Lorsque Charles IX meurt en 1574, Catherine rappelle de France l’ancien duc d’Anjou, qui a été élu roi de Pologne en 1573. Mais Henri III n’est pas Charles IX : il entend gouverner par lui-même, et Catherine commence à passer au second plan. Toutefois, elle va continuer sa mission de concilia-trice et de pacificatrice. Son dernier fils, François, le nouveau duc d’Anjou, ancien duc d’Alençon, est un brouillon sans envergure que les calvinistes mettent à leur tête. Catherine part à sa poursuite et le ramène à Paris ; elle signe au traité d’Etigny la « paix de Monsieur » (7 mai 1576), et octroie aux protestants l’édit de Beaulieu, qui leur accorde de grands avantages : la liberté de culte partout, sauf à Paris, et huit places de sûreté. Mais la réaction catholique ne se fait pas attendre.
À Péronne, le 8 juin 1576, est créée la Ligue catholique. Les Guises en sont les chefs ; ils s’appuient sur le peuple de Paris et de nombreuses villes, et sont soutenus par l’Espagne. Mais Henri de Navarre se révolte de nouveau, et la vieille reine, infatigable, repart sur les routes et signe avec lui en février 1579
la paix de Nérac.
Ce voyage lui montre les passions religieuses des Français portées au paroxysme. Aussi, désormais, conjointement avec Henri III, va-t-elle s’efforcer avant tout de sauver le pouvoir royal.
En 1584, la mort du duc François d’Anjou pose la question de la succession.
Le roi n’ayant pas d’enfants, le trône revient au protestant Henri de Navarre.
Devant cette menace, on assiste à une recrudescence de la Ligue. Les Guises, au traité de Joinville (31 déc. 1584), s’allient avec Philippe II et décident downloadModeText.vue.download 473 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4
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que la couronne reviendra au cardinal de Bourbon, oncle d’Henri de Navarre.
Débordé, Henri III, sur les conseils
de sa mère, cède aux ligueurs et leur livre le pouvoir ; Catherine signe avec le cardinal de Bourbon le traité de Nemours (juill. 1585), qui le reconnaît héritier du trône. Mais elle ne renonce pas pour autant à voir son gendre succéder à son fils, et, l’année suivante, elle le supplie de quitter les calvinistes et de se convertir.
Cependant, la guerre civile se rallume. Le 20 octobre 1587, Henri de Navarre est vainqueur à Coutras.
Lorsque le duc Henri de Guise pénètre à Paris contre l’avis du roi, Catherine essaie de s’interposer : voyant la partie perdue dans la capitale, à la suite de la journée des Barricades (12 mai 1588), elle conseille à Henri III de s’enfuir. Le roi se réfugie à Blois, où il convoque les états généraux, pendant lesquels il fait assassiner le duc Henri de Guise et son frère le cardinal de Lorraine.
Catherine de Médicis ne joue aucun rôle dans les événements de Blois ; seulement, le 1er janvier 1589, elle fait relâcher le vieux cardinal de Bourbon, qui a été arrêté, et s’emploie à négocier avec lui. Elle meurt peu après.
P. R.
F France / Henri II / Religion (guerres de) / Valois.
J. H. Mariejol, Catherine de Médicis, 1519-1589 (Hachette, 1920). / L. Romier, le Royaume de Catherine de Médicis. La France à la veille des guerres de Religion (Perrin, 1922). / J. Hé-
ritier, Catherine de Médicis (Fayard, 1959). /
P. Erlanger, le Massacre de la Saint-Barthélemy, 24 août 1572 (Gallimard, 1960).
Catherine de
Sienne (sainte)
Religieuse italienne (Sienne 1347 -
Rome 1380).
Sa vie
Caterina Benincasa répond au premier appel de Dieu en faisant le voeu de vir-ginité. À douze ans, elle cède à l’amour de la parure, mais la mort de sa soeur l’amène à se « convertir » : elle tond ses cheveux et se réfugie dans sa « cellule intérieure ».
Après bien des persécutions, sa
famille accepte la vocation de Catherine, qui est reçue dans le tiers ordre de Saint-Dominique. C’est l’époque de visions où le Christ lui-même la forme à son gré ; puis vient une crise violente mais brève qui débouche sur une seconde « conversion », plus intime.
Catherine est dès lors décidée à porter toute sa vie la croix d’un apparent abandon de Dieu. Mais le Christ revient l’épouser « dans la foi » : c’est le fameux « mariage mystique » (1367).
L’union transformante se parfera dans l’échange des coeurs et l’impression des stigmates du crucifié sur le corps de Catherine, bien qu’invisiblement.
Second versant de la vie de Catherine : après une « mort » plus que symbolique, Catherine revient à la vie chargée de missions pour ses frères et pour l’Église. Peu à peu, autour d’elle se groupe un petit cénacle, tandis que le cercle de sa bienfaisance s’élargit sans cesse. On lui attribue des miracles et elle témoigne d’une claire vision des âmes. Il nous reste près de 380 de ses Lettres, adressées aux plus grands personnages, aux papes même. C’est ainsi qu’elle se rend à Avignon pour tenter d’en ramener Grégoire XI à Rome, et, de fait, ce dernier y reviendra en 1377. Il faut, avec R. Fawtier, insister sur le sens d’une démarche qui, tout en comportant bien des incidences politiques, tranche non sans brutalité parmi toutes les autres influences diplomatiques par sa visée proprement spirituelle : « La mission de Catherine est une mission divine. C’est Dieu qui veut le retour du pape à Rome, la croisade et la paix. » Car ce retour semble bien, aux yeux de Catherine, valoir surtout comme condition pour la réunion de toute la chrétienté contre les conquêtes incessantes des Turcs.
En 1378, Catherine dicte son Dialogue (Dialogo della Divina Provi-denza), nourri de ses extases. Son agonie passe par deux jours et deux nuits de délaissement intérieur et d’angoisses, qu’elle endure pour les besoins immenses de l’Église, à la veille du Grand Schisme.
La pensée directrice
Un allégorisme flamboyant, familier à cette époque, nous rend aujourd’hui
assez difficile la lecture du Dialogue et des Lettres. Mais la doctrine de Catherine de Sienne est remarquablement simple et homogène. Au départ, l’enseignement du Christ : « Tu es celle qui n’est pas, et moi je suis Celui qui suis. » C’est là cette double « connaissance de Dieu et de soi-même » dont il faut faire comme une « cellule »
intérieure d’où l’homme doit juger et jauger toute chose et toute action. Attitude fondamentale qui se résume en un mot : humilité.
Comme tous les mystiques, Cathe-
rine est d’une exigence terrible sur les purifications nécessaires et la « haine »
qu’il faut avoir contre l’amour-propre.
Mais toute pénitence que l’on tenterait pour ses péchés ne vaut que par l’amour.
Cette doctrine est très conforme à l’intellectualisme de la pensée domi-nicaine et thomiste. Mais, ici, cet intellectualisme est tout enflammé par un amour cordial de Dieu et du Christ.
Catherine est la preuve vivante de l’inanité d’une opposition entre action et contemplation, entre amour du prochain et de Dieu. Canonisée en 1461, elle a été proclamée docteur de l’Église en 1970.
C. J.-N.
R. Fawtier et L. Canet, la Double Expé-
rience de Catherine Benincasa (Gallimard, 1948). / S. Undset, Catherine de Sienne (Oslo, 1951 ; trad. fr., Stock, 1952). / R. Zeller, Sainte Catherine de Sienne (Fayard, 1962). / S. Bézine, Docteur de la miséricorde, sainte Catherine de Sienne (Libr. Saint-Paul, 1970).
catholicisme
Ensemble des dogmes, des institutions et des pratiques qui différencient l’Église romaine, soumise au pape, des autres confessions chrétiennes.
Le mystère chrétien
L’Église catholique ou romaine est une société visible et hiérarchisée, mais en même temps elle est aussi « corps mystique », c’est-à-dire réalité spirituelle et invisible. Selon la doctrine catholique, en tant que réalité invisible, l’Église rassemble en son « corps mystique »