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Frange de 35 km de largeur au maximum, celle-ci présente des paysages contrastés, tant à cause du relief (la

Cordillère catalane, dominant une étroite plaine littorale, est divisée en deux rameaux parallèles à la côte, sé-

parés par la dépression longitudinale du Vallés-Panadés bourrée de dépôts tertiaires) qu’à cause du climat (plus doux sur la côte que dans les dépressions intérieures, plus humide au nord qu’au sud).

Au nord du Llobregat, de magni-

fiques forêts habillent les montagnes formées de roches cristallines profondément altérées et abondamment arrosées (jusqu’à 1 000 mm sur les reliefs du Montseny). Les espèces dominantes sont les pins, les chênes verts et les chênes-lièges ; ces derniers, en peuplement dense dans les monts Gabarras, au nord-est de la Cordillère littorale, sont à la base de l’industrie du liège de la province de Gérone. Dans les dé-

pressions (Vallés, Plana de Vich, bassins de Gérone et d’Olot, Ampurdán), les 600 à 700 mm de pluies par an permettent d’associer à la culture du blé celles du maïs et des fourrages destinés à l’alimentation du bétail, bovins et porcins, ces derniers surtout nombreux dans la région de Vich, où l’industrie charcutière est importante.

Au sud du Llobregat, les précipitations diminuent rapidement (522 mm à Tarragone, 472 mm à Tortosa) : de maigres garrigues couvrent mal les montagnes, essentiellement calcaires.

Dans les dépressions et les collines du Panadés, du Pla de Bages et du Campo de Tarragone ainsi que sur les versants montagneux aménagés en terrasses, les cultures arbustives sèches, vigne et olivier, prédominent largement. Le Prio-rato a des crus justement célèbres, et le Panadés s’est spécialisé dans les vins champagnisés.

Le long du littoral, les terres irriguées sont fréquentes. Au voisinage de Barcelone, elles sont consacrées aux cultures délicates : fruits et légumes dans le delta du Llobregat, en constant recul devant la poussée urbaine, fleurs et pommes de terre primeur dans le Maresme. Dans le Campo de Tarragone, les fourrages et les noisetiers voisinent avec les cultures maraî-

chères, tandis que le delta de l’Èbre s’est spécialisé dans le riz et le coton.

C’est partout une culture soignée, intensive, pratiquée dans des exploitations d’une trentaine d’hectares en moyenne, les masias, que deux coutumes ont préservées du morcellement : l’héritage va tout entier à un seul enfant ; lorsqu’un propriétaire est contraint de vendre sa terre, ses descendants conservent le droit de la racheter au même prix. Le plus souvent, la masia n’appartient qu’en partie au paysan, qui loue à long terme des terres à ceux qui, nombreux, ont quitté la campagne pour la ville.

La main-d’oeuvre a en effet été attirée très tôt par l’industrie, qui s’est développée à un rythme sans cesse accru depuis le XVIIIe s. grâce aux capitaux de la bourgeoisie barcelonaise, aux facilités des communications et à l’abondance de l’hydro-électricité. En dehors de petits centres isolés comme Olot, dans la vallée du Fluviá, qui a des usines textiles et des papeteries, Figueras, qui fabrique des bicyclettes, Gé-

rone (50 000 hab.), qui a des filatures et des laiteries, Tarragone (78 000 hab.) et Reus (32 000 hab.), qui produisent des tissus, du papier et des objets en cuir, Barcelone* est à la tête d’un vaste foyer tentaculaire qui a essaimé ses usines le long de la côte jusqu’à Blanes au nord-est et Villanueva y Geltrú au sud-ouest, ainsi que le long des vallées du Llobregat et du Besós (que prolonge le Ter), transformées en de véritables rues d’usines. Le textile vient en tête : le coton est travaillé tant à Barcelone que dans le Maresme et les vallées du Llobregat, du Besós et du Ter ; la laine, au contraire, est concentrée à Tarrasa (137 000 hab.) et Sabadell (158 000 hab.) ; la soie et les textiles artificiels sont produits à Barcelone, où sont aussi la plupart des ateliers de confection. La métallurgie vient au second rang : née des besoins de l’industrie textile, elle est surtout concentrée à Barcelone, dont le port importe les matières premières ; mais elle s’est aussi développée à Manresa (58 000 hab.), Tarrasa, Sabadell, Gra-nollers et Villanueva y Geltrú. La chimie, qui dispose du gisement de potasse de la moyenne vallée du Llobregat, occupe le troisième rang avec les engrais à Badalona, la fabrication de

fibres artificielles à Blanes et Prat de Llobregat, et les produits pharmaceutiques à Barcelone. Diverses industries secondaires (ciment, papier, cuir, industries alimentaires) complètent la gamme des activités.

Grand foyer d’immigration, la ré-

gion industrielle catalane connaît une forte poussée démographique. Mis à part l’agglomération barcelonaise, qui compte environ 2,5 millions d’habitants, c’est le Maresme qui est le plus densément peuplé, car, aux activités agricoles et industrielles, s’ajoutent la pêche et le tourisme. Ce dernier, déjà ancien dans cette région, a connu un grand essor depuis 1953. Mais son développement est surtout spectaculaire sur le littoral de la province de Gérone, de Blanes à la frontière fran-

çaise. De part et d’autre du golfe de Rosas, les Pyrénées et la Cordillère littorale plongent dans la mer en des falaises pittoresques, entre lesquelles se nichent des plages de sable fin : c’est la Costa Brava, plus sauvage d’ailleurs au sud qu’au nord. La proximité de la France, l’assurance du soleil sans que la chaleur soit accablante et la beauté des paysages sont de puissants attraits pour les touristes étrangers.

Une enquête d’avril 1965 à mars 1966

a dénombré 3 071 500 nuitées dans les hôtels et 654 000 dans les terrains de camping. Une fièvre de construction s’est emparée de tous les anciens petits ports de pêche, et des stations nouvelles ont été entièrement créées.

De 1953 à 1964, le nombre des hôtels est passé de 87 à 833 (dont 196 pour Lloret de Mar seulement) ; les « urbanisations », qui ne cessent de s’étendre, offrent à des prix avantageux des villas et des appartements construits en partie par des sociétés immobilières étrangères. Mais l’essentiel des capitaux provient des Catalans eux-mêmes, qui, une fois encore, ont fait preuve d’un remarquable esprit d’entreprise.

R. L.

L’histoire

Des origines à l’intervention

carolingienne

Le premier peuplement remonte,

semble-t-il, au Quaternaire. On a trouvé des vestiges de l’époque néolithique dans les plaines fertiles, où l’on s’adonnait à l’agriculture. À l’âge du bronze, les zones pyrénéennes sont peuplées de bergers. C’est à partir de l’an 1000 av. J.-C. qu’apparaissent les Celtes, qui s’établissent dans le territoire catalan actuel et se mêlent aux indigènes, avec lesquels ils forment les diverses tribus des Ibères. Les Grecs s’installent à Emporion (Ampurias), Rhoda (Rosas) et dans d’autres localités du littoral entre le VIIIe et le VIe s.

av. J.-C. Les Romains débarquent pour la première fois en Catalogne pendant la deuxième guerre punique : en 218 av. J.-C., Publius Cornelius Scipio s’empare d’Ampurias, qui est conquise malgré la résistance qu’elle lui oppose. Il s’agit là d’une colonisation beaucoup plus profonde que celle des Grecs : les Romains, qui restent dans le pays jusqu’au IIIe s. apr. J.-C., jettent les premières bases de l’unification de cette région. Ils favorisent le développement agricole et commercial et créent plusieurs grandes agglomé-

rations, telles Tarraco (Tarragone) et Barcino (Barcelone).

À la suite du démembrement de

l’Empire romain, les Wisigoths franchissent les Pyrénées et installent momentanément leur capitale à Barcelone, puis intègrent la Catalogne au royaume de Tolède. À la faveur des dissensions entre les Wisigoths, les Arabes, qui entrent en Espagne en 711, pénètrent en Catalogne quatre ans plus tard : Tarragone est détruite et Barcelone occupée (717-718). Une partie de la population émigré en Gaule ou cherche un refuge dans les Pyrénées ; Urgel et les terres avoisinantes réussissent à se libérer de la présence arabe, et l’on assiste même à la constitution d’un certain pouvoir politique et d’une défense organisée en vue de la Reconquista. Cette dernière est facilitée par l’intervention des monarques francs, qui, après la victoire downloadModeText.vue.download 461 sur 573