L’activité industrielle est encore réduite et soumise au handicap des transports. Le réseau routier comporte 19 000 km de routes et de pistes, qui ne sont bitumées que dans les péri-mètres urbains. Le réseau fluvial n’est utilisable qu’à l’aval de Bangui et sur la Sangha. Le projet de raccordement d’une antenne de voie ferrée au Transcamerounais désenclaverait la République centrafricaine vers le port le plus proche : Douala. Actuellement, le port de Bangui assure un trafic de 150 000 t, dont les deux tiers à l’importation. Le quart du trafic intéresse le Tchad. Bangui est le premier point de rupture de charge sur l’axe Fort-Lamy - Pointe-Noire (qui comporte 1 200 km de route entre Fort-Lamy et Bangui, 1 200 km par voie fluviale de Bangui à Brazzaville, puis 510 km par voie ferrée jusqu’à Pointe-Noire).
y À côté de la vingtaine d’usines d’égrenage de la zone cotonnière, quelques huileries, la fromagerie de Sarki, les principales industries
sont dans la capitale ou ses proches environs. Les industries alimentaires (abattoir, brasseries et boissons gazeuses) se sont augmentées d’un complexe huilerie - savonnerie - minoterie - aliments du bétail à Ouango. Une manufacture de plastiques, une usine à gaz et une fabrique de peintures représentent le secteur chimique.
Outre l’usine de tissage de Bouali, un nouveau complexe textile (filature, tissage, impression) offre mille emplois. Des entreprises de montage de cycles, de constructions métalliques et la fabrique d’articles d’aluminium (Pechiney) ajoutent aux possibilités d’emploi de la capitale.
y Le commerce extérieur est à peu près équilibré. Les importations portent essentiellement sur les machines, les appareils électriques, les produits chimiques, l’habillement et l’alimentation ; les exportations sont dominées par le diamant (50 p. 100), vers les États-Unis et Israël, le café, le coton, les bois, en direction de la France et de l’Europe occidentale.
J. C.
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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4
2202
L’histoire
Le pays se présente comme une zone de transition constamment balayée par des peuples et des courants divers depuis la grande forêt congolaise jusqu’au sahel soudanais et tchadien. Seuls 10 000 Pygmées Bingas de la forêt et quelques tribus bantoues de Haute-Kotto et basse Lobaye ont résisté aux migrations d’origine soudanaise qui se sont succédé depuis le XVIe s. À
l’exception des piroguiers banziris du fleuve et de 30 000 Nzakaras, la population remonte à moins de deux siècles ; elle comprend essentiellement les Bandas-Yanguérés au centre, les agriculteurs bayas-mandjas à l’ouest, cohabitant avec les éleveurs bororos venus des hauteurs de l’Adamaoua, et surtout le vaste ensemble linguistique zandé.
Le pays fut d’abord ravagé par la traite, qui laissa pratiquement déserte sa moitié orientale. Les razzias foulbé drainaient encore vers l’ouest, au début du XXe s., plusieurs centaines d’esclaves par an. Sur le haut Oubangui (M’Bomou), les sultans négriers (Bangassou, Rafai, Zémio), favorisés après 1860
par l’installation de Zubayr (Ziber) au Bahr el-Ghazal, relayé par Rābaḥ, qui installa le cheikh Muḥammad
al-Sanūsī (Senousi) au Dar el-Kouti (1890), surent mettre à profit l’arrivée des Belges (1886-1889) pour renforcer leur autorité en monnayant l’ivoire contre des armes perfectionnées. Leur pouvoir despotique, surimposé à l’organisation villageoise traditionnelle, fut repris en compte par les Français (qui avaient fondé Bangui en 1889) après que la convention franco-belge du 14 août 1894 leur eut cédé la rive droite du M’Bomou.
Malgré les efforts du commissaire Victor Liotard (éliminé en 1898) pour aménager le haut fleuve, l’Oubangui-Chari représentait seulement, pour les Français, une voie d’accès vers le Tchad ou le Nil (mission F. J. Clozel en haute Sangha en 1895, missions C. Maistre, P. Crampel, J. Dybowski et E. Gentil vers le Chari et le Tchad, 1891-1900, mission J.-B. Marchand vers Fachoda et le haut Nil, 1898). À
partir de cette date, le pays, excentrique par rapport à l’empire, fut abandonné à une économie de pillage rigoureuse qui épuisa les hommes et les ressources. Le portage vers le bassin du Tchad (de Krébedgé (auj. Sibut) à Fort-Crampel) décima les Mandjas et donna lieu à des abus sans nombre, qui disparurent avec la construction des routes, entreprise par le gouverneur Lamblin (1918-1925).
À partir de 1899, le pays fut,
comme le reste du Congo, affermé à des sociétés concessionnaires qui se distinguèrent par la rudesse de leurs procédés d’exploitation : M’Poko, Kotto, Kouango français, Compagnie des sultanats du Haut-Oubangui. Cette dernière, la plus vaste avec 9 millions d’hectares pour un capital appelé de 2 250 000 F, connut, pendant dix ans, malgré ses exportations médiocres, des taux de production constamment
supérieurs à 50 p. 100, et parfois à 100 p. 100. Ces sociétés, strictement commerciales, ne firent aucun investissement, ne prévirent donc aucun amortissement et n’assurèrent aucun autofinancement. La Compagnie forestière Sangha-Oubangui (dénoncée par André Gide) prolongea le système jusque vers 1930.
Ces abus, en même temps que les
exigences accrues de l’administration chargée de percevoir l’impôt de capitation, furent à l’origine de la grande révolte qui souleva tout le pays baya de 1928 à 1934 derrière le « féticheur »
Karinou. Mais la Compagnie forestière perdit dans ses comptoirs commerciaux (cédés à la Société commerciale de l’Ouest africain [S. C. O. A.] à la suite de la grande crise) les bénéfices tirés du caoutchouc et se reconvertit dans l’exploitation des caféiers.
Les plantations, issues du régime non moins impopulaire des cultures obligatoires, prirent en effet le relais.
La production cotonnière, confiée à des sociétés privilégiées, est aujourd’hui regroupée dans une société d’économie mixte (Union cotonnière centrafricaine). L’exploitation de l’or, puis du diamant débuta également dans l’entre-deux-guerres. L’Equatoriale des mines naquit en 1928. Mais le pays resta en-tièrement tributaire de l’aide française.
À la suite de la guerre, du ralliement à la France libre et de la Constitution de 1946 définissant l’Union française, le jeune prêtre Barthélémy Boganda (1910-1959) devenait en 1946, malgré l’hostilité des colons, le premier député de son pays. D’abord inscrit au groupe M. R. P., il entreprit de lutter contre la coercition administrative de la culture du coton par l’organisation de coopératives, et fonda le premier parti politique, le Mouvement d’évolution sociale de l’Afrique noire (M. E. S. A. N.). Elu président du Grand Conseil de l’A. - E. F. (dont l’Oubangui-Chari faisait partie depuis 1910), il ne réussit pas à faire adopter son projet d’une république confédé-
rale, mais devint, le 1er décembre 1958, président du gouvernement de la République centrafricaine, qui fit d’abord partie de la Communauté et qui devait
acquérir son entière indépendance en 1960.
Après la mort accidentelle de Boganda (mars 1959), son cousin David Dacko (né en 1932) lui succéda et supprima le parti d’opposition, le Mouvement d’évolution démocratique de l’Afrique centrale (M. E. D. A. C.).
Lorsqu’il voulut imposer une politique d’austérité en réduisant de 10 p. 100
le traitement des fonctionnaires, il fut éliminé, dans la nuit du 31 décembre 1965, par le coup d’État militaire du colonel (puis général) Jean Bedel Bokassa (né en 1921). Le régime s’est orienté, depuis lors, vers un style de plus en plus personnel.
Le Tchad et la République centrafricaine crurent, un moment, remé-
dier à l’absence de marché intérieur en participant à l’Union douanière et économique de l’Afrique centrale (U. D. E. A. C., fondée en 1966).