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Le sacrifice doit être considéré à la fois comme un don, une offrande de soi à Dieu, dans le besoin qu’a l’homme de prendre conscience de sa condition de créature, de reconnaître sa dépendance envers son Créateur, de glorifier ses perfections et de le remercier de ses bontés. Or, confesser cette dépendance, c’est obéir à Dieu, proclamer notre relation envers lui, c’est le contraire de l’attitude d’Adam.

Les hommes ne peuvent revenir à

Dieu que par l’obéissance, et, comme celle-ci se ramène au sacrifice de soi, ils doivent s’offrir à lui en holocauste.

Sacrifice spirituel du coeur, mais aussi sacrifice visible, l’homme étant un être corporel qui doit s’incarner en un acte sensible. Mais il faut aussi que le sacrifice soit agréable à Dieu, qu’il soit accepté par lui. Le Christ réunit dans sa mort sur le Calvaire toutes ces conditions. Dans l’Evangile, il dit : « C’est pour cela que le Père m’aime, parce que je donne ma vie pour la reprendre.

Personne ne me la ravit, mais je la donne de moi-même. »

Le Christ offre à son Père son être corporel, il le donne de son pein gré, et cette offrande ne peut être qu’agréable à Dieu. « Vivez, dit saint Paul, dans la charité à l’exemple du Christ qui nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous, s’offrant à Dieu en oblation et en sacrifice d’agréable odeur. » En se faisant obéissant jusqu’à la mort sur la croix, le Verbe répare la faute originelle d’Adam, son refus d’obéir qui est le refus du dessein de la divinité sur

la créature. Dans l’Evangile, l’obéissance du Fils est souvent affirmée : « Je suis descendu du ciel non pour faire ma volonté à moi, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. »

Par son immolation sanglante, le Christ a procuré la libération de toutes les peines et de tous les tourments auxquels le péché originel avait réduit l’humanité, ce péché originel a pu être ainsi effacé par le nouvel Adam (mais non, on l’a vu, la tendance à pécher, rançon de notre libre arbitre). Mais c’est surtout la mort qui a été vaincue, qui était par excellence le châtiment de la faute originelle. Selon saint Paul,

« le Christ ressuscité des morts ne meurt plus, la mort n’a plus d’emprise sur lui. Sa mort fut une mort au péché une fois pour toutes ; sa vie est une vie pour Dieu. »

Cependant, la mort subsiste pour l’humanité, mais l’Église explique qu’elle est illusoire, momentanée et utile à l’homme, qui doit l’accepter comme une condition de son rachat, un moyen de se réconcilier avec Dieu.

Le triomphe définitif sur la mort et le mal est renvoyé à la fin des temps, dans une vision eschatologique de jugement dernier. D’ores et déjà, pour l’Église comme pour saint Paul, la mort a été vaincue, et l’apôtre des gentils peut proclamer : « La mort a été engloutie dans la victoire du Christ, Ô mort, où est ta victoire ? Où est, ô mort, ton aiguillon ? »

L’Église prolonge de son

corps mystique l’oeuvre

du Christ

L’assemblée des fidèles, que le baptême rassemble dans l’Église, est une continuation de la vie du Christ ; chaque chrétien, pour sa part, peut et doit prolonger le Christ. L’Église non seulement prolonge, mais achève et complète la mission de son chef suivant l’enseignement de l’apôtre Paul :

« L’Église, affirme-t-il, est le corps du Christ, la plénitude de Celui qui est complété par tous pour toutes choses. »

Le Christ historique est aussi un Christ mystique, tête d’un corps qui s’étend dans l’espace comme dans le

temps. Pour saint Jérôme, « il faut que le Christ prolonge ses mystères dans l’âme de ses fidèles pour que l’histoire du Christ arrive à toute sa vérité », et un mystique du XVIIe s. pourra écrire :

« La fête de tous les saints me paraît plus grande, en quelque manière, que celles de Pâques ou de l’Ascension, car c’est ce mystère qui rend Notre Seigneur parfait ; Jésus-Christ, comme chef, n’est pas parfait ni accompli s’il n’est uni à tous ses membres qui sont tous les saints ensemble. »

La communion des saints n’est

qu’un aspect du corps mystique.

Comme tous les membres d’un corps sont unis entre eux vitalement et organiquement, grâce à sa propre vie que le Christ leur communique, les chrétiens sont unis entre eux par un lien essentiel et profond. L’ordre nouveau ainsi instauré par le Christ et destiné à réaliser l’unité de tous les hommes n’est autre que l’Église. C’est en réunissant les hommes à son corps ressuscité, son corps spirituel, comme les membres d’un même corps à leur tête, que le Verbe leur permet de s’unir les uns aux autres. Saint Paul parle de « l’Église qui est son corps ».

Aussi l’Église constituée essentiellement par une personne vivante, le Fils de Dieu fait homme, est-elle assurée de l’éternité, de ne pas périr selon la promesse qui lui a été faite par son fondateur lui-même. C’est donc à une Église que le Christ a confié cette mission de parachever son corps mystique, et plus particulièrement à ceux qui devront continuer dans la suite des temps son action sanctifiante, dirigeante et ensei-gnante, c’est-à-dire aux douze apôtres et à leurs successeurs, qui constituent ce que l’on nomme la hiérarchie ecclésiastique.

L’Église est un moyen de com-

munication avec Dieu ; toute sa mission est de relier les hommes à Dieu dans le Christ et par lui. Pour pouvoir mener jusqu’au bout la tâche qui lui est confiée, la hiérarchie a été gratifiée de trois pouvoirs : celui d’enseignement, le magistère, celui d’ordre et celui de juridiction.

Par le pouvoir du magistère, l’Église est chargée de conserver les vérités de

la foi, de les enseigner, de les approfondir et d’empêcher les hommes de s’en écarter. Le fondement scripturaire se trouve dans l’Evangile de Matthieu :

« Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur terre, allez donc, enseignez toutes les nations. »

Quant au pouvoir d’ordre, c’est

celui, spécifiquement sacerdotal et pontifical, qui a pour but de sanctifier les hommes par les sacrements, lesquels sont administrés par la hiérarchie ecclésiastique qui possède la plénitude du sacerdoce, en ce sens que seuls les évêques peuvent transmettre ce pouvoir à d’autres, à la différence des simples prêtres, soit dans sa totalité en sacrant d’autres évêques, soit en partie seulement en ordonnant de simples prêtres.

Le pouvoir de juridiction, lui, est un pouvoir d’autorité qui habilite à gouverner les baptisés pour leur faire observer les commandements du Christ et de l’Église ; c’est l’essentiel du ministère pastoral, qui se fonde sur le précepte évangélique : « Pais mes agneaux, pais mes brebis. » Ce pré-

cepte s’adresse d’ailleurs à Pierre, et c’est dans la dépendance de ce dernier et de ses successeurs, les souverains pontifes, que les évêques exercent ce pouvoir.

La morale

Mais le nouvel ordre chrétien ne peut s’instaurer sur le seul plan religieux. Il y faut ajouter le plan moral. Y adhérer seulement par la foi, les sacrements, la soumission à l’Église ne peut suffire.

Le Christ a demandé à ses disciples d’apprendre aux croyants à observer tout ce qu’il leur a prescrit. Une transformation morale est donc nécessaire, il est indispensable de revêtir l’« homme nouveau » défini par saint Paul : « Vous avez été instruit à vous dépouiller, en ce qui concerne votre vie passée, du vieil homme corrompu par les convoitises trompeuses, pour vous renouveler, dans votre esprit et dans vos pensées, et revêtir l’homme nouveau, créé à l’image de Dieu dans une justice et une sainteté véritables. »