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C’est en effet par un acte pur, désintéressé et libre que ce Dieu a créé de rien tout ce qui existe dans le monde par sa seule volonté. On doit distinguer la création des anges, du monde, enfin celle de l’homme. Le concile de Vatican I proclame à ce sujet : « C’est à cause de sa bonté et par sa vertu toute-puissante que Dieu a fait ensemble au commencement des temps la double créature spirituelle et corporelle, c’est-

à-dire les anges et le monde et ensuite la créature humaine, comme réunissant dans sa constitution l’esprit et le corps. »

En se fondant sur l’Écriture et la Tradition, les théologiens catholiques enseignent comme article de foi la non-

éternité du monde. Le monde n’a pas toujours existé, la création a eu un commencement. La création de l’homme pose de nombreux problèmes si on la considère selon la lettre de l’Écriture.

L’Église enseigne actuellement que la

Genèse n’a nullement l’intention de faire un récit scientifique de la création de l’homme et de la femme. L’auteur du livre a emprunté des genres et des formes littéraires qui étaient adaptés aux mentalités et aux intelligences de son temps.

L’Église reconnaît encore le bien-fondé de la doctrine évolutionniste, à condition qu’elle soit compatible avec les données philosophiques du dogme chrétien. Pie XII, dans l’encyclique Humani generis, demande qu’elle soit conçue « comme créée et menée par Dieu, comme admettant en son sein l’âme spirituelle et libre ». L’Église rejette entièrement l’idée d’une évolution matérialiste ou mécaniste, qui est celle de nombreux savants admettant que l’homme est le pur produit d’une transformation progressive des formes de la matière et de la vie. Elle n’accepte l’idée d’une descendance animale pour l’homme, prouvée par la science, qu’à la condition d’affirmer que l’âme n’en provient pas, si Dieu pour former le corps du premier homme a pu se servir d’une matière déjà existante et vivante.

La doctrine catholique voit une coupure radicale entre les deux stades de la vie animale et de la vie raisonnable.

Ce pas décisif n’a pu être franchi que grâce à l’insufflation d’une âme im-mortelle dans le corps animal comme il est rapporté dans l’Écriture : « Dieu souffla dans ses narines un souffle de vie, et l’homme devint un être vivant. »

À un moment de l’évolution, une âme humaine serait brusquement apparue dans un organisme comportant déjà un cerveau et un système nerveux assez complexes. Quelque chose d’absolument nouveau et différent de ce qui existait auparavant aurait commencé, le premier Adam serait né.

Pourquoi ce Dieu trinitaire, qui jouit d’un bonheur plénier auquel rien ne peut être ajouté, a-t-il créé l’homme et pour quelle fin ? L’Église explique que Dieu se répand au-dehors parce que le bien est essentiellement diffusif et qu’il est de sa nature de se communiquer. Son but est sa propre glorification par l’expression de sentiments variés comme l’adoration, l’action de grâces, la louange, l’amour qu’une

créature intelligente manifeste devant ses perfections infinies. Mais il s’agit de sa glorification externe, laquelle ne lui est pas nécessaire, aussi la Création n’est-elle utile qu’aux créatures, ce qui est ainsi commenté par saint Thomas :

« Dieu crée en vue de son propre bien, mais non pas en ce sens qu’il veuille se procurer un bien [...], ce qu’il veut c’est faire largesse de son bien. »

Il y a d’abord une création invisible, qui est celle des esprits angé-

liques. L’Église, en s’appuyant sur l’Écriture, croit à l’existence de ces créatures qui sont des êtres purement spirituels, doués d’intelligence et de liberté. Ils occupent le sommet de la hiérarchie dans la Création. Ils ont de Dieu et d’eux-mêmes une connaissance parfaite. Pourtant — et l’Écriture est formelle —, plusieurs ont péché en se révoltant contre Dieu ; la raison en est que ces créatures spirituelles étaient douées, comme l’homme, de liberté, liberté de refuser de participer à la nature divine qui leur était proposée seulement comme un objet de foi et non comme une évidence qui eût entraîné une adhésion immédiate mais sans mérite, sans participation de leur libre arbitre. Une partie des anges ont donc refusé cette grâce divine, et ils ont péché en cherchant à être comme Dieu, indépendants ; c’est là l’acte d’orgueil par excellence qu’explique downloadModeText.vue.download 476 sur 573

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4

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saint Thomas : « L’ange pécha de la façon suivante : en se tournant par son libre arbitre vers son bien propre sans l’ordonner à la règle suprême qui est la volonté divine. »

Le péché originel et la

chute de l’homme

La création de l’homme est en partie similaire à celle de l’ange. Dieu l’a également élevé au-dessus de sa nature d’homme en lui communiquant une

participation à sa nature divine qui l’ordonnait à la vision béatifique. En même temps, Adam possédait et devait transmettre à sa descendance l’impassibi-

lité, l’immortalité et la science, mais à condition d’accepter librement comme les anges de coopérer aux desseins de Dieu en lui restant soumis. L’homme était donc destiné à atteindre cet état définitif plus parfait, et il dépendait de lui de le rendre tel en satisfaisant à une épreuve. En quoi a-t-elle consisté ?

Dans la mise en demeure d’obéir

à l’ordre que Dieu lui a donné de ne pas manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal.

Le récit biblique nous rapporte que l’homme a désobéi, et sa désobéissance constitue ce qu’on appelle le péché originel. L’Église a affirmé l’existence de ce péché, mais n’a pas défini sa nature. Pourtant, les théologiens ont exprimé leur opinion à ce sujet ; les Pères de l’Église, en général, ont vu un rapport entre le péché originel et le péché sexuel ; actuellement, la plupart des théologiens ont renoncé à cette interprétation.

Il semble que l’homme a péché en désirant s’égaler à Dieu. Il a voulu être Dieu, c’est-à-dire autonome, ne dépendre que de soi : c’est la même dé-

marche que celle des anges rebelles. La faute du premier homme et de la première femme a introduit dans le monde les misères qui pèsent sur l’humanité, qui se trouve ainsi déchue, et cet état de déchéance affirmé par l’Église, c’est le règne du péché, de l’inclination au mal, de la mort ; telles sont pour tous leurs descendants les conséquences du péché d’Adam et d’Eve. « Par un seul homme, dit saint Paul, le péché est entré dans le monde. »

Mais ce péché originel n’est pas une faute personnelle à chaque homme : c’est un péché habituel, ou mieux un état de péché. Il faut remarquer que, même après la suppression du péché originel par le baptême, la tendance au mal que ce péché a établie en nous subsiste ; c’est elle qui est à l’origine de tous les désordres que nous nommons péchés. Ceux-ci créent dans l’homme un état d’instabilité intérieur décrit par saint Paul : « Je ne sais pas ce que je fais. Je ne fais pas ce que je veux ; je fais, au contraire, ce que je hais. Vouloir le bien est à ma portée, mais non de l’accomplir. Car, le bien que je veux,

je ne le fais pas, et le mal que je ne veux pas, je le commets. Malheureux homme que je suis ! qui me délivrera de ce corps de mort ? »

Le péché n’est pas seulement individuel, il peut être aussi collectif. Il y a des aspirations communes à des groupes d’hommes qui sont d’autant plus néfastes que multipliées, ces convoitises égoïstes provoquant des luttes où s’affrontent familles, nations, races, aussi bien que les adeptes de religions différentes. C’est la mort qui est le pire châtiment du péché. Après leur faute, nos premiers parents y ont été assujettis suivant l’avertissement qui avait été donné à Adam : « Du jour où tu mangerais de ce fruit, tu mour-rais. » N’étant plus immortel, l’homme est redevenu sujet à la fatigue et à la peine, auxquelles sa nature propre le soumettait. « C’est par un travail pé-