Au temps des Valois, l’immensité des
territoires bourguignons et leur disparité rendent nécessaire la multiplication des institutions : il y a trois chambres des comptes, plusieurs cours rendent la justice ; les états se réunissent en plusieurs villes.
y Les institutions royales :
la province de Bourgogne
Louis XI conserve une partie des institutions du duché, mais, avec la centralisation monarchique, les institutions françaises sont introduites en Bourgogne et l’uniformisent à l’image des autres provinces. Le duc disparu est remplacé par un gouverneur. La charge est aux mains de La Tré-
moille, de Chabot, puis des Guise et enfin des Condé jusqu’à la Révolution. Le parlement de Dijon est créé en 1480 par la fusion du conseil de Dijon, des « grands jours » de Beaune et de l’auditoire des causes d’appeaux. La Chambre des comptes est maintenue. En 1542 est créée la généralité de Dijon, qui, à partir du XVIIe s., sert de cadre à l’administration de l’intendant.
Apparu sous Louis XIII, l’intendant devient l’agent essentiel de l’autorité royale sous Louis XIV. Claude Bouchu (1628-1683) est l’un des plus illustres. La justice, à l’échelon inférieur, est exercée dans le cadre des présidiaux et des bailliages. Les états de Bourgogne jouent toujours un rôle essentiel dans le consentement et dans l’emploi des deniers. Progressivement définies du XVe au XVIIe s., les institutions bourguignonnes se maintiennent jusqu’à la Révolution.
L. D.
Bourgogne
(dynastie de)
Première dynastie royale de Portugal (1128-1383), du nom d’Henri de Bourgogne, père du premier souverain.
La formation du royaume
C’est au XIIe s. seulement que le Portugal apparaît comme nation indépendante. Dans le cadre d’une province romaine, d’un royaume barbare ou d’un district arabe, rien ne différenciait de la Galice les pays situés au sud du Minho.
Les ambitions d’un chevalier français allaient faire de la terra portucalense
un État pratiquement indépendant ; au prix de longues luttes contre leurs voisins, ses descendants forgèrent un royaume.
Alphonse VI de León avait confié à son gendre, Henri de Bourgogne, le comté de Portugal, c’est-à-dire les territoires compris entre le Minho et la ligne Mondego-serra da Estrela. Théoriquement, Henri relevait de son cousin Raimond de Bourgogne, investi de la Galice. Dans un premier temps, il se libéra de cette subordination en se mettant sous la suzeraineté directe du roi de León. Puis, profitant des querelles dynastiques dans le royaume voisin, il mena une politique de plus en plus indépendante.
Au cours d’un long règne de près de soixante ans, son fils, Alphonse Ier Henriques, allait transformer cette indépendance de fait en indépendance de droit. Victorieux des Castillans à São Mameda (1128), il prend le titre de roi de Portugal en 1139 et remporte la bataille d’Ourique contre les musulmans. En 1143, l’ancien suzerain du León se résigne à reconnaître le nouveau royaume. Pour plus de sûreté, Alphonse Ier Henriques se place sous la suzeraineté du Saint-Siège ; mais il faudra attendre 1179 pour que la papauté ratifie officiellement ce titre royal.
À cette date, le royaume s’est déjà assuré la ligne du Tage ; Lisbonne a été reprise, définitivement cette fois.
Les Portugais poussent même des offensives au sud du fleuve : Evora est atteinte en 1165, et Silves en 1189. Ar-rêtée un moment par la contre-offensive almohade, la poussée chrétienne reprend avec une vigueur accrue dans les premières décennies du XIIIe s.
Alcácer do Sal est repris ; puis, avec Sanche II, c’est la descente le long du Guadiana et la prise de Tavira ; enfin, en 1249, Alphonse III s’empare du dernier bastion musulman en Algarve. Le Portugal prend dès lors la physionomie que nous lui connaissons de nos jours, hormis quelques rectifications sur les frontières de Castille.
Dans leurs opérations de reconquête, les rois ont pu compter sur deux forces
organisées. Parfois, ils ont réussi à obtenir l’appui de croisés sur le chemin de la Terre sainte. Mais surtout les souverains firent appel aux ordres militaires : Hospitaliers et Templiers, ou bien Calatrava et Santiago (Saint-Jacques) da Espada.
En quelques décennies, le royaume portugais s’était accru de plus du tiers de sa superficie. Au vieux noyau chré-
tien du Nord, densément peuplé, venait downloadModeText.vue.download 35 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4
1714
s’ajouter un territoire immense, mais pratiquement désert. Ce n’était pas sans poser de graves problèmes. Quelle serait la place de ces nouveaux groupes, mozarabes, juifs et musulmans, dans la communauté portugaise ? Par ailleurs, les chrétiens prenaient possession d’un pays ruiné : l’Alentejo, par exemple, avait été pendant des siècles le théâtre de luttes entre chefs musulmans
d’abord, entre chrétiens et musulmans ensuite ; l’opulente Pax Julia n’était plus que le misérable bourg de Beja, où quelques familles mozarabes se ser-raient autour de la seule église restée debout.
Le cadre social
L’extension territoriale a entraîné des transformations dans le domaine social : développement prodigieux de la grande propriété noble ou ecclésiastique et renforcement des garanties accordées aux hommes libres.
Dans le premier noyau portugais, nous retrouvons les deux ordres privilégiés traditionnels : le clergé, fort riche et doté de nombreux privilèges, et la noblesse. Celle-ci repose essentiellement sur deux critères : propriété foncière et service de l’État. L’appellation de ricos homens qualifie ces riches propriétaires investis, en outre, de hautes fonctions ; à un niveau inférieur, nous trouvons les fidalgos et les cavaleiros.
Évoquer le tiers état, c’est, du moins dans les débuts de la monarchie, évo-
quer la masse paysanne. Le servage n’est pas inconnu au Portugal, encore que cette institution soit en voie de disparition. La densité de population est telle que la majeure partie des paysans ne possèdent point de terres : ou ils travaillent celles d’autrui, ou ils se louent comme salariés. Toutefois, dans ce monde rural, une certaine aristocratie se dessine : propriétaires disposant d’un train de labour et surtout cavaleiros vilãos, qui servent dans la cavalerie, comme les nobles.
Les ordres privilégiés ont largement bénéficié des générosités royales au fur et à mesure de l’extension du royaume.
Les ordres militaires ont été gratifiés de vastes territoires. Mais, par le système des commanderies, c’est finalement la noblesse qui a été la grande bénéficiaire de ces largesses. Si elle avait pu transférer dans ces immenses domaines les privilèges d’exemption d’impôts et d’immunité dont elle jouissait dans le nord du pays, le danger aurait été grave pour la monarchie. Aussi, la politique de peuplement menée par les souverains dans ces régions répond-elle à un double but : mettre en valeur le pays, mais, en même temps, par l’octroi de privilèges, faire pièce à la noblesse.
Les chartes de peuplement, analogues à celles qui avaient été accordées pour les terres déshéritées du Trás-os-Montes, sont fréquentes dans l’Alentejo. Ainsi sont créés des concelhos, communautés rurales ou urbaines qui disposent d’une certaine autonomie, en particulier pour le choix des magistrats. Au XIIIe s., douze sont implantés dans l’immense territoire d’Evora.
Le cadre politique
Cette lutte continuelle a donné à la monarchie portugaise son caractère propre. Le Portugal ne semble pas avoir connu le régime féodal, ou du moins cette pyramide de pouvoirs que connaît l’Europe occidentale. L’autorité royale y a été plus précoce qu’ailleurs, car c’est un État récent, conçu en fonction de la Reconquête. Or, toute la nation participe à cette tâche ; jamais l’organisation militaire n’a reposé sur