cher l’eau de pénétrer dans le conduit auditif. Les narines peuvent s’obturer pendant la plongée. L’ouïe et l’odorat sont très fins.
Les incisives, fortes et tranchantes, ont leur émail coloré sur le devant en jaune orangé. La queue est nue, recouverte de fines petites écailles hexago-nales et aplatie dorso-ventralement ; elle mesure 30 cm de long sur 15 cm de large.
Le pelage est fait d’une bourre
soyeuse et fine ainsi que de jarres longs et forts. Sa couleur, qui varie du beige au brun marron, est plus ou moins foncée, mais toujours plus sombre sur le dos.
Des glandes anales donnent un produit sébacé nauséabond (castoréum), qui était utilisé autrefois en thérapeutique comme antispasmodique. Ces glandes sont présentes sur les deux sexes.
Aire de répartition
Le Castor est américain et eurasiatique.
Le plus connu est le Castor du Canada (Castor canadensis), répandu dans le nord de l’Amérique ; l’autre espèce, le Castor d’Europe (Castor fiber), appelé aussi Bièvre, était autrefois assez ré-
pandu en France.
Depuis 1909, le Castor est protégé dans notre pays. On ne le rencontre downloadModeText.vue.download 457 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4
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plus que dans la basse vallée du Rhône et le long de ses affluents, où les colonies sont placées sous la surveillance active des services des Eaux et Forêts.
On le trouve en Allemagne dans les bassins de l’Elbe et du Danube, en Pologne dans le bassin de la Vistule. Le Castor vit aussi en Moldavie, en Finlande, en Suède, en Norvège, en Russie d’Europe et en Sibérie occidentale.
Moeurs et biologie
Le Castor est plutôt nocturne. Il ne sort de ses abris qu’à la tombée du jour. Son habitat naturel est double : la forêt et l’eau. On le rencontre dans tous les lieux boisés, à proximité des cours d’eau, des marécages ou des lacs.
Ses déplacements à terre sont lents, mais il plonge et nage admirablement.
Dès qu’il est dérangé, il se précipite à l’eau et, d’un violent coup du plat de sa queue, prévient ses congénères qu’il y a un danger. Il est capable de parcourir d’une seule traite 800 m sous l’eau et de se maintenir en plongée pendant un quart d’heure. Quand il nage, les neuf dixièmes du corps sont immergés et les pattes antérieures sont repliées contre sa poitrine. Ce sont les postérieures seules qui assurent synchroniquement la propulsion.
Le Castor vit en famille ; celle-ci se compose du couple, des jeunes de l’année et souvent de ceux de l’année précédente ; à l’âge de deux ans environ, les jeunes sont chassés par leurs parents. Il semble qu’une famille de Castors ne compte jamais plus de douze individus. Plusieurs familles groupées dans une même pièce d’eau forment une colonie.
Les jeunes participent avec les parents aux travaux familiaux, qui sont la recherche de la nourriture et des maté-
riaux par l’exploitation des bois. Les parents, qui ont l’expérience, abattent les arbres, tandis que les jeunes les écorcent et les ébranchent.
L’habitation
La hutte est la demeure du Castor.
Elle abrite toute la famille. Elle est construite de façon à être entourée d’eau de toute part. Elle peut se trouver soit dans un petit îlot, soit au milieu de l’eau. Elle repose alors sur une fondation qui peut être une vieille souche d’arbre noyée sur laquelle les constructeurs prennent appui. Les animaux se procurent des matériaux dans la forêt la plus proche en abattant des arbres et en sectionnant les branches, qui sont transportées sur le chantier de construction. Ils plantent des branches dans le fond de l’étang ou du marécage choisi ; celles-ci sont enlacées solidement entre elles. Des rondins plus gros viennent renforcer ce soubassement, et, progressivement, l’édifice s’élève.
Bientôt on voit apparaître un tumulus de branchages qui sont assemblés et réunis par de la vase, de la boue et de l’argile, ce qui constitue un véritable ciment.
Le sol de la hutte se trouve à peu près à 30 cm au-dessus du niveau moyen de l’eau, afin d’éviter les inondations. Les parois peuvent avoir une épaisseur de 60 cm et une hauteur moyenne de 1,50
à 2 m. Mais on a vu des huttes déjà très vieilles ayant jusqu’à 4 m de haut.
En principe, l’intérieur de la hutte comprend deux pièces — une anti-chambre, dans laquelle les Castors égouttent leur fourrure quand ils viennent de l’extérieur, et une grande chambre de repos — ainsi que des petits recoins, dans lesquels ils placent la nourriture en réserve. Le sol est tapissé de petits copeaux et de sciure de bois.
Les accès de la hutte sont très soigneusement construits. Ce sont des couloirs souterrains d’un diamètre de 30 à 45 cm, qui mènent vers l’eau, mais qui débouchent toujours au-dessous de son niveau. L’orifice en est toujours soigneusement dissimulé. Il y a au minimum deux couloirs d’accès, de façon à pouvoir, en cas d’incident sérieux —
éboulement ou blocage d’une entrée par un prédateur —, prendre le large instantanément. Parfois, trois couloirs d’accès sont aménagés. Ceux-ci sont tenus toujours dans un état de viabilité irréprochable.
Extérieurement, la hutte se présente
comme un tumulus fait de branchages.
Au sommet se trouve une cheminée d’aération, ce qui est très important en hiver : quand le Castor sort par les grands froids, c’est surtout pour vérifier que la cheminée n’est pas obstruée.
Les terriers
En Europe, les Castors vivent dans des terriers. On pense qu’ils agissent ainsi parce qu’ils ont été pourchassés. Mais les biologistes russes, qui les ont bien observés, prétendent que cette façon de s’abriter tient uniquement à la consistance des berges des cours d’eau : si le sol est mou, marécageux ou à berges plates, les Castors font des huttes ; au contraire, si le sol est plus dur, ils font des terriers. Ces terriers sont faciles à déceler par la présence de branchages, en moindre quantité que ceux de la hutte. Ces branchages, appelés fago-tières, sont destinés à masquer l’orifice des conduits d’aération.
Barrages et canaux
C’est pour les Castors une nécessité de savoir barrer les cours d’eau qu’ils fréquentent. Les barrages ont en effet pour objet de maintenir l’eau qui les environne à un niveau constant. Il faut que les orifices d’entrée dans les huttes ne soient pas à découvert. Ils doivent toujours être dissimulés. Il faut aussi que les canaux que les Castors ont construits pour amener par flottage les matériaux pesants, branches et rondins, aient de l’eau en permanence, puisque ces matériaux servent aussi de denrées alimentaires. On cite des barrages, trouvés au Canada à proximité de colonies de Castors, mesurant plusieurs centaines de mètres de longueur. Certains canaux ont par exemple de 500 à 600 m de long et sont assez profonds pour permettre d’y passer en canoë.
Alimentation
Les Castors mangent au printemps des écorces dont le cambium est gorgé de sève : érable à sucre, peuplier, bouleau, saule. Ils mettent les branches de ces arbres en réserve pour l’hiver en les en-fouissant au fond de l’eau et à une profondeur suffisante pour qu’elles soient hors gel. À la belle saison, ils ajoutent
à ce menu des baies et des fruits de plantes aquatiques. Des biologistes affirment que, dans certaines colonies du Michigan, les Castors seraient capables d’abattre un arbre tous les dix jours.
Le Castor n’hiberne pas. Il réduit seulement son activité pendant les grands froids ; il sort uniquement pour aller chercher sa nourriture au fond de l’eau ou pour surveiller le bon état d’entretien des couloirs d’accès de sa hutte et de sa cheminée d’aération.