inachevée, imparfaite. Mais le plus grand des Anciens aspire à autre chose qu’à son oeuvre. Même si tous ses vers étaient parfaits, quelque chose en lui demeurerait insatisfait, il se reprocherait de n’avoir pas fait plus que de plaire aux hommes ; il aurait voulu servir à leur salut. Le prince des poètes latins n’a-t-il pas entrevu l’espoir dans le christianisme naissant ? Broch semble le suggérer ; il insiste du moins sur tout ce qui demeure chez Virgile mourant nostalgie sans réponse, appel à un salut que le monde romain ignore.
Broch avait, en un sens, quitté le monde pour réfléchir et écrire ; son entreprise était de comprendre et de faire comprendre. Et d’abord comprendre son siècle. Mais la Mort de Virgile montre que son exigence allait plus loin, car elle se refuse la satisfaction de l’oeuvre accomplie. Virgile mourant donnerait raison à Platon, pour qui la poésie n’était qu’une suite de vaines et trompeuses images. Peut-être Broch est-il mort aussi insatisfait que Virgile.
P. G.
T. Collmann, Zeit und Geschichte in Hermann Brochs Roman « Der Tod des Vergil »
(Bonn, 1967). / J.-P. Bier, Hermann Broch et « la Mort de Virgile » (Larousse, 1974).
brochage
Ensemble des opérations nécessaires pour former un livre non relié à partir de la feuille de papier sortant de
l’imprimerie.
Ces opérations sont la pliure, la pla-
çure, l’assemblage, la couture, la cou-vrure et la rognure.
Pliure
Après avoir été refendue à l’aide du massicot au format de la pliure, la feuille imprimée à plat est amenée sous le système plieur soit par un margeur à pile, la feuille étant dans ce cas aspirée par des ventouses et entraînée par des courroies, soit par un margeur rotatif, les feuilles étant alors éta-gées et entraînées une par une par des courroies aidées par des souffleries.