La non-culture pendant la saison froide et l’introduction de cultures sèches
permettent une réoxydation des sols, ce qui est impératif en condition non tropicale. Le repiquage semble abandonné au profit du semis direct avec des semences prégermées ; les rendements se ressentent d’un contrôle de la densité et du tallage inférieur à celui exercé par le repiquage. Les adventices se développent aussi pendant la première phase de croissance du Riz (Graminacées du genre Echinochloa ou Oryza, Cypéracées, Typhacées...), et les traitements herbicides sont difficiles à pratiquer en culture aquatique.
La fumure de fond est faite avant semis ; l’ammoniaque et les nitrates downloadModeText.vue.download 539 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4
2218
sont à doser en fonction du sol, du climat et de la plante en cours de végé-
tation. La récolte se fait par moissonneuse-batteuse, le séchage ayant lieu postérieurement pour la conservation en silos (paddy à 15-20 p. 100 d’humidité). Les rendements européens plafonnent autour de 40 q/ha depuis 1945, l’effort portant surtout sur l’obtention de variétés à grain long et sur la mécanisation. Aux États-Unis, le rendement moyen est passé de 25 à 50 q/ha entre 1950 et 1968.
Utilisation du Riz
Après une durée variable de stockage, le paddy est débarrassé de ses balles (correspondant aux glumelles) ; on obtient ainsi le Riz décortiqué, ou Riz cargo, qui est soit transporté sous cette forme, soit stocké, ou encore immé-
diatement soumis à l’opération du blanchiment. Cette opération réalise, plus ou moins parfaitement selon la technique employée (du pilon domestique aux rouleaux coniques), l’ablation des différentes couches du péricarpe, des téguments séminaux et de la couche d’aleurone. Les « issues » de blanchiment et les brisures sont utilisées pour l’alimentation animale ; le Riz blanchi ou semi-blanchi est prêt à la consommation. Pour répondre aux besoins de présentation exigés par certains consommateurs, le Riz est poli (par brossage) et glacé (enrobage de
talc et de glucose). Industriellement, le poids du Riz après usinage est de 60 à 70 p. 100 du poids de paddy ; les méthodes traditionnelles ont des rendements très variables, n’excédant pas souvent 50 p. 100.
Le blanchiment est responsable
d’une perte importante de lipides (du paddy au Riz blanchi, la teneur tombe de 5 à 1 p. 100) et de la quasi-disparition des vitamines A, des vitamines E et des vitamines du groupe B. La découverte des carences dans le Riz de la vitamine B antibéribérique est à l’origine de la découverte du rôle des vitamines.
Pour un homme, 700 g de
Riz par jour assurent une ration (350 cal/100 g), ce qui met le Riz en net avantage sur les tubercules de consommation courante en pays tropicaux (Manioc = 120 cal/100 g). Mais le Riz est une des plus pauvres céréales si l’on considère sa teneur en protéines (8 p. 100), en lipides (1 p. 100) et en vitamines. On cherche à remédier à cet inconvénient par des opérations d’enrichissement ou d’étuvage (l’action de la chaleur avant blanchiment fait migrer lipides et vitamines à l’intérieur du grain).
Le Riz sert aussi à la fabrication de nombreux alcools (saké japonais par exemple).
Production et commercialisation
Il est difficile d’estimer le rendement moyen mondial à l’usinage : pour 280 Mt de paddy produites, la production mondiale de Riz doit dépasser 175 Mt en 1968, en grande partie consommée sur place. Pour 100 Mt produites par an vers 1930-1940, 8 Mt seulement étaient commercialisées. Les pays exportateurs d’alors ont régressé (Viêt-nam, Birmanie) ou stagné (Thaïlande, Égypte), ce qui a fait tomber le commerce mondial à un minimum de 5 à 6 Mt vers 1950-1960
(4 p. 100 de la production mondiale).
Depuis, la venue de nouveaux exportateurs (États-Unis) et de nouveaux clients (Afrique) redresse sensiblement le trafic mondial (7,3 Mt en 1964 : 4,1 p. 100 de la production). Les prin-
cipaux producteurs (Chine, Inde, Pakistan) n’exportent pas, sauf excédents occasionnels.
Le Sorgho
Céréale tropicale constituant avec les Millets le groupe des mils, ou céréales à petits grains, le Sorgho (ou gros mil) joue un rôle essentiel dans l’alimentation des peuples des régions tropicales sèches. Sa récente expansion en climat tempéré est due à son utilisation en fourrage vert.
Botanique
De la famille des Graminacées, le genre Sorghum est situé dans la tribu des Andropogonées. Il comprend des espèces annuelles et des espèces vivaces à rhizomes. De haute taille (1 à 4 m), il comporte plusieurs tiges par pied (phénomène du tallage) portant une inflorescence en panicule, compacte chez les espèces cultivées. Un épillet sessile, fertile, accompagné de deux épillets stériles pédicellés caractérise le genre.
Le Sorgho à grains est connu en Inde depuis la plus haute antiquité, mais on trouve partout dans le monde des es-pèces sauvages plus ou moins domestiquées. C’est probablement de l’Inde qu’il fut introduit en Asie antérieure.
Au début de l’ère chrétienne, le Sorgho est connu dans le Bassin méditerranéen et en Afrique tropicale. Il est introduit d’Afrique en Amérique avec la traite des esclaves. Ce n’est qu’après 1876 que commence aux États-Unis une culture commercialisée du Sorgho, avec l’introduction de nouvelles varié-
tés. Grâce aux progrès réalisés dans ce pays, cette culture reprend un intérêt croissant dans le monde.
Agronomie
On reconnaît, dans les pays de culture traditionnelle de Sorgho à grains, diffé-
rents types cultivés : Durra, à panicule compacte et épillets ovales (Égypte, Soudan) ; Shallu, à panicule lâche et conique (Inde) ; Kaoliang, à panicule lâche et ovale, résistant aux basses températures (Chine) ; Milo, à panicule compacte et glumes noires (Éthiopie) ;
Kafir et Sorghum gambicum en Afrique et aux États-Unis. Le Sorgho à grains s’étend dans les pays de grande culture sous forme de variétés obtenues par hybridation. Un des objectifs premiers de l’amélioration des plantes est d’obtenir des variétés à paille courte permettant la récolte par les moissonneuses-batteuses utilisées pour les autres céréales.
Les Sorghos fourragers sont des hybrides de grande taille, à tige juteuse ou sèche, apte à fournir du grain et de la matière verte aux animaux.
Les Sorghos sucriers sont cultivés aux États-Unis, où l’on utilise leur moelle juteuse et sucrée.
Les Sorghos à balai sont de culture ancienne dans la zone méditerranéenne.
Seul le Sorgho à grains est une
céréale. Plante exigeante en chaleur (27 °C à 30 °C en pleine végétation), à cycle végétatif de 5 à 7 mois, elle est plus résistante que le Maïs à la sécheresse. Trois éléments contribuent à constituer cette résistance : son réseau racinaire, dense et fin, exploite à fond les réserves du sol ; sa morphologie cellulaire le rend apte à limiter sa transpiration (cuti-cules épaisses, petites cellules stoma-tiques) ; son mode de fécondation le met à l’abri des accidents provoqués par la sécheresse chez le Maïs. Mais le long cycle végétatif exige davantage d’eau que pour les Millets. Lorsque l’eau n’est pas facteur limitant, le Sorgho est comparable au Maïs, mais les difficultés de récolte mécanique et sa non-tolérance des basses températures (exigence de 12 °C à 15 °C pour germer) limitent encore son extension.
Par contre, en condition tropicale, c’est la plante idéale qui se substitue au Riz dès que les ressources en eau manquent ; elle est remplacée par les Millets dans les conditions plus arides.
On trouve le Sorgho dans les zones de 400 à 700 mm de pluies annuelles. En région humide, la densité de plantation est de 50 000 pieds à l’hectare ; elle peut tomber jusqu’à 20 000 pieds à l’hectare en région sèche. La lutte contre les adventices s’impose ; le sar-clage est traditionnel en Afrique noire.