y Dans le brochage extérieur, la pièce à usiner est solidement fixée dans un montage. Dans les deux cas, l’entraînement de la broche est obtenu par un système de vis et d’écrou ou de pignon et de crémaillère, et, pour les machines modernes, par un vérin hydraulique.
Suivant la forme de la pièce ou la nature de l’usinage à réaliser, on choisit de préférence une machine horizontale ou verticale. Les machines à brocher horizontales sont moins coûteuses et peuvent être utilisées pour les travaux d’usinage les plus variés. Mais leur rendement est moins bon que celui des machines verticales, la cadence d’usinage est plus faible et leur encombrement au sol est plus grand.
Les caractéristiques d’utilisation d’une machine à brocher sont essentiellement la course et la force de traction ou de poussée maximale exercée sur l’outil, qui est de l’ordre de plusieurs dizaines de tonnes.
G. F.
A. R. Metral, la Machine-outil, t. IV : Usinage par outils en translation (Dunod, 1953).
/ H. Gerling, Rund um die Werkzeugmaschine (Brunswick, 1960 ; trad. fr. les Machines-outils, Eyrolles, 1960).
Brochet
Poisson téléostéen d’eau douce, aux moeurs carnassières, à la tête large et déprimée, à la dorsale et à l’anale reportées loin vers l’arrière et donnant à l’animal une forme de flèche favorable aux déplacements brefs et rapides.
Le Brochet (Esox lucius) appartient à l’ordre des Salmoniformes et peut être pris comme type du groupe des Esocoïdes. Les écailles, petites, nombreuses et lisses, couvrent tout le corps ainsi que les opercules. La bouche, très largement fendue, est couverte d’un grand nombre de dents de taille iné-
gale, dont certaines peuvent s’incliner vers l’arrière au passage des proies. La mandibule est dentée et plus longue que la mâchoire supérieure, inerme.
Sont également dentés le vomer, les palatins et la langue. La coloration est d’un brun verdâtre sur le dos, d’un blanc assez pur sur le ventre. Les flancs sont marqués de bandes verticales plus sombres ou de marbrures aux contours arrondis.
Le Brochet est carnassier, mais ne mérite pas la renommée légendaire qu’on lui a faite. Il préfère les eaux calmes aux eaux vives et chasse à l’affût, immobile, se précipitant en un bond court et rapide sur les proies qui passent à sa portée. Il se nourrit essentiellement de Poissons. Il peut vivre plus de dix ans. Sa taille atteint fréquemment 1 m, et il peut alors peser près de 20 kg. On le rencontre dans toutes les eaux tempérées froides de l’hémisphère Nord ; il manque en France dans les fleuves côtiers du Var et des Alpes-Maritimes.
La reproduction a lieu dès le début du printemps, quand les eaux ont une température de 7 à 10 °C. Les oeufs, de teinte rosée, sont pondus en petits paquets sur les herbes aquatiques, chaque femelle étant généralement accompagnée d’un à trois mâles. L’éclosion a lieu deux semaines plus tard ; les jeunes alevins, longs de moins de 1 cm,
se fixent aux herbes aquatiques et ré-
sorbent leur vésicule vitelline pendant encore deux semaines environ, avant de se nourrir de Daphnies et de Copé-
podes. La croissance est rapide, et le Brocheton d’un an pèse environ 500 g.
Parmi les autres espèces du genre unique Esox, toutes américaines, le géant de la famille, le Maskinonge (Esox masquinongy), du fleuve Saint-Laurent et des Grands Lacs, peut mesurer 2,50 m et peser 50 kg.
Parmi les Poissons voisins des
Brochets, citons les Umbres, dont il existe une espèce hongroise (Umbra Krameri) ; on a acclimaté en Belgique et dans l’Allier une espèce d’origine américaine, Novumbra pygmaea, petit Poisson verdâtre de 10 cm environ, vivant en eaux stagnantes ou dans les étangs, posté à l’affût dans la vase ou les herbes aquatiques et carnassier comme le Brochet.
Une autre espèce voisine, Dallia pectoralis, se rencontre dans les ri-vières et les lacs de Sibérie et d’Alaska, où elle recherche, comme l’Umbre, les eaux vaseuses et les tourbières ; elle est capable de supporter de grands froids et survit de longues semaines dans la glace.
Aux Esocoïdes de l’hémisphère Nord correspondent les Galaxioïdes, appelés souvent « Brochets de l’hémisphère Sud ». Ils peuplent, eux aussi, les eaux douces et froides, mais préfèrent souvent les torrents. Le fait que certaines downloadModeText.vue.download 122 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4
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espèces, comme Galaxias attenuatus, vont en mer pour s’y reproduire a été interprété par Regan comme traduisant le fait que la plupart des Galaxiidés, comme les Salmonidés d’ailleurs, proviennent d’ancêtres marins qui n’ont que récemment envahi les eaux douces.
R. B.
L. Bertin et C. Arambourg, « Systématique des Poissons » in P.-P. Grassé (sous la dir. de),
Traité de zoologie, t. XIII, fasc. 3 (Masson, 1957).
/ C. J. Spillmann, Faune de France 65. Poissons d’eau douce (Lechevalier, 1961).
broderie
Décor exécuté sur un tissu à l’aide de fils de couleur, de soie ou d’autres textiles, éventuellement de fils d’or et d’argent.
L’art de la broderie était pratiqué dans l’Antiquité, comme en témoigne Homère. Le métier consistait alors à tracer par un fil de couleur, sur un tissu formant fond, un décor nécessairement graphique et sans relief. Aucun de ces ouvrages n’est parvenu jusqu’à nous.
Les plus anciens monuments de l’art du brodeur que nous possédons datent du Bas-Empire : tels, à la cathédrale de Sens, le vénérable fragment repré-
sentant l’Assomption de la Vierge et, à peu près contemporains, les restes des vêtements épiscopaux de saint Césaire d’Arles (début du VIe s.), brodés d’em-blèmes qu’exécutèrent des praticiens nommés barbaricaires.
Les monastères s’attachèrent rapidement à produire des travaux de plus en plus savants. Ils adoptèrent un procédé nouveau qui consiste non plus à traverser le tissu de fond pour reparaître en points juxtaposés, mais à fixer à plat sur le fond des fils de soie colorés maintenus par une ligature qui, elle, traverse l’étoffe. On peut dater cette innovation du IXe s. : du moins les ouvrages fameux que se partagent les cathédrales de Ravenne, de Chartres, de Sens, de Bamberg, d’Aschaffenburg sont-ils de cette époque. Au musée de Cluny, à Paris, figure une pièce du XIIIe s., reste des ornements sacerdotaux de l’ancien monastère de Vergy, précieuse en ce qu’elle présente les portraits des donateurs de ces ornements, le comte Manassès et la comtesse Hermengarde, dans un style qui perpétue celui des barbaricaires du IXe s. Le Vatican conserve, lui, la dal-matique du pape Léon VII (936-939).
Son tissu bleu sombre est brodé de fils d’argent et d’or, dont c’est là l’une des plus anciennes applications ; elle atteste un progrès technique notable : en effet, le fil de métal est fragile et il faut le fixer sur le tissu par des fils de
soie. La broderie n’est plus couchée, mais rentrée ou retirée. Si le barbaricaire met en oeuvre des fils de soie de diverses couleurs, le point est dit gaufré, ombré ou satiné. Les agence-t-il avec une irrégularité calculée, la soie unie à l’or prend une tonalité qu’on dit nuancée ou nuée. La broderie, comme tous les travaux d’art, s’exécutait, à cette haute époque, dans les monastères. Il advenait bien que des dames y prissent intérêt ; ainsi, l’épouse d’Hugues Capet fit-elle broder les chasubles destinées aux abbés de Tours et de Saint-Denis. Mais c’est dans un couvent que fut exécutée la célèbre toile brodée dite « de la reine Mathilde », conservée intacte au musée de Bayeux.
Bientôt, l’époque romane, qui fera de la broderie l’un de ses métiers favoris, emploiera la soie pour les fonds et le fil d’or pour le décor. Le style en reste byzantin, à l’exemple des beaux tissus d’Orient. On ne peut, toutefois, laisser de remarquer la volonté de réalisme qui fait de la tenture de Bayeux une oeuvre doublement essentielle.