Ainsi, la montagne est demeurée un refuge de peuples isolés et se présente encore de nos jours comme le musée des traditions et un puzzle d’ethnies, de langues, de religions que reflète parfaitement l’inextricable découpage administratif ; celui-ci s’efforce de sauvegarder une certaine autonomie aux peuples habitant la montagne, les vallées et les dépressions.
Pendant longtemps, la montagne n’a joué qu’un rôle secondaire dans l’économie régionale. Elle fournit à l’avant-pays ses pâturages verdoyants durant l’été, fréquentés par les pasteurs semi-nomades ou transhumants des plaines.
Ses eaux, assez abondantes surtout dans le Centre et l’Ouest, plus éle-vés, mieux arrosés et comportant plus de 2 000 km 2 de glaciers, alimentent les réservoirs aux fins de production d’énergie électrique et d’alimentation des périmètres d’irrigation. Quelques ressources minérales sont exploitées dans la chaîne caucasienne, et le tourisme thermal s’est développé à Piati-gorsk et à Kislovodsk (où se trouve la célèbre source « Narzan »). Mais, dans l’ensemble, la montagne s’est dépeuplée au profit de la plaine, qui offre des emplois et des sources de revenus très supérieurs : ne restent au-dessus de 1 000 m que quelques tribus de pasteurs et d’agriculteurs sédentaires, groupés dans de pittoresques villages du nom d’aoul.
Les programmes de développement
économique concernent donc l’avant-pays (région du Nord-Caucase, faisant partie de la république de Russie) et les républiques transcaucasiennes.
L’exploitation des ressources minières (pétrole de la région de Bakou, minerais non ferreux, notamment le cuivre, traité à Roustavi et en Arménie), l’extension des superficies irriguées à partir des grands troncs fluviaux —
en particulier en Azerbaïdjan, dans la dépression Rion-Koura et en Arménie (dans la vallée de l’Araks [Araxe] et autour du lac Sevan) — et la naissance de grosses agglomérations urbaines (villes nouvelles, villes champignons
et capitales dépassant le million d’habitants, comme Tbilissi et Bakou) constituent les signes majeurs du développement de régions périphériques, longtemps isolées et négligées, mais dont l’avenir s’annonce brillant. Ces régions rassemblent plus de 15 millions d’habitants, population en croissance rapide en raison du maintien de taux d’excédents naturels élevés.
Elles ravitaillent l’Union soviétique en vins, fruits tropicaux, thé, riz, textiles, plantes oléagineuses et légumes. La production d’énergie électrique (environ 15 TWh) doit s’élever avec la mise en valeur du potentiel hydraulique. La prospection intense des hydrocarbures et des minerais doit entraîner une industrialisation accélérée, en particulier des branches métallurgiques, textiles et chimiques (production d’engrais).
Le pipe-line Bakou-Batoum, le nouveau réseau de gazoducs qui, à partir de Bakou, atteint Tbilissi et Erevan, le percement de voies ferrées nouvelles et de routes modernes doivent permettre le désenclavement de ces régions.
Enfin, dans le cadre d’une politique internationale plus ouverte, les pays du Caucase et transcaucasiens participent à l’ouverture des relations commerciales et même culturelles en direction de la Turquie, du Moyen-Orient et de l’Asie.
A. B.
F Azerbaïdjan / Géorgie.
Cauchy
(Augustin Louis)
Mathématicien français (Paris 1789 -
Sceaux 1857).
Son père, Louis François, né à
Rouen en 1760, avocat au parlement de Normandie et secrétaire, en 1783, de Thiroux de Crosnes, intendant de haute Normandie, qu’il suit à Paris en 1785, lorsque celui-ci est nommé lieutenant de police, se marie en 1787. Au moment de la Révolution, il échappe au sort de son maître, guillotiné en 1794, en se retirant à Arcueil, où il se lie avec le chimiste Claude Berthollet et le ma-thématicien et astronome Pierre Simon de Laplace. En 1800, à l’avènement du Consulat, Louis Cauchy devient
secrétaire archiviste du Sénat conservateur et fait connaissance, au palais du Luxembourg, du sénateur Louis de Lagrange (1736-1813), qui porte quelque intérêt à son fils aîné, Augustin. Celui-ci, envoyé à l’âge de quinze ans à l’École centrale du Panthéon, où il se distingue, entre second, en 1805, à l’École polytechnique. En 1807, il en sort premier dans le corps des Ponts et Chaussées. Il poursuivra jusqu’en 1815, une belle carrière d’ingénieur, qu’arrêteront des raisons de santé. Dès 1811, il se fait remarquer par des travaux de mathématiques ; il enseigne à l’École polytechnique à partir de 1815, downloadModeText.vue.download 489 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4
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et obtient en 1816 le Grand Prix de mathématiques. Par ordre du roi, il est inscrit la même année sur la liste des membres de l’Académie des sciences, en remplacement de Gaspard Monge (1746-1818), qui vient d’en être exclu.
Jusqu’en 1830, il enseigne tant
à l’École polytechnique que, pendant quelques années, au Collège de France, où il supplée Jean-Baptiste Biot (1774-1862) dans la chaire de physique mathématique. De plus, il est professeur adjoint à la Faculté des sciences. En 1830, refusant le serment au nouveau gouvernement, il s’exile volontairement en Italie et en Suisse, où il tente vainement de fonder à Fribourg une académie nouvelle ainsi qu’un collège. En 1832, le roi de Sardaigne rétablit pour lui, à Turin, la chaire de physique sublime qu’avait illustrée Amedeo Avogadro*. Mais, en 1833, le roi Charles X, exilé à Prague, l’appelle auprès de lui pour participer à l’éducation du duc de Bordeaux et lui confère le titre de baron. Rentré en France définitivement en 1838, Cauchy participe aux séances de l’Académie des sciences, que, même durant son exil, il avait toujours tenue au courant de ses recherches. En 1848, il occupe une chaire à la Sorbonne, d’où, en 1852, il est exclu pour refus de serment jusqu’en 1854, date à laquelle le gouvernement le réintègre en le dispensant du serment en même temps que Fran-
çois Arago.
Comme mathématicien, Cauchy fut
d’une fécondité extraordinaire, n’étant dépassé à cet égard que par Léonard Euler (1707-1783) et Arthur Cayley (1821-1895). Son oeuvre, à côté de celle de Carl Friedrich Gauss*, domine toute la première moitié du XIXe s. En géométrie, Cauchy démontre dans sa jeunesse, très rigoureusement, des propositions relatives aux corps poly-
èdres. En théorie des nombres, il établit vers la même époque une proposition de Pierre de Fermat (1601-1665) sur les nombres polygones. D’autre part, il est considéré comme l’un des fondateurs de la théorie des groupes finis.
Cependant, c’est en analyse infinitési-male que son oeuvre est capitale. Aux raisonnements formels des grands auteurs du XVIIIe s., Cauchy substitue des raisonnements rigoureux. Il considère ainsi les fonctions comme des applications du corps des réels ou du corps des complexes sur lui-même. Il montre l’importance des notions de continuité d’une fonction ou de convergence d’une série, donnant les critères de convergence dits « de D’Alembert et de Cauchy » et surtout les suites de Cauchy. Il précise la notion d’intégrale définie et enfin il fonde la théorie des fonctions de la variable complexe au moyen de l’intégrale de Cauchy.
J. I.
causalité et
déterminisme
Causalité, principe suivant lequel
« tout ce qui arrive a une cause par Laquelle il arrive ».
Déterminisme, hypothèse générale suivant laquelle tous les événements de l’univers sont liés ensemble de telle sorte que, s’il était possible de les connaître tous et intégralement à un moment donné, on constaterait qu’ils sont à la fois nécessairement conditionnés par tous les événements antérieurs et conditions nécessaires de tous les événements postérieurs.
Le principe de causalité ne fait pas problème tant qu’il procède du principe de raison suffisante : « On doit
pouvoir assigner à toute existence et à tout changement sa raison. » Mais la notion de cause a connu le problème issu de sa double signification, cause matérielle et raison d’un processus.