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Dans le midi de la France, les querelles doctrinales ne semblent pas avoir tenu une grande place. Le catharisme se développa sans rencontrer de résistance sérieuse, aussi bien dans les villes, avec l’appui de la bourgeoisie, que dans les campagnes, avec l’aide de la noblesse. Il y eut quatre évêques, à Carcassonne, à Albi, à Toulouse, à Agen, chacun d’eux administrant un territoire défini. La croisade des albigeois (1209-1229), menée par Simon de Montfort au profit des Capétiens, désorganisa l’hérésie, mais ne la déracina pas. Les cathares reprirent leurs activités et firent de la citadelle de Montségur leur capitale jusqu’à sa chute, en 1244.

On a confondu sous le terme d’albigeois les cathares et les vaudois, qu’en réalité de violentes polémiques ont opposés les uns aux autres, car ils n’avaient rien de commun.

Dans la France du Nord, on constate l’existence d’un certain nombre de foyers dans un pays où la foule resta hostile aux novateurs. L’hérésie fut difficilement extirpée de La Charité-

sur-Loire après 1233. Elle se manifesta en Champagne à Reims, Châlons-sur-Marne, Troyes, au Mont-Aimé. Plus au nord, on retrouve des cathares dans le diocèse de Soissons, puis à Arras, à Cambrai, à Douai, dans la région de Lille. Il existait un évêque de France (du Nord), mais nous ne savons rien sur lui. Dans les pays rhénans, la persistance de l’hérésie décida le pape Gré-

goire IX à confier la répression à l’in-quisiteur Conrad de Marburg (1227).

L’activité du catharisme semble avoir été très réduite par la suite.

Le déclin

Un tableau du monde cathare vers 1250

a été dressé par l’hérétique converti Rainier Sacconi († v. 1262). Il signale déjà la ruine de certaines Églises. En Champagne, 180 adeptes de l’hérésie périrent sur le bûcher du Mont-Aimé en 1239, et l’évêque de France, avant 1250, vivait en Lombardie. Dans le Midi, les Églises furent désorganisées par la prise de Montségur et la mort de plus de 200 parfaits et parfaites (1244).

L’évêque de Toulouse trouva refuge à Crémone, Plaisance, Sirmione. L’héré-

sie se maintint à Toulouse, sur quelques points, parmi les artisans, vers 1270-1275 ; dans la région de Carcassonne, vers 1290 ; dans celle d’Albi, vers 1300 ; en dernier lieu, dans la vallée de l’Ariège, au début du XIVe s., avec le ministre Pierre Autier. En Lombardie, le catharisme conserva une forte organisation jusque vers la fin du XIIIe s., mais les Églises y furent à leur tour démantelées. Ensuite, l’hérésie vécut obscurément ; quelques groupes subsistèrent jusqu’à la fin du XIVe s.

Au premier abord, on peut s’étonner des succès du catharisme. Mais les gens du Moyen Âge étaient naturellement dualistes dans l’expression de leur

pensée, ils vivaient dans la hantise du diable. Il existait une conception pes-simiste du monde qui s’exprimait dans le mépris, ou contemptus mundi. De plus, les parfaits étaient d’une extrême prudence, ils n’exposaient pas toute leur doctrine devant n’importe qui.

Très étendue, l’influence du catharisme est restée souvent superficielle. Ainsi s’explique pour une part son déclin rapide. Sans doute, l’Inquisition a joué un rôle destructeur. Mais la riposte de l’Église s’est surtout développée avec la création des ordres mendiants. Les Prêcheurs et les Mineurs ont été les rivaux heureux des parfaits.

Y. D.

F Inquisition / Vaudois.

C. Schmidt, Histoire et doctrine de la secte des Cathares ou Albigeois (Cherbuliez, Strasbourg, 1849 ; 2 vol.). / I. von Döllinger, Beiträge zur Sektengeschichte des Mittelalters (Munich, 1890 ; 2 vol.). / J. Guiraud, Histoire de l’Inquisition au Moyen Âge, t. I (Picard, 1935). / A. Don-daine, Un traité néo-manichéen du XIIIe siècle, le « Liber de duobus principiis », suivi d’un fragment de rituel cathare (Rome, 1939). /

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J. C. S. Runciman, The Medieval Manichee. A Study of the Christian Dualist Heresy (Cambridge, 1947, 2e éd., 1955 ; trad. fr. le Manichéisme médiéval, Payot, 1972). / A. Borst, Die Katharer (Stuttgart, 1953 ; trad. fr. les Cathares, Payot, 1974). / F. Niel, Albigeois et cathares (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1955 ; 9e éd., 1974). / C. Thouzellier, Un traité cathare inédit du début du XIIIe siècle (Publications universitaires, Louvain, 1961) ; Catharisme et valdéisme en Languedoc à la fin du XIIe et au début du XIIIe siècle (P. U. F., 1966). / R. Manselli, L’Eresia del male (Naples, 1963). / H. Grundmann, Bibliographie zur Ketzergeschichte des Mittelalters, 1900-1966 (Rome, 1967). / Colloque de Fanjeaux, Cathares en Languedoc (Privat, Toulouse, 1968). / E. Griffe, les Débuts de l’aventure cathare en Languedoc, 1140-1190 (Letouzey et Ané, 1969). / R. Nelli, la Vie quotidienne des Cathares en Languedoc au XIIIe siècle (Hachette, 1969) ; les Cathares (Grasset, 1972) ; la Philoso-downloadModeText.vue.download 468 sur 573

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4

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phie du catharisme (Payot, 1975). / M. Roque-bert, l’Epopée cathare (Privat, Toulouse, 1970).

/ E. Le Roy Ladurie, Montaillou, village occitan de 1294 à 1324 (Gallimard, 1975).

cathédrale

Dans le monde chrétien, église épiscopale d’un diocèse, celle où se trouve le siège (lat. cathedra) de l’évêque.

Si le siège est occupé par un archevêque, un primat ou un patriarche, on parle d’église métropolitaine, prima-tiale ou patriarcale.

L’institution

Edifice parfois modeste en d’autres temps ou d’autres lieux, la cathédrale a pris dans le monde gothique un essor tel qu’elle en est devenue l’élément caractéristique ; on parle du XIIIe s.

comme du « siècle des cathédrales ».

On sait le rôle polyvalent qu’avait avant la Révolution française la simple église paroissiale. Elle était un lieu de sanctification individuelle, du baptême à la sépulture, comme de participation collective au sacrifice et aux cérémonies saisonnières ; les confréries y avaient leur siège ; en même temps, c’était le lieu de la publicité judiciaire et administrative, de l’état civil, de la surveillance des écoles et de l’assistance. Tout en assumant déjà le rôle d’une mairie, l’église restait pour tous les paroissiens un lieu de communion préfigurant la Jérusalem céleste.

Comment s’étonnerait-on, après avoir constaté cette diversité de fonctions en plein XVIIIe s., de voir l’église mère du diocèse jouer un rôle comparable dans la ville médiévale ?

Obligatoirement consacrée, la cathé-

drale est le temple par excellence ; si elle a perdu son exclusivité baptisté-

rale, elle conserve celle de l’ordination des prêtres et du sacre des évêques ou des rois. Les grandes familles y ont leur sépulture, et certaines confréries leur siège, à proximité de l’official, la justice épiscopale. Mais la cathédrale est aussi un lieu public où, en maintes occasions, la population se réunit. Edifice principal de la ville, elle en est la fierté, jusqu’à figurer sur le sceau communal. N’est-elle pas le symbole des libertés urbaines, acquises, maintenues

par la collaboration étroite de l’évêque et des communautés d’habitants, avec l’appui du roi de France, soucieux d’équilibrer la puissance féodale ?

C’est même cette conjonction d’inté-

rêts qui permet en moins d’un siècle la reconstruction de toutes les cathédrales du domaine royal, et qui laissera tant d’édifices inachevés quand, à la fin du XIIIe s., elle se sera relâchée.

Le prodigieux essor de la cathédrale gothique ne saurait cependant tenir aux seules circonstances politiques ou sociales ; il est lié, pour une large part, à l’évolution de l’organisation épiscopale elle-même. Le cadre ecclésiastique avait été fixé très tôt et ne devait guère varier jusqu’à la Révolution. Il avait son siège dans la cité, c’est-à-dire au chef-lieu de la civitas, la circonscription provinciale de l’Empire romain. Primitivement, l’évêque résidait dans le faubourg où s’était constituée la première communauté chrétienne ; puis, au temps des invasions, il s’était réfugié dans l’enceinte, prenant bientôt la place de l’autorité civile défaillante.