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par le futur généralissime pour devenir son major général. C’est lui qui dirige excellemment la préparation de la mobilisation générale, avant de partir en guerre en 1914 à la tête de la IIe armée, en même temps que six de ses huit fils (trois seront tués). Battu initialement à Morhange (18-20 août), il sauvera Nancy quelques jours plus tard au Grand-Couronné (5-12 sept.) grâce aux brillantes dispositions tactiques prises contre le flanc droit des Bavarois, qui se précipitèrent inconsidérément

dans la trouée de Charmes. Transportée ensuite en Picardie, la IIe armée attaque, est bloquée, mais s’accroche au sol entre l’Oise et Albert. Placé par Joffre, en juin 1915, à la tête du groupe d’armées du Centre, Castelnau prépare méthodiquement la grande offensive du 25 septembre en Champagne, qui échoue devant la seconde position allemande, mal identifiée, bien qu’en certains secteurs on ait été à deux doigts de la rupture du front. En décembre, Castelnau, nommé adjoint de Joffre, apporte à un G.Q.G. assez guindé et satisfait de lui-même non seulement beaucoup de clairvoyance, mais un peu de jovialité. Après une mission à Salonique, c’est lui qui, délégué par Joffre à Verdun, prendra, dès le 25 février 1916, la décision capitale de confier à Pétain le commandement sur les deux rives de la Meuse. À l’arrivée de Nivelle au G.Q.G. (déc.), il prend le commandement du groupe d’armées de l’Est, qu’il abandonne quelques semaines en janvier 1917 pour accompagner Doumergue à Petrograd, où la révolution gronde. En 1918, son groupe d’armées est peu touché par les opérations, mais Clemenceau, dont les opinions philosophiques sont à l’opposé des siennes, l’a pris en amitié et n’hésite pas à l’inviter à sa table. L’armistice du 11 novembre prévient le déclenchement de l’offensive minutieusement préparée par Castelnau sur Metz et qui, coupant infailliblement aux Allemands leur ligne de retraite, les eût contraints à capituler en rase campagne. Frustré de sa victoire, il l’est aussi du bâton de maréchal, que beaucoup espéraient pour lui.

Élu député de l’Aveyron en 1919, il participe comme président de la Commission de l’armée à la réorganisation militaire de 1923. Non réélu en 1924, il créa la Fédération nationale catholique à l’instigation de nombreux évêques français, inquiets de la politique anti-religieuse du Cartel* des gauches. La Fédération a pour but de mener une action « dans l’intérêt de la religion, de la famille, de la société et du patrimoine national ». Castelnau en sera l’animateur jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, lui imprimant une orientation aussi nettement anticommuniste qu’antinazie.

J.-E. V.

Castiglione

(Baldassare)

F HUMANISME ET RENAISSANCE.

Castille

En esp. CASTILLA, ensemble de hautes terres occupant le centre de la péninsule Ibérique.

La Castille a formé deux régions administratives (la Vieille-Castille, downloadModeText.vue.download 452 sur 573

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4

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correspondant aux provinces d’Ávila, de Burgos, Logroño, Palencia, Santander, Ségovie, Soria et Valladolid

[66 107 km 2, 2 154 000 hab.], et la Nouvelle-Castille, formée des provinces de Ciudad Real, Cuenca, Guadalajara, Madrid et Tolède [72 363 km 2, 5 164 000 hab.]) dont l’ensemble ne s’identifie pas exactement avec la ré-

gion géographique définie et décrite.

Le milieu naturel

La Cordillère centrale ibérique divise la Castille en deux parties : Vieille Castille au nord (plus anciennement reconquise sur les Arabes), Nouvelle Castille au sud. Ce sont pourtant les mêmes paysages austères, la même monotonie de plateaux dénudés balayés par les vents, les mêmes solitudes où de gros villages s’espacent démesurément, les mêmes terres ingrates livrant de maigres récoltes, que l’on retrouve de part et d’autre de cette rude montagne aux lignes sévères.

Chacune des Castilles est un bassin sédimentaire où se sont accumulées d’épaisses assises continentales au Tertiaire : argiles et marnes à gypse, couronnées par des calcaires lacustres.

Si la Vieille Castille est une cuvette bien dessinée que dominent énergiquement la Cordillère cantabrique au nord, la Cordillère ibérique à l’est et la Cordillère centrale ibérique au sud, et qui reste suspendue à 700-800 m au-dessus

des gorges profondes qui entaillent la faible remontée du socle mésétain à l’ouest, la Nouvelle Castille, en dehors de sa bordure septentrionale, n’est limitée que par de modestes reliefs de la Cordillère ibérique à l’est et le lourd bourrelet de la sierra Morena au sud, et se présente comme un vaste plan incliné vers l’ouest, servant de piédestal aux crêtes décharnées des monts de Tolède.

L’érosion démantèle les tables calcaires. Le réseau du Duero (Douro), en Vieille Castille, et celui du Tage, en Nouvelle Castille, les ont fait reculer vers l’est : de ce fait, les rigides plateaux orientaux des « páramos »

dominent par un coteau sinueux les molles collines marneuses des « campiñas » occidentales ; en revanche, le réseau du Guadiana, au sud, mal alimenté et bloqué dans son creusement à l’aval, a à peine égratigné la plate-forme calcaire de la Manche, vaste plaine d’une remarquable platitude parsemée de « salares », nappes d’eau salée sans écoulement.

Le climat de ces hautes terres est marqué d’un net cachet de continen-talité : forte amplitude thermique et faiblesse des précipitations en sont les traits essentiels. Sans doute, la différence de latitude fait que la Vieille Castille connaît des hivers plus froids (moyenne de janvier inférieure à 4 °C ; minimum absolu de – 21 °C à Ávila en 1956) et plus longs (gelées d’octobre à mai inclus) que la Nouvelle Castille (moyenne de janvier de 5 °C à Ciudad Real). Si, au nord de la Cordillère centrale, les coups de chaleur en été sont de plus courte durée qu’au sud, ils sont tout aussi torrides. Salamanque (dans le León « administratif »), avec une moyenne du mois le plus chaud de 21,5 °C (contre 27,7 °C à Ciudad Real), a connu un maximum absolu de 40,6 °C, et le thermomètre y dépasse souvent 30 °C. Cette chaleur rend d’autant plus sensible la sécheresse : les précipitations, concentrées au printemps et à l’automne, sont partout infé-

rieures à 400 mm et s’abaissent même au-dessous de 300 mm vers Zamora (León).

L’aridité estivale, alliée aux rigu-

eurs de l’hiver, explique la faiblesse du couvert végétal, d’autant que la forêt xérophile, dont le chêne vert est l’es-pèce dominante, a été fort dégradée par l’homme et a fait place au « matorral », maigre formation buissonnante. Cependant, de belles forêts de pins couvrent le sud-est de la Vieille Castille (Tierra de Pinares) et les pays calcaires du nord-est de la Nouvelle Castille.

La vie économique

Les Castilles sont demeurées des ré-

gions agricoles. La population active employée dans le secteur primaire y conserve des proportions élevées : 49,1 p. 100 en Vieille Castille et plus de 60 p. 100 en Nouvelle Castille (si l’on exclut Madrid). On comprend que les provinces castillanes soient parmi celles qui assurent les revenus par habitant les plus bas de l’Espagne, d’autant que l’agriculture de ces terres austères est pauvre. Plusieurs raisons expliquent cette situation.

D’abord, les Castilles sont presque intégralement des terres de « secano »

(culture sèche) : celles-ci occupent 95 p. 100 de la surface cultivée en Vieille Castille par exemple. La culture irriguée est réduite à de petits secteurs le long des principaux cours d’eau, et son développement est récent. Le long du Duero et de ses affluents de rive droite (Pisuerga, Esla), la culture de la betterave à sucre couvre l’essentiel des 200 000 ha irrigués. Dans les vallées du Tage et de ses affluents, les ríos Henares et Alberche, les cultures sont plus diversifiées : aux traditionnelles cultures maraîchères et fruitières des huertas d’Aranjuez et de Talavera se sont ajoutés, déjà anciennement, la betterave à sucre, le maïs, les plantes fourragères et, plus récemment, le tabac, le riz et même le coton. Depuis peu, la part des plantes fourragères ne cesse de croître en rapport avec le développement de l’élevage des bovins pour satisfaire le marché de Madrid.