Выбрать главу

être les mêmes performances de rapidité, et à condition de s’être assuré d’une surqualification.

La dactylographie sur machine à écrire normale ne présente pas de difficulté majeure pour un opérateur aveugle entraîné.

Une méthode de sténographie Braille a été mise au point, et une machine spécialement conçue pour écrire cette sténographie.

Enfin, le magnétophone complète

l’équipement du dactylographe aveugle.

La formation est assurée dans trois centres essentiellement : l’Association Valentin Haüy, l’Association nationale pour la réhabilitation professionnelle par le travail protégé, l’Ecole de rééducation pour déficients visuels de Villeurbanne.

Le standard téléphonique

Il peut être assuré sans aucune réserve par un opérateur aveugle, moyennant certaines modifications techniques bien mises au point actuellement. Les voyants lumineux d’un standard classique sont remplacés par un système sonore, ou dactyle (digital).

Un fichier en braille peut être facilement constitué pour les numéros courants ; enfin, l’administration des P. T. T. accorde la gratuité de renseignements à tout opé-

rateur non voyant exploitant seul son standard. La formation de standardiste est assurée par les mêmes centres de formation que ceux pour la sténodactylographie.

Certaines professions manuelles

L’agriculture peut offrir à l’aveugle un débouché moyennant une vocation solide et une formation technique et pratique sérieuse. Un centre de formation existe à La Villeneuve-Sainte-Odile, spécialisant les jeunes gens dans l’élevage ou l’horticulture.

L’industrie, elle aussi, offre des débouchés. Des centres d’apprentissage familiarisent leurs élèves avec les travaux de montage et l’usage des outillages professionnels : le C. E. T. de Villeurbanne, le Centre de l’A. N. R. T. P., boulevard de Belleville à Paris.

Parmi les fabrications réalisées par la main-d’oeuvre aveugle, il faut citer celles de machines à écrire, d’appareils de précision et de matériel électrique, la fabrication de lampes, de petits moteurs, de matériel téléphonique et radiophonique, le travail sur plastique et sur carton, l’ébénisterie, le

conditionnement, la savonnerie, etc.

De véritables usines pour aveugles ont été créées en Suisse (Saint-Gall) et en U. R. S. S.

Les professions intellectuelles

Elles sont, naturellement, ouvertes aux aveugles. De brillantes carrières peuvent se développer pour eux dans l’enseignement, dans l’Administration, etc. L’accès et l’exercice de ces professions nécessitent une orientation fondée et une aide prolongée aux débutants, mais la multiplicité et la diversité croissante des réussites devraient permettre le recrutement de nombreux fonctionnaires aveugles.

J. C.

P. Villey, le Monde des aveugles (Corti, 1955). / P. Bailliart, l’Enfant aveugle (Doin, 1958). / A. Wexler, Experimental Science for the Blind (Oxford, 1961). / M. Fontaine, les Cécités de l’enfance (Masson, 1969).

Cèdre

F CONIFÈRES.

Cela (Camilo José)

Écrivain espagnol (Iria Flavia, Galice, 1916).

L’apprentissage de la

cruauté

Né de famille galicienne, il compte parmi ses ascendants des Anglais et des Italiens. Pourtant, l’écrivain, à la suite de tant de poètes et de romanciers du début de ce siècle, se complaît dans le spectacle d’une hispanité totale, fruste, primitive, granitique, dit-il même, comme certaine cordillère qui traverse l’Espagne de part en part (El gallego y su cuadrilla, y otros apuntes carpe-tovetónicos [le Galicien et son équipe, avec un bloc-notes carpétobétonique], 1955).

Un autre fait l’a marqué : la guerre civile. La vision d’un monde particulièrement absurde et cruel confirme le cynisme littéraire, la crudité artistique que lui transmettent Pío Baroja, Euge-nio Noel et José Gutiérrez Solana, ses modèles.

En 1942, Cela publie la Famille de Pascual Duarte, l’histoire d’un criminel invétéré, victime d’une confusion mentale dont la responsabilité retombe à la fois sur la nature et sur la société.

Car le personnage ne parvient pas à insérer sa violence innée et à l’état pur dans un monde hypocrite, retors et impitoyable. Son sort est certainement injuste. Pascual Duarte se venge : il confond coupables et innocents, parce que tout est mêlé dans sa tête comme dans les faits. Il tue un homme (pendant le déchaînement de la révolution), puis une jument, un homme, une chienne ; il finit par tuer sa mère, comme un enfant déchire une belle image qu’il aurait investie de trop de rêves et d’illusions.

« La bile empoisonna mon coeur » : en fin de compte, une femme avait mis au monde un monstre, et le monstre ne le lui pardonnait pas.

Or, le récit est à la première personne. C’est un trait constant du romancier. Le protéiforme Cela entre dans la peau du personnage, qui est au centre de la narration. Même lorsque, comme dans d’autres romans, le récit se déroule à la troisième personne, Cela multiplie les passages dialogués afin de mieux épouser les divers points de vue de ses êtres de fiction.

En 1943 paraît Pabellón de reposo (Pavillon des convalescents), avec de vagues souvenirs de son séjour en sanatorium. Là, l’intrigue disparaît, ou presque. Le moment et la circonstance s’estompent, et le fait humain isolé, désarticulé, sans cause ni fin surgit au premier plan, cruel en toute gratuité.

Rien n’est moins réaliste que l’art de Cela : il déforme systématiquement les données du réel en altérant les proportions de ses composantes.

L’exercice de la lucidité

Dans les Nouvelles Aventures et mé-

saventures de Lazarillo de Tormes (Nuevas andanzas y desventuras de Lazarillo de Tormes, 1944), Cela va jusqu’à supprimer radicalement le contexte social et, donc, les implications morales de son récit. La lucidité bannit tout sentiment. Mais c’est surtout un exercice de style, une sorte de

pastiche du premier des romans picaresques, le Lazarillo de 1554. Voyage en Alcarria (Viaje a la Alcarria, 1948), Del Miño al Bidasoa. Notas de un vagabundaje (Du Miño à la Bidas-soa, entre le Portugal et la France.

Bloc-notes de vagabondage, 1952), Judíos, moros y cristianos. Notas de un vagabundaje por Ávila, Segovia y sus sierras (Juifs, maures et chrétiens..., 1956) et Primer viaje andaluz. Notas de un vagabundaje pór Jaén, Córdoba, Sevilla, Huelva y sus tierras (Premier Voyage andalou..., 1959) attestent le goût récurrent de Cela pour le contact avec la condition humaine à l’état pur, qu’il trouve chez tant d’Espagnols de la montagne et de la plaine. Pour donner plus d’objectivité à sa transcription, certes arbitraire, du paysage et des habitants, l’auteur abandonne la première personne et s’abrite — sujet de la phrase — derrière un personnage downloadModeText.vue.download 502 sur 573

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4

2181

central nommé « le voyageur » ou « le vagabond », qui donne à voir. Ainsi :

« Le vagabond [...] se sent heureux —

et aussi un peu inquiet — devant ce spectacle de la Castille. »

Les souvenirs littéraires affluent pêle-mêle sur ses pages, ceux des poètes du XVe et du XXe s., Jorge Man-rique et Antonio Machado, ceux aussi des prosateurs, de la génération de 1900, Baroja, Azorín et Unamuno, parce que, eux non plus, ils n’avaient pas voulu se bercer d’illusions, parce que, eux aussi, ils avaient exploré l’Espagne avec la boussole d’un langage ferme et sans détour.

J. C. Cela juge donc de toute chose à longueur de pages. Il juge impartia-lement, du moins il veut nous le faire croire. Mais, de fait, la formulation de la sentence lui importe plus que l’équité, et l’invention verbale plus que la vérité. Et Cela recherche les mots signifiants les plus massifs, qui rudoient le lecteur et le font sortir de sa passivité.