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av. J.-C. (musée de Châtillon-sur-Seine), atteste l’existence de rapports entre la Bourgogne celtique et la culture grecque, la domination romaine a néanmoins laissé des traces plus profondes. Les fouilles d’Alésia, de Vertil-lum (Vertault, commune de Laignes), du sanctuaire des sources de la Seine ou des Fontaines-Salées, près de Vézelay, ont livré de nombreux objets de bois, de bronze et d’argent, notamment des figures votives. Mais c’est à Autun* que subsistent les principaux monuments, surtout les deux portes triomphales de la ville.

Aux invasions barbares paraît avoir succédé une période assez brillante, dont témoignent de rares vestiges : cryptes de l’abbaye de Flavigny-sur-Ozerain (VIIIe-IXe s.) et de Saint-Germain d’Auxerre* (IXe s.), avec ses peintures murales.

Le premier art roman

La Bourgogne a eu sa part de la

« blanche robe d’églises » qui, selon le chroniqueur Raoul Glaber, recouvrit le monde chrétien aussitôt après l’an mille. Ainsi apparaît Saint-Vorles de Châtillon-sur-Seine. À Dijon*, il ne reste de l’église abbatiale de Saint-Bé-

nigne (1001 à 1016) que l’étage infé-

rieur de la rotonde, qui lui servait de choeur. À Saint-Philibert de Tournus, la crypte et le narthex à étage sont les témoins de l’église rebâtie vers l’an mille ; la nef, un peu plus tardive, a d’énormes piles cylindriques et des voûtes en berceau disposées perpendiculairement à son axe. À cet édifice capital font escorte, en Mâconnais, de petites églises, comme celle de Chapaize.

L’épanouissement de l’art roman

La Bourgogne romane doit une grande part de son éclat à l’abbaye bénédictine

de Cluny*, qui fut un moment le centre spirituel de la chrétienté. Reconstruite de 1088 à 1130 sur un plan grandiose, son abbatiale fut détruite au début du XIXe s. Mais plusieurs églises bourguignonnes en reproduisent les traits essentiels : élévation intérieure à trois étages ; voûte en berceau brisé sur la nef ; voûtes d’arêtes sur les collaté-

raux ; abside à déambulatoire et chapelles rayonnantes ; emploi général de l’arc brisé et de pilastres de tradition romaine dans la décoration intérieure ; présence fréquente d’un narthex. Tel est en gros l’aspect de Paray-le-Monial, sorte de Cluny en réduction, des abbatiales de Saulieu et de La Charité-

sur-Loire, de la collégiale de Beaune*, de la cathédrale d’Autun.

Une autre famille d’églises est caractérisée par une élévation intérieure à deux étages, la présence de voûtes d’arêtes au-dessus de la nef, la pré-

férence donnée à l’arc en plein cintre sur l’arc brisé et aux colonnes engagées sur les pilastres : ainsi à Anzy-le-Duc (fin du XIe s.) et surtout à Vézelay. Il faut accorder une place spéciale à l’art cistercien*, dont l’abbaye de Fontenay, fondée en 1119, montre un downloadModeText.vue.download 33 sur 573

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4

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ensemble d’une admirable logique de construction.

L’austérité cistercienne n’admettait qu’une décoration très simple de motifs végétaux et géométriques. C’est l’exception en Bourgogne romane, où la sculpture figurative a été à l’honneur. Ses traits distinctifs sont la liberté de ciseau, la verve, la primauté de la figure humaine sur les thèmes ornementaux, l’allongement des proportions, la finesse calligraphique des draperies, une inspiration ardente et parfois dramatique : chapiteaux de Cluny, suivis du triple portail de Vézelay, du tympan d’Autun et des chapiteaux de ces deux édifices, sans oublier ceux de Saulieu ni les tympans d’Anzy-le-Duc, de Montceaux-l’Étoile ou de Perrecy-les-Forges. Aux deux portails de Charlieu s’observe une tendance à la virtuosité,

qui réapparaît, vers le milieu du XIIe s., à Avallon.

La peinture murale a tenu aussi une place importante : crypte de la cathé-

drale d’Auxerre ; ensemble de Berzé-

la-Ville, à défaut de Cluny, dont le style relève de la tradition byzantine ; peintures d’Anzy-le-Duc, apparentées à celles de la France de l’Ouest. Quant à l’enluminure des manuscrits, c’est à Cîteaux qu’elle a été pratiquée avec le plus d’éclat (bibliothèque de Dijon).

L’art gothique

Les Cisterciens ont largement contribué à l’adoption de la croisée d’ogives.

Dès le milieu du XIIe s., celle-ci apparaît dans la salle capitulaire et le scripto-rium de Fontenay, ainsi que dans la nef de l’église de Pontigny. Le choeur de Vézelay est un chef-d’oeuvre de la première architecture gothique, mais sans plus de caractère local que n’en aura celui de la cathédrale d’Auxerre.

Plus typiquement bourguignon est un groupe d’églises du XIIIe s. : Saint-Père-sous-Vézelay, Semur-en-Auxois, Saint-Seine-l’Abbaye, Notre-Dame de Dijon, etc. Leurs traits communs sont la légèreté de structure, fruit d’une science consommée de l’équilibre, et la richesse de la décoration sculptée.

On y trouve souvent des voûtes sexpartites, des galeries de circulation au niveau des fenêtres, une tour-lanterne à la croisée, un vaste porche. L’église de Saint-Thibault (fin du XIIIe s.) se signale par la hardiesse de son élévation. Plusieurs portails (Semur, Saint-Thibault, Saint-Père, etc.) offrent des sculptures d’une forte sève, au réalisme déjà robuste, tandis qu’une grâce raffinée prévaut dans les bas-reliefs de la cathé-

drale d’Auxerre.

On voit de belles maisons gothiques à Dijon, à Vitteaux, à Bèze, à Cluny.

Plusieurs châteaux bourguignons

datent du XIIe ou du XIIIe s. dans leurs parties les plus anciennes : Semur et Rully, de plan rectangulaire ; Chastel-lux et Bazoches, en trapèze ; Époisses, polygonal.

L’âge d’or de la Bourgogne

ducale

La Bourgogne devint un foyer d’art international dans la seconde moitié du XIVe s. et pendant le siècle suivant, sous les ducs de la maison de Valois. Ceux-ci firent venir de nombreux peintres et sculpteurs de leurs possessions flamandes et néerlandaises, et le principal théâtre de leur mécénat fut Dijon : palais ducal, chartreuse de Champmol où Claus Sluter* affirma son génie. Hors de Dijon, l’édifice le plus original est l’hôtel-Dieu de Beaune. Les châteaux, surtout ceux des grands dignitaires de la cour ducale, montrent l’évolution de la forteresse vers la résidence d’agré-

ment : ainsi Châteauneuf-en-Auxois.

La sculpture est particulièrement brillante à cette époque. L’influence de Claus Sluter et la participation d’autres artistes du Nord expliquent en grande partie un style caractérisé par le réalisme, les proportions généralement trapues des figures, les draperies abondantes. On note des monuments funé-

raires, dont le plus saisissant est celui de Philippe Pot (Louvre), des Mises au tombeau, surtout celle de l’hôtel-Dieu de Tonnerre (1454). Mais ce qu’on trouve en abondance dans les églises, ce sont des statues isolées de la Vierge ou de saints. La Vierge du musée Rolin, à Autun, offre un exemple du style plus délicat de la fin du XVe s.

La Renaissance

Dans la première moitié du XVIe s., l’italianisme conduit à un style encore hybride, notamment dans les édifices religieux, où les ornements nouveaux habillent des structures de tradition gothique. Le modèle du genre est la façade de Saint-Michel de Dijon ; il faut citer aussi la chapelle du château de Pagny (décor intérieur au musée de Philadelphie), les façades de Notre-Dame et de Saint-Pierre de Tonnerre, le choeur de Cravant.

Le style ornemental de la première Renaissance caractérise aussi des édifices civils tels que l’hôtel de ville de Paray-le-Monial, la façade du château de Chailly-sur-Armançon ou les galeries latérales de celui de Bussy-Rabutin. Cependant, Ancy-le-Franc, élevé vers 1540 avec la participation de Ser-

lio*, fait prévaloir une régularité et une majesté déjà classiques ; la décoration à fresque de l’intérieur se rattache à l’école de Fontainebleau, comme celle de la « tour de la Ligue » au château de Tanlay. Des dessins de Serlio ont peut-