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1359) à Chartres (avr. 1360), celui-ci impose, le 24 octobre 1360, à son royal prisonnier transféré à Londres le traité de Brétigny-Calais, dont les clauses financières, trop lourdes, ne peuvent être exécutées par Jean II le Bon, qui retourne à Londres où il meurt prisonnier le 8 avril 1364.

Dégagé du lien de l’hommage qui

le subordonnait au roi de France, Édouard III paraissait avoir atteint l’un des objectifs essentiels qu’il s’était assignés en 1337. Il ne semblait pas que la France pût les remettre en cause en raison de la très grave crise intérieure qu’elle traversa au lendemain de la dé-

faite de Poitiers : révolution parisienne dirigée par Étienne Marcel et marquée par les assassinats des maréchaux de Champagne et de Normandie, le 22 fé-

vrier 1358 ; politique particulariste du

roi de Navarre, Charles le Mauvais, libéré en novembre 1357 après avoir trouvé dès octobre 1356 aux états de langue d’oïl un habile porte-parole en la personne de Robert Le Coq, évêque de Laon ; soulèvement enfin des Jacques (paysans), qui, depuis mai 1358, se diffuse à partir du Beauvaisis vers la Picardie, le nord de l’Île-deFrance et même la Champagne.

L’habileté méconnue du dauphin

Charles, qui s’est réfugié à Compiègne où il tient de nouveaux états de langue d’oïl le 4 mai 1358, la crainte d’une remise en cause de l’ordre social, qui amène Charles le Mauvais à écraser les Jacques dès le 10 juin, le réflexe national des Parisiens, qui, le 31 juillet, assassinent Étienne Marcel, coupable d’avoir introduit des soldats anglais à Paris avec la complicité du roi de Navarre, tous ces faits facilitent le rétablissement de l’ordre monarchique.

La reconquête française (1360-

1380) et ses prolongements

(1380-1388)

Malgré l’inexpérience des premiers temps de sa régence (1356-1360), le dauphin Charles, devenu le roi Charles V en 1364, s’attache à réorganiser les finances, en tentant de rendre permanente la levée des impôts, en reconstituant une marine de guerre avec l’amiral Jean de Vienne et une armée avec l’aide et sous la direction de Bertrand du Guesclin, dont Olivier de Clisson poursuivra l’oeuvre sous Charles VI.

Par les armes ou par la diplomatie, il s’attache d’abord à priver l’Angleterre de ses alliés sur le continent. Vainqueur à Cocherel du roi de Navarre Charles le Mauvais le 16 mai 1364, Bertrand du Guesclin débarrasse le royaume de France des Grandes Compagnies en les menant en Espagne, où elles sont d’abord vaincues à Najera le 3 août 1367 par Édouard d’Angleterre, allié au roi de Castille Pierre le Cruel, à son tour défait le 14 mai 1369 à Montiel par du Guesclin et par Henri de Trastamare, le demi-frère de ce souverain, qui devient lui-même aussitôt roi de Castille.

Charles V obtient par ailleurs le retour de la Bretagne dans la vassalité française (premier traité de Guérande du 12 avril 1365) et s’assure de la fidélité de la Flandre, dont l’héritière unique, Marguerite, épouse en 1369 le duc de Bourgogne, Philippe II le Hardi, frère de Charles V. Il achève ainsi de priver l’Angleterre de ses principaux alliés sur le continent à l’heure même où Édouard III reprend le titre de roi de France, le 3 juin 1369.

Ayant négligé, en effet, de faire procéder à la ratification des renoncia-tions prévue par le traité de Brétigny-Calais de 1360, le roi d’Angleterre a laissé juridiquement la souveraineté de ses territoires continentaux au roi de France Charles V, qui s’en prévaut aussitôt pour recevoir les appels du comte Jean d’Armagnac et d’Arnaud Amanieu, sire d’Albert, le 30 juin et le 8 septembre 1368, et pour faire prendre par le parlement un arrêt confisquant pour la quatrième fois le fief continental du vassal anglais défaillant.

Promu connétable de France (2 oct.

1370), disposant de compagnies bien soldées et dotées de pièces d’artillerie, n’attaquant les positions adverses que par surprise et seulement lorsqu’il dispose d’une incontestable supériorité numérique locale, Bertrand du Guesclin surprend d’abord les Anglais à Pontvallain, puis à Bressuire en 1370, enfin parvient, en moins de quatre ans, à reconquérir leurs possessions continentales, ne leur laissant que le contrôle des trois ports de Calais, de Bordeaux et de Bayonne (1369-1374). Parallèlement, Jean IV de Montfort et Charles le Mauvais, ayant eu le tort de reprendre les armes contre leur souverain, perdaient respectivement le contrôle de la Bretagne (1373) et celui de la Normandie, à l’exception des ports de Brest (vendu aux Anglais en 1378) et de Cherbourg (1378), dont la possession permit aux Plantagenêts de compenser partiellement la défaite navale que leur avaient infligée les galères castillanes devant La Rochelle en septembre 1372, défaite qui leur avait fait perdre la maî-

trise de la mer. En fait, quand les principaux protagonistes du conflit eurent disparu (le Prince Noir Édouard en juin 1376, Édouard III en juin 1377,

Bertrand du Guesclin en juill. 1380 et Charles V en sept. 1380), la reconquête du royaume par les Valois était pratiquement achevée.

De trêve en trêve, la guerre se prolongea pourtant jusqu’en 1388, aucun des deux adversaires (Richard II [1377-1399] et Charles VI [1380-1422]) ne se résignant à traiter. Leurs forces s’affaiblissaient pourtant régulièrement du fait de nombreuses révoltes intérieures, qu’ils durent réprimer par la force et qui étaient en général provoquées par de trop lourdes impositions : celle des paysans anglais du Kent, dirigée par Wat Tyler en 1381 ; la Harelle de Rouen, en février 1382, ou l’insurrection de Maillotins à Paris, en mars suivant. À celles-ci s’ajoutent en France le banditisme des Tuchins du Languedoc et surtout le soulèvement des Gantois, désireux de se rapprocher économiquement de l’Angleterre, mais dont le chef, Filips Van Artevelde, est finalement vaincu par les armées de Charles VI à Rozebeke le 27 novembre 1382.

Dès lors incapables de mener à bien de nouvelles opérations offensives (échec de la chevauchée anglaise en Flandre en mai 1383 ; inefficacité de l’expédition de l’amiral Jean de Vienne en Écosse en 1385), les souverains acceptent de signer de nouvelles trêves, dont les dernières, dites « trêves géné-

rales », devaient durer du 29 septembre 1398 au 29 septembre 1426 (accord de Paris du 9 mars 1396).

Le temps des trêves (1388-1411)

Les crises intérieures traversées par l’Angleterre et par la France expliquent qu’elles aient été respectées jusqu’en 1411. Le conflit opposant Richard II à ses barons et à son Parlement jusqu’en 1399, l’élimination politique en 1399, puis physique en 1400 de ce souverain par son cousin Henri IV de Lancastre (1399-1413), la nécessité où se trouvait ce dernier de renforcer ensuite son pouvoir outre-Manche immobilisèrent longtemps les forces anglaises. En France, la folie de Charles VI en 1392, les querelles de ses oncles et cousins, qui débouchèrent sur l’affrontement des Armagnacs et des Bourguignons au lendemain de l’assassinat du duc Louis

d’Orléans par son cousin Jean sans Peur en 1407, contribuèrent à retarder la reprise des hostilités, surtout après qu’eut échoué une tentative faite pour liquider en 1404-1405 les positions anglaises sur le continent (en Guyenne et à Calais) à la faveur d’une intervention au pays de Galles, révolté contre Henri IV de Lancastre.

La conquête lancastrienne (1411-

1435)

Il n’en fut plus de même à partir de 1411. Craignant en effet de ne pouvoir asseoir assez solidement son pouvoir en France, Jean sans Peur fit appel en juillet 1411 au souverain anglais, qui intervint à ses côtés dans la région parisienne avant de mener une chevauchée de Cherbourg à Bordeaux en 1412 à la suite d’une imprudente sollicitation du parti armagnac. Henri IV étant mort le 20 mars 1413, son fils et successeur Henri V (1413-1422) n’attendit pas d’être appelé par les princes français pour intervenir au sud de la Manche.