tés intermédiaires à grain épais (type Bulu de Ceylan). Le Catalogue mondial des variétés de la F. A. O. retient 63 caractéristiques indiquant l’origine, la morphologie, la biologie et les aptitudes culturales d’un Riz. Les objectifs de l’amélioration génétique pour augmenter la productivité des variétés sont triples : accroissement du rendement ; adaptation aux conditions culturales ; obtention d’une qualité déterminée.
y L’accroissement du rendement
cultural résulte, toute autre condition de végétation restant comparable, du nombre de talles (par pied ou par unité de surface) portant une panicule, du taux de stérilité, du nombre de grains par panicule (proportionnel à sa longueur) et du poids moyen des grains.
On recherche aussi une réponse aux fortes fumures. L’amélioration de la valeur nutritive du Riz conduit aussi à apprécier le rendement protéique et non pas seulement le rendement pondéral.
y L’adaptation aux conditions culturales est liée d’abord à la réalisation d’un cycle végétatif en phase avec les conditions de climat d’un milieu extériorisant un phénotype optimal. Si chaque variété a son milieu optimal, on peut néanmoins définir quelques traits essentiels de l’écologie du Riz.
La période du tallage influe principalement sur la durée du cycle ; la fin de cette période est provoquée par la montaison, induite après des jours courts chez les variétés photosensibles (Indica surtout) et une certaine somme de température. Les plus forts rendements sont obtenus pour des durées de cycle de 90 à 150 jours. Une somme de températures de 2 400 °C à 3 600 °C
est requise pour les Riz précoces, de 3 400 °C à 4 600 °C pour les tardifs.
Ces conditions de chaleur sont impé-
ratives pour la localisation de la rizi-
culture (jusqu’au 45e parallèle) ; en culture aquatique, il faut disposer de 1 000 à 1 500 mm d’eau (15 000 m3/
ha) pour une culture de 100 jours en sol moyen, compte tenu des pertes et de la transpiration de la plante. En pays tempéré, la période chaude correspond à une période de jours longs, ce qui y rend difficile l’implantation de Riz photosensible (Indica, à grain long).
L’adaptation aux conditions culturales est aussi fonction des techniques culturales, l’introduction de la moissonneuse-batteuse par exemple exigeant une résistance à la verse (paille courte, inférieure à 1 m) et à l’égrenage. Les caractères de résistance aux parasites sont aussi essentiels, vu le coût et la difficulté des traitements en conditions tropicales. Citons les résistances aux maladies mycéliennes et aux parasites animaux. Si le milieu aquatique de la rizière comprend des organismes favorables (Algues oxygénantes et nitrifiantes), il héberge aussi de nombreux parasites (plantes aquatiques [Scirpes, Panic], Crustacés herbivores...).
y L’obtention de grains de qualité déterminée joue sur trois plans.
— Plan technologique. Il faut une forte proportion de caryopse par rapport au paddy (= caryopse avec ses glumelles, ou balles) pour accroître le rendement au décorticage et la résistance aux brisures à l’usinage.
— Plan commercial. Le grain long est surtout recherché par le consommateur des pays développés. Les pigmenta-tions du péricarpe, altérant la blancheur du Riz usiné, sont à écarter (exception faite des Riz rouges de Madagascar).
On juge la présence ou non du ventre blanc du grain et son importance ; la cassure du caryopse doit être transparente (Riz amidonneux non collant), l’aspect crayeux indiquant la présence de dextrines solubles à chaud (Riz collant). Ces caractères commerciaux sont très variables selon les consommateurs.
— Plan alimentaire. Il est important d’améliorer la valeur alimentaire et surtout la teneur en protéine du Riz.
Systèmes culturaux
Les exigences de culture du riz ont conditionné les rites et les structures sociales de nombreuses civilisations.
Le Riz de culture sèche, ou Riz pluvial, est pratiqué de façon itinérante par de nombreuses populations en Afrique, sur les plateaux indochinois (système du ray, ou culture sur brûlis), en Indonésie, aux Philippines... On pratique le semis direct à la volée ou en paquets, derrière défriche et brûlis. La conduite de la culture n’est guère différente de celle des Millets, mais demande des terrains plus fertiles et mieux arrosés.
En Afrique, les peuples possesseurs de semences de Riz sont historiquement souvent les envahisseurs et les plus puissants. Ce système a souvent été rendu responsable de la dégradation des sols par érosion, car il laisse le sol nu ensemencé avant la saison des pluies. Il exige une jachère d’au moins dix ans pour que se refasse la couche organique du sol. La culture sédentaire du Riz pluvial existe, mais en région tempérée (Chine, Japon), où le Riz est assolé. La découverte récente de Riz pluviaux tropicaux à haute productivité redonne un intérêt certain à ce type de culture. Elle ne permettra la suppression de la jachère et la sédentarisation que si le problème de la conservation des sols est résolu. La culture itiné-
rante sans ces nouveaux riz est très peu productive et extensive (600 kg/
ha pour 100 kg de semence pour le ray indochinois).
En système traditionnel, la culture irriguée est beaucoup plus productive et joue une part essentielle dans la production mondiale. Elle exige une organisation sociale rigide, une grande disponibilité de main-d’oeuvre et une maîtrise du milieu. Les contraintes techniques sont très fortes et ont été ré-
solues par des systèmes sociaux d’exigences différentes. Il faut des parcelles rigoureusement planes (contrôle du niveau de l’eau), closes par des diguettes entretenues et désherbées, solidaires les unes des autres pour l’adduction et l’évacuation d’eau. Il en résulte que le choix des variétés, des dates de semis en pépinière, du repiquage et de la récolte est à régir collectivement. Le repiquage est très exigeant en travail.
Mais il est supérieur pour l’instant au
semis direct ; il permet une occupation du sol moins longue (d’où plusieurs récoltes par an et davantage de temps pour préparer le sol), une destruction efficace des adventices et un contrôle facile de la densité de peuplement (10
à 20 touffes par mètre carré) et du tallage. Après le repiquage, on doit contrôler une élévation progressive de la nappe d’eau jusqu’à la floraison.
À la récolte, la rizière est asséchée en général. On moissonne à la faucille ; les panicules sont mises en gerbe pour finir le séchage. C’est une opération fastidieuse (un homme fait un hectare en 10 à 20 jours), mais nécessaire pour les opérations de battage traditionnel.
Le paddy ainsi obtenu est stocké en grenier aéré, l’usinage (ablation des balles et des téguments du caryopse) se fait progressivement, dans le cadre du village ou de la famille.
La productivité des systèmes traditionnels est certes limitée par l’usage de variétés peu productives (mais rustiques, c’est-à-dire résistantes aux conditions écologiques adverses) et par le non-usage des engrais, trop chers.
De plus, il ne faut pas sous-estimer le rôle d’un contrôle imparfait de l’eau (le paysan reste tributaire des pluies, des crues et des décrues), de sols asphyxiés (abus de culture aquatique continue) et malsains (parcelles en situations basses, mauvais drainage).
Les rendements moyens en Asie sont passés de 14 q/ha vers 1950 à 19 en 1968. Au Japon, qui pratique une riziculture rationnelle et peu mécanisée, les rendements moyens oscillent autour de 60 q/ha.
Les systèmes mécanisés, pratiqués aux États-Unis (Riz introduit vers 1700, mécanisation postérieure à la suppression de l’esclavage) et en Europe méridionale, restent peu étendus. Le coût de la résolution de problèmes techniques n’est consenti qu’en contrepartie d’une pénurie de main-d’oeuvre. La puissance des engins de terrassement permet d’aménager des parcelles planes et endiguées, en situation saine (parcelles en courbe de niveau) et à alimentation en eau contrôlée (réservoirs par barrage, adduction d’eau par pompe, etc.).