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La boue doit former un film obturateur dense au contact du sol en place pour que l’élément liquide ne pénètre pas dans les vides et les capillaires de ce sol. Elle doit en outre garder sa densité d’une manière uniforme et s’opposer à toute sédimentation. Dans la pratique, on utilise surtout la bentonite sodique, colloïde argileux du type montmorillonite, mais avec ions sodiques incorporés ; cette dispersion a des propriétés thixotropiques très éle-vées, et son pouvoir rétenteur d’eau est énorme, atteignant de dix à trente fois

le volume de la bentonite proprement dite.

Assainissement et

clarification des

eaux usées

La plupart des matières en suspension dans les eaux usées sont si fines qu’on ne peut les retenir par des tamis, aussi serrés soient-ils ; en outre, on ne saurait espérer pouvoir les concentrer et les éliminer par écumage, car ces matières sont plus denses que le milieu qui les disperse. Aussi doit-on les séparer en provoquant leur sédimentation sur les fonds des décanteurs.

Boues grenues

Les boues grenues, dont les principales sont les limons sablonneux, les terres glaiseuses, les boues charbonneuses, sont constituées par des éléments en suspension, individualisés, qui précipitent, indépendamment les uns des autres, suivant la loi de Stockes, à vitesse constante pour chaque grosseur de grains.

Boues floconneuses

Les boues floconneuses ne peuvent précipiter que par le phénomène de la coalescence : elles s’agglutinent en élé-

ments qui grossissent constamment, de telle sorte que leur vitesse de décantation va en croissant. On peut d’ailleurs hâter la floculation par adjonction de sels de métaux trivalents, le pouvoir floculant croissant considérablement avec la valence. La formule de Duriez montre que la concentration C

en millimols, qui provoque la floculation, croît comme la puissance a de la valence n du cation métal du sel floculant, k étant une constante spécifique du colloïde et a un exposant compris entre 5 et 3, limites incluses selon les colloïdes. Il en résulte que le pouvoir que possède un sel à cation monovalent — tel le sel marin — de floculer des boues fluviales (avec formation de deltas aux embouchures des cours d’eau) est considérablement moindre que celui d’un sel à cation divalent, tel que le chlorure de calcium, et beaucoup plus faible encore que celui d’un

sel à cation trivalent, tel que le sulfate d’alumine ou les sels ferriques. Pour la floculation des boues floconneuses des eaux usées, on utilise des sels ferriques, plus économiques que le sulfate d’alumine, qui est le floculant le plus actif.

Boues activées

Ce sont des boues tirées des eaux usées qui sont soumises alternativement à l’aération et au repos. Elles comportent dans leur sein des substances vivantes, notamment des Bactéries, et des substances organiques en décomposition.

Leurs flocons apparaissent sous une forme gélatineuse. Les Protozoaires et les Bactéries qui s’y trouvent transforment l’ensemble en attaquant la ma-tière colloïdale et en laissant des résidus solides, dont la décantation clarifie les eaux usées.

Fleuves de boue

Quand des terrains glaiseux, dans lesquels remontent normalement des eaux capillaires à partir de la nappe phréatique, sont soumis à des gelées fortes et surtout prolongées (parfois durant des semaines), il se forme au niveau inférieur de la frange congelée, de 0,70 m à 1,20 m de profondeur, selon l’intensité du gel, des accumulations d’eaux anormales, qui sont bloquées au fur et à mesure au niveau inférieur du sol congelé. Cette eau gèle sous forme de lentilles de glace. Au dégel, le sol, imbibé à ce niveau de deux à trois fois son volume d’eau, se liquéfie littéralement en formant une couche de boue liquide rendant toute la partie supérieure instable, et l’on assiste à des coulées de glaise diluée qui entraînent avec elles tout ce qui est édifié à flanc de coteau, en dévalant la pente jusqu’au fond de la vallée.

Boues glaciaires

Celles-ci se forment à la base des moraines et, avec le temps, donnent naissance à des bancs d’argile compacte plus ou moins épais.

J. A.

M. Duriez et J. Arrambide, Nouveau Traité de matériaux de construction (Dunod, 1961-

1962 ; 3 vol.).

Bouffons

(querelle des)

Un des épisodes de la guerre des partisans de la musique italienne contre downloadModeText.vue.download 4 sur 573

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4

1683

ceux de la musique française pendant le XVIIIe s.

On y distingue quatre périodes : avant 1752 ; l’attaque du baron Melchior von Grimm (1753) ; les ripostes à J.-J. Rousseau (1754) ; les résultats.

La période antérieure à 1752 se signale par la lutte entre les ramistes et les lullystes. Ces derniers défendent l’idéal de la tragédie en musique, fondé sur une déclamation rigoureuse et sur un accompagnement musical et harmonique efficace et discret. Les ramistes défendent l’apport de Rameau dans le domaine du coloris orchestral, de l’art vocal et du pouvoir harmonique. La fréquence élevée des représentations d’oeuvres de Lully après 1740 semble donner l’avantage aux lullystes, tandis que Rameau est soutenu par le cercle plus réduit des « modernes ».

Dans ce climat troublé, l’Opéra, usant de son privilège, fait venir en 1752 la troupe des Bouffons d’Eus-tachio Bambini. Du 1er août 1752 au 7 mars 1754, cette troupe joua treize opéras bouffes. Seule La Serva pa-drona eut un succès considérable et prolongé jusqu’à nos jours. Ces spectacles divisèrent l’opinion en deux camps : le coin du roi réunit les partisans de la musique française ; le coin de la reine, ceux de l’italienne. Le premier moment culminant de la lutte se situera en janvier 1753 ; elle éclate par la publication du Petit Prophète de Boehmischbroda de M. von Grimm, piquante satire de l’opéra français, de ses chanteurs, de ses danses, de son orchestre, de son exploitation du

« merveilleux », qui empêche de traiter des grandes passions et de peindre des caractères. La contre-attaque vient de la représentation de Titon et l’Aurore,

pastorale de Mondonville (protégé par Mme de Pompadour). Cette oeuvre courte, d’un ton voluptueux, tenant compte de la déclamation lullyste, mais d’une orchestration brillante, va aux nues. Plus de soixante brochures retracent les prises de position dans la querelle. Des étrangers (Grimm, Holbach, Rousseau) attaquent l’opéra français, défendu par des littérateurs comme J. Cazotte, l’abbé de Voisenon, L. de Boissy, F. L. Marin, etc., tandis que les encyclopédistes (d’Alembert, Diderot) sont plus réservés, mais J.-J. Rousseau parviendra à faire basculer les encyclopédistes parmi les bouffonistes. En novembre 1753, alors que la faveur du public s’éloigne des Italiens et que la querelle s’apaise, Rousseau publie sa Lettre sur la musique française, où il nie l’existence de cette musique, qui n’a ni mesure, ni mélodie, la langue n’y étant pas favorable.

De plus, la polyphonie, le récitatif, le souci expressif, la mise en oeuvre orchestrale sont appréciés en faveur de ce « naturel » que Rousseau croit l’apanage des Italiens. Les ripostes sont très vives. E. Fréron, M. A. Laugier, C. Baton, C. H. Blainville, L. Tra-venol et Rameau viennent, parmi

d’autres, renforcer la défense d’un art national. La musique française devient l’objet de nombreuses « apologies », au moment où l’Opéra reprend avec succès des oeuvres de Rameau, brouillé à jamais avec les encyclopédistes, et où les Bouffons regagnent l’Italie, leur contrat expiré. En 1754, il semble que le parti français l’ait emporté, en apparence tout au moins. À l’origine, la querelle débute sur une donnée fausse : on ne peut comparer deux genres aussi différents que la tragédie en musique et l’opéra bouffe. On ne peut ensuite comparer deux styles différents et deux conceptions, également valables mais opposées, de l’art du chant. La querelle s’enferme dans ce cercle.