« stéréorestituteur » pour clichés terrestres. Le développement de l’aviation pendant et après la Première Guerre mondiale allait naturellement accélérer les progrès de la prise de vue aérienne, et, aujourd’hui, la plupart des cartes sont dressées par « stéréorestitution ».
Cette opération consiste à effectuer, à partir de couples de photographies verticales permettant la vue en relief, une série de corrections afin d’extraire de ces documents une planimétrie et
une altimétrie rigoureuses. Pour en comprendre l’intérêt et la difficulté, il faut rappeler que les photographies sont des vues perspectives affectées de nombreuses distorsions : outre le dé-
placement apparent des sommets vers l’extérieur des clichés, dû à l’effet de perspective, les objectifs de la caméra et l’humidité de l’atmosphère déforment le trajet des rayons lumineux, les films de prise de vue peuvent se bom-downloadModeText.vue.download 443 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4
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ber ou être inclinés, etc. À l’aide d’un
« stéréorestituteur » classique et après établissement d’un canevas de préparation, le dessin d’une « stéréominute »
d’un huitième de feuille au 1/50 000
demande environ un mois de travail.
En associant un « stéréocomparateur »
à un « photonumériseur » et à un ordinateur, les ingénieurs d’IBM réussissaient, dès 1965, à obtenir automatiquement l’altimétrie d’une carte en courbes de niveau en moins de soixante minutes (DAMC systems).
Cela conduit à aborder la cartographie automatique, que la commer-
cialisation des ordinateurs a rendue opérationnelle depuis 1960 environ.
C’est l’Américain Waldo A. Tobler qui, dans son article de 1959 Carto-graphy and automation, semble avoir été le premier à suggérer le report direct des données thématiques par une imprimante de sortie. On sait qu’un ensemble électronique se compose de trois unités affectées à l’entrée (input), au traitement et à la sortie (output) des informations. En entrée et en sortie se placent les organes périphériques, dont plusieurs sont particulièrement intéressants pour la cartographie. En entrée, il faut citer les « digitizers », appelés convertisseurs numériques ou numé-
riseurs ; ces appareils enregistrent sur cartes perforées, rubans ou disques, les coordonnées planaires x et y des points ou limites que l’on veut relever sur un fond de carte ou tout autre document graphique. En sortie, on peut obtenir une carte sous trois formes : des signes ponctuels plus ou moins denses, frappés par imprimante ligne à ligne ou ma-
chine à écrire adaptée ; des lignes dessinées au coordinatographe, à la table traçante ou au traceur de courbes ; des lignes, des points, des signes, apparaissant sur écran cathodique et que l’on peut modifier au crayon électronique.
Pour cela, on aura dû introduire dans l’unité de traitement un programme adéquat, c’est-à-dire une séquence d’instructions de tri, de comparaison, de calculs, préparées par le cartographe pour obtenir une distribution de valeurs localisées à une échelle donnée.
Il existe aujourd’hui des programmes de cartographie thématique commodes, comme le Symap ou le Bertin-Serti, mis au point en 1965 l’un à l’université Harvard, l’autre à Paris.
Mais si l’on peut facilement voir sortir en quelques minutes un véritable atlas thématique, dont la préparation par les moyens traditionnels prendrait des mois, il ne faut pas oublier que la collecte des données, leur transformation et leur report résultent d’un long travail de « software », c’est-à-dire d’organisation réfléchie. Pour économiser cette réflexion préparatoire, on a créé de véritables bibliothèques d’informations et de procédés : ce sont les banques de données et les banques de programmes. Les programmes facilement accessibles et qui intéressent le cartographe concernent surtout la statistique descriptive, le calcul des probabilités, les instructions de report : les grandes entreprises d’informatique commencent à en avoir des catalogues bien fournis. Par contre, les banques de données cartographiques sont plus rares : il en existe en Suède, où les recensements officiels sont prévus pour traitement automatique, en Grande-Bretagne, aux États-Unis, au Canada et bientôt en Suisse. En France, elles sont en préparation et encore limitées à des services spécialisés, comme celui de la Carte géologique d’Alsace et de Lorraine, qui recueille depuis quelques années ses mesures piézométriques de la nappe phréatique du Rhin sur fiches de codage pour transfert sur supports d’entrée. En vue de rassembler de très nombreuses données géographiques, on fonde beaucoup d’espoirs sur l’exploitation systématique des couples stéréoscopiques panchromatiques des couvertures aériennes régulières et sur
toute la gamme des capteurs-détecteurs actuellement disponibles. On sait que les radiations visibles à l’oeil ne représentent qu’une étroite portion du spectre électromagnétique (entre 4 000
et 7 000 Å de longueur d’onde). Par contre, l’usage d’émulsions IR (infrarouge) permet de photographier l’infrarouge proche (7 000-15 000 Å), l’usage du radar d’enregistrer les micro-ondes, et celui des antennes de déborder sur l’ultraviolet. Par ailleurs, les satellites météorologiques déversent des flots d’images. Il y a là un terrain où la photo-interprétation peut apporter beaucoup d’informations à la cartographie. Encore faut-il que ces données qualitatives ou quantitatives soient localisées, soit par unités administratives, soit par stations d’observation ou selon une grille nationale réalisée sur la base de la projection UTM (Universal Transverse Mercator).
Le stockage des données par les organismes compétents remet en question l’intérêt des atlas régionaux, publications coûteuses, qui paraissent avec un grand retard par rapport aux années de recensements officiels. Dans certains cas, on a pensé les supprimer pour les remplacer par des cartes dessinées « à la demande », en quelques minutes, au coordinatographe : une banque comme celle qu’a préparée le ministère fédéral de l’Agriculture canadienne pour son Inventaire général des terres peut fournir les cartes thématiques souhaitées suivant les besoins du moment.
Cependant, les dessins produits en sortie par les machines en restent encore au stade de la « préparation » peu élégante. Tout au plus transmettent-ils à l’utilisateur un message documentaire, à l’exclusion des messages intellectuels et esthétiques, dont l’ensemble assure, selon la théorie de l’information, une bonne communication.
Par message intellectuel, on entend ici une réflexion sur le phénomène géographique à représenter. Cette ré-
flexion s’exprime par différents types de cartes thématiques suivant le niveau de complexité auquel on les a conçues.
La hiérarchie de ces niveaux méthodologiques peut se résumer comme suit :
a) Au niveau élémentaire, on trouve la carte analytique, isolant un seul phénomène ou une seule variable, par exemple les routes ;
b) Au niveau de la comparaison visuelle de deux ou trois cartes d’analyse, on trouve les cartes de corrélations simples, par exemple les routes en traits parallèles noirs superposées à des bandes de couleur dont la largeur est proportionnelle au trafic ;
c) De telles superpositions ou juxtapositions deviennent très vite illisibles quand on augmente les variables. Il faut alors passer, pour les corrélations multiples, aux groupements statistiques préalables et ne cartographier que des « types » résultant d’indices, de coefficients, de correspondances d’analyse factorielle ;