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cide alors d’abattre Thiers : le 13 mars 1873, en imposant la commission des Trente, chargée d’organiser le pouvoir exécutif, il oblige Thiers à se cantonner dans son rôle de chef de l’État, puis, profitant de l’élection du radical Désiré Barodet à Paris, il l’accule à la démission (24 mai 1873).

Le soir même, il fait élire le maré-

chal de Mac-Mahon à la présidence de la République. Chef d’un ministère de coalition, « gouvernement de combat contre l’armée du désordre et le péril social », de Broglie, qui a pris le portefeuille des Affaires étrangères, fait voter le septennat pour Mac-Mahon (20 nov. 1873). Pour préparer les conditions d’une restauration, il fait régner en France l’Ordre moral ; mais il tombe le 16 mai 1874 sur un projet constitutionnel de Grand Conseil, seconde Chambre conservatrice.

Il est sénateur de l’Eure lorsque Mac-Mahon entre en conflit avec son Premier ministre, Jules Simon, qui, le 16 mai 1877, démissionne. Mac-Mahon confie alors à de Broglie la présidence du Conseil et le ministère de la Justice. Contre ce ministère « du Seize-Mai », 363 députés signent un « manifeste ». De Broglie, qui doit constamment et violemment faire front à l’opposition républicaine, dissout la Chambre (25 juin 1877). La campagne électorale qui suit se déroule dans une atmosphère belliqueuse. De Broglie et Fourtou, ministre de l’Intérieur, révoquent 40 préfets, 1 743 maires et 1 400 fonctionnaires qui semblent hostiles à leur politique. L’attitude de

Gambetta (discours de Lille), la mort de Thiers, auquel le duc de Broglie, sans rancune, organise des funérailles nationales, galvanisent les républicains, qui gardent la majorité dans la Chambre élue le 14 octobre 1877.

Le duc de Broglie repousse l’en-

quête que Gambetta veut déclencher au sujet des actes illégaux du gouvernement pendant la campagne électorale.

Fustigé par le tribun : « Vous n’êtes pas un homme de notre temps, M. le duc de Broglie, vous êtes resté un ennemi de la démocratie, un aristocrate », il démissionne (19 nov. 1877).

Sénateur jusqu’en 1885, il s’oppose aux lois scolaires des républicains, mais, réaliste, il abandonne la politique et se consacre aux recherches historiques.

P. M.

F Juillet (monarchie de) / République (IIIe).

J. de La Varende, les Broglie (Fasquelle, 1950). / F. Michel, Deux Ministres et un consul, le comte Molé, le duc de Broglie et Stendhal (Pedone, 1954).

Broglie

(Louis, prince,

puis duc de)

Physicien français (Dieppe 1892).

Issu d’une illustre famille (v. art.

précéd.), il ne semble guère, dans sa jeunesse, destiné à la science. Élève au lycée Janson-de-Sailly, il brille surtout dans les disciplines littéraires. Il passe à dix-huit ans sa licence d’histoire, fait une année d’études de droit et prépare un diplôme sur la politique intérieure française au début du XVIIIe s.

Mais, vers sa vingtième année, ses méditations s’orientent vers les sujets scientifiques.

Il suit les traces de son frère Maurice, devient en deux ans licencié ès sciences et commence à se pencher sur les difficultés qu’ont alors les physiciens pour établir une théorie cohérente du rayonnement.

Ces difficultés viennent d’être

mises en lumière en 1911 par le premier congrès Solvay de Bruxelles, dont Maurice de Broglie est alors le secrétaire.

Pendant la Première Guerre mon-

diale, Louis de Broglie est affecté, sous les ordres du général Ferrié, au poste radiotélégraphique de la tour Eiffel.

Il peut ainsi approfondir, dans ses travaux de laboratoire, ses connaissances relatives aux ondes radioélectriques.

Sitôt rendu à la vie civile, il retourne au laboratoire de Maurice de Broglie.

Il s’associe aux travaux de celui-ci sur la spectrographie des rayons X, qui confirme la structure atomique de la matière.

Il a dès lors acquis une base expé-

rimentale solide et peut se lancer dans des conceptions mathématiques de synthèse.

La mécanique

ondulatoire

Les travaux de Huygens* et de

Fresnel* avaient, au début du XIXe s., fait triompher la théorie ondulatoire de la lumière, provoquant l’abandon de la théorie de l’émission de Newton*.

En 1865, Maxwell* en avait donné sa célèbre interprétation électromagné-

tique. L’énergie lumineuse était alors considérée comme répartie dans l’espace de façon continue. Ainsi s’interprétaient fort simplement les phéno-mènes de polarisation, d’interférences et de diffraction. Mais la découverte par Hertz*, en 1887, de l’effet photoé-

lectrique remettait les choses en question. Elle montrait que les échanges d’énergie entre le rayonnement et la matière mettent en jeu des quantités discontinues. Einstein*, tout en indiquant, en 1905, que cet effet exigeait un retour à une théorie corpusculaire, n’avait pu expliquer pourquoi certains phénomènes lumineux imposaient

l’existence d’ondes et certains autres celle de particules.

Se fondant sur l’analogie de certains principes de la mécanique et de l’optique, Louis de Broglie pense qu’il est possible d’édifier une théorie commune de ces deux domaines de la physique,

apparemment si différents. Dès 1922

paraissent ses premières communications sur la « mécanique ondulatoire »

dans les publications de l’Académie des sciences. En 1924, il les précise dans sa thèse de doctorat Recherches sur la théorie des quanta. Il suppose qu’à toute particule en mouvement est associée une onde, dont la longueur est liée à la masse et à la vitesse de la particule par une formule simple où figure la constante de Planck*. Cette longueur d’onde permet de prévoir le mouvement de la particule, tout comme la longueur d’onde optique le fait pour la marche du rayon lumineux. De là résulte cette conséquence inattendue qu’un flux de corpuscules doit pouvoir être diffracté à l’instar d’un faisceau de lumière.

Une théorie si audacieuse soulève un vif intérêt ; toutefois, elle ne peut manquer d’effrayer les partisans de la physique classique, qui demeurent poliment incrédules. Interrogé, Jean Perrin*, qui préside le jury de thèse, se borne à répondre : « Tout ce que je puis dire, c’est que Monsieur Louis de Broglie est certainement très intelligent. »

Et Lorentz* prévient Maurice de Broglie que son frère fait fausse route.

Mais, lorsque, trois ans plus tard, les Américains Clinton Joseph Davisson et Lester Halbert Germer, puis l’Anglais G. P. Thomson réussissent à diffracter des électrons par une lame cristalline, cette théorie ne peut manquer de rencontrer une unanime approbation.

Aussi, le prix Nobel de physique est-il, en 1929, attribué à Louis de Broglie.

Celui-ci, chargé d’un cours à l’institut Henri-Poincaré, nouvellement créé, devient en 1932 titulaire de la chaire de physique théorique à la Faculté des sciences de Paris. Il entre en 1933 à l’Académie des sciences, dont il devient en 1942 le secrétaire perpétuel, puis est élu à l’Académie française en 1944.

Cependant, la mécanique ondula-

toire devient un sujet auquel s’attellent de nombreux chercheurs ; elle est notamment développée par Schrödinger et par Max Born. Elle va conduire à des applications du plus haut intérêt, comme l’analyse et l’optique électroniques. La première donne des ren-

seignements précieux sur la structure des corps solides ; la seconde permet l’élaboration de microscopes, qui mar-queront d’énormes progrès dans la connaissance de l’infiniment petit. Les chimistes y trouveront les raisons de la cohésion moléculaire.

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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4

1803

Autour de Louis de

Broglie

L’initiateur

Le duc Maurice de Broglie (Paris 1875 - Neuilly-sur-Seine 1960). Frère aîné de Louis de Broglie, il est d’abord officier de marine, puis il démissionne en 1904 pour se consacrer à la science.