Le caractère artisanal et facilement routinier de la production n’a pas favorisé l’apparition de portails importants, à l’exception de celui de Ripoll. Il y a là une grande page sculptée dont les frises historiées s’inspirent du décor de la bible enluminée du monastère (conservée aujourd’hui à la Bibliothèque vaticane, lat. 5729).
La peinture romane, sous ses divers aspects, entretient des rapports étroits avec l’architecture et son décor sculpté.
Ce fait est évident pour la peinture murale, qui était presque partout présente dans les absides et dont les compositions pouvaient, comme à Santa María de Tahull, s’étendre à l’ensemble de l’église. Patiemment, l’érudition catalane et étrangère s’est appliquée à préciser les caractères de cette production, à déterminer ses rapports avec les autres écoles, et elle a pu, dans quelques cas privilégiés, suivre des déplacements d’artistes. Plusieurs de ces peintres ambulants paraissent être venus d’Italie, et notamment le Maître de Pedret, dont l’activité se situe à la fin du XIe et au début du XIIe s., des deux côtés des Pyrénées. Il contraste, par sa connaissance de l’art byzantin et ses goûts antiquisants, avec les Maîtres de San Clemente et de Santa María de Tahull, davantage portés vers la stylisation romane et les couleurs vibrantes.
Plus aisément sédentaires devaient être les peintres sur panneaux, auteurs
de devants d’autel et de baldaquins conservés en grand nombre (musées de Barcelone et de Vich). Peut-être intervenaient-ils aussi dans la polychromie des sculptures sur bois : statues de la Vierge à l’Enfant, Christs dénudés ou représentés vêtus, à l’instar de celui de Lucques, Descentes de Croix enfin, elles aussi imitées de l’Italie. Ces peintures s’inspiraient des décors d’absides, ou empruntaient certains de leurs procédés aux scriptoria monastiques ; parfois, ils s’essayaient à reproduire, à l’aide de leurs techniques, des effets propres à l’orfèvrerie.
Probablement parce qu’il corres-
pondait au goût des habitants, le style roman se maintint très longtemps en Catalogne. Il s’attarda durant le XIIIe s.
dans des entreprises remarquables comme celles des cathédrales de Tarragone et de Lérida, ou encore dans les grands monastères cisterciens de Poblet et de Santas Creus, alors que simultanément s’implantaient un certain nombre de techniques gothiques.
Cet impressionnant développement artistique ne fit que s’accélérer dans la période proprement gothique, profitant des conditions éminemment favorables que procurait l’expansion catalane dans le Bassin méditerranéen. On a parlé d’une école catalane dans le domaine de l’architecture. Le terme n’est pas tout à fait exact, si l’on considère que cette modalité du style gothique couvre une grande partie du Levant espagnol et partage quelques-uns de ses caractères avec le Languedoc méditerranéen. Mais elle a trouvé en Catalogne sa zone de prédilection. À la différence de l’époque romane, c’est dans le cadre urbain que se produisit cette expansion, et Barcelone* en fut le principal moteur jusqu’à la déchéance du principat, dans la seconde moitié du XVe s.
On aura davantage le droit de parler d’une école catalane en ce qui concerne la peinture, puisque, deux siècles durant, les ateliers catalans ont traduit avec la sensibilité qui leur était propre les divers langages artistiques que se donna successivement l’Europe occidentale. À la modalité linéaire d’origine française succéda une manière italienne, généralement empruntée à Sienne, avant que ne s’imposent le
« style international » des environs de 1400 et finalement les leçons de la Flandre. L’évolution que l’on peut suivre à Barcelone s’observerait identique dans les autres centres vivants du pays : Perpignan, Gérone, Vich et Tarragone.
La Renaissance ne fit qu’une entrée timide, avec des artistes étrangers ou tout au moins originaires d’autres régions d’Espagne, comme le peintre cordouan Bartolomé Bermejo* et le sculpteur castillan Bartolomé Ordóñez († 1520). Elle fut brève, car la Catalogne inaugurait une période de repliement sur soi et d’atonie qui dura pratiquement jusqu’à la fin du XVIIIe s.
C’est alors seulement, grâce à des phé-
nomènes de récupération économique, que s’opère le réveil des énergies. De nouveau la Catalogne est traversée par des courants artistiques de caractère international.
Le premier de ces mouvements fut celui du néo-classicisme, qui tenta d’adapter les formes et les thèmes de l’Antiquité à la pensée et à la sensibilité du temps. Le XIXe siècle vit l’éveil d’une conscience nationale catalane.
Autour de 1900, Barcelone devint une des capitales européennes du « modern style ». Le nom de Gaudí* symbolise ces recherches d’avant-garde. Plus tard encore, en adoptant l’architecture fonctionnelle, la capitale catalane poursuivit son effort d’ouverture au monde moderne.
M. D.
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catalyse
Augmentation de la vitesse d’une réaction chimique créée par le contact d’un corps (catalyseur) étranger au bilan de cette réaction.
Généralités
Ainsi un mélange d’hydrogène et
d’oxygène, abandonné à lui-même à la température ordinaire, ne réagit pas, même au bout d’un temps très long ; mais si on y introduit un fragment de mousse de platine, on observe aussitôt la formation d’eau, en même temps que la mousse de platine, échauffée par la réaction exothermique qui se produit à son contact, devient incandescente ; on dit que le platine en mousse est un catalyseur de la réaction
La notion de catalyseur, bien qu’obscurément ressentie déjà par les alchimistes, ne s’est précisée qu’au début du XIXe s., époque à laquelle Berzelius*
inventa, pour en parler, le mot de catalyse (1835).
Le mode d’action du catalyseur est demeuré longtemps mystérieux, du fait que celui-ci n’est ni consommé ni même altéré par la réaction qu’il accé-
lère et peut ainsi catalyser une réaction portant sur des masses beaucoup plus grandes que la sienne ; le mystère est cependant dissipé, car on sait maintenant que l’indifférence du catalyseur n’est qu’apparente et qu’il intervient comme intermédiaire efficace dans la réaction qu’il catalyse ; on est ainsi ramené à un problème de cinétique chimique et de mécanisme réactionnel.