Aimant la vie fastueuse et s’endet-tant auprès de créanciers anglais ou italiens, les ducs de Brabant faisaient solder leurs dettes par les seigneurs et les bourgeois de leur principauté, où Anvers s’éveillait au grand commerce, en concurrence avec Bruges. En échange, ceux-ci obtinrent des garanties contre l’arbitraire du prince. Ainsi fut accordée par Jean II (1294-1312) la charte de Cortenberg (sept. 1312), qui créa un Conseil de quatre seigneurs et de dix bourgeois chargés de veiller au respect des libertés et privilèges du pays.
Sous Jean III (1312-1355), les chartes romanes (juill. 1314) interdirent, en outre, au duc de disposer de ses biens sans le consentement des représentants du pays.
À la mort sans descendant mâle de Jean III, le Brabant échut au gendre de celui-ci, Venceslas de Luxembourg.
Craignant le démembrement du duché, les villes lui imposèrent la « Joyeuse-Entrée » (3 janv. 1356), charte qui garantissait les droits individuels : liberté de l’individu, obligation d’un décret judiciaire pour opérer une arrestation, inviolabilité du domicile. D’après cette charte, le souverain devait obtenir le consentement des trois ordres (noblesse, clergé, délégués des villes) pour conclure une alliance ou un traité de commerce, déclarer la guerre, céder un territoire, lever les impôts et frapper la monnaie.
Sous le règne du faible Venceslas, des troubles populaires éclatèrent à Louvain, puis à Bruxelles. Après les avoir soutenus secrètement afin d’affaiblir les patriciens de la riche Gilde de la Draperie, Venceslas rétablit l’ordre.
Les gens de métier obtinrent cependant le partage de l’échevinage avec les patriciens. Mais l’industrie drapière était très affaiblie, et un grand nombre de tisserands durent s’exiler en Angleterre et dans le nord des Pays-Bas.
Venceslas mourut sans enfants en 1383. En 1403, sa veuve, Jeanne de Brabant († 1406), désigna comme héritier le fils de Philippe le Hardi, Antoine de Bourgogne, qui mourut à Azincourt.
Son fils Jean IV (1415-1427) lui succéda : fondateur de la célèbre université de Louvain (1426), il dut faire face aux exigences des communes braban-
çonnes et des tisserands bruxellois, et accorder à ces derniers le droit de nommer la moitié des échevins. Peu après, les trois états le placèrent sous la tutelle d’un conseil.
Après la mort sans héritier direct de son frère, Philippe de Saint-Pol (1427-1430), les états de Brabant désignèrent Philippe* le Bon comme
« droit héritier du pays », écartant la candidature impériale. Incorporé aux Pays-Bas*, le duché fut divisé en trois quartiers : Anvers (marquisat d’Anvers et Campine brabançonne), Louvain et Bruxelles, ce dernier subdivisé en pays flamand (Bruxelles et la seigneurie de Malines) et en pays wallon (Nivelles,
Genappe, Gembloux, etc.). La révolte des Provinces-Unies l’amputa du Brabant-Septentrional en 1648. Lorsque la Belgique fut réunie à la France le 1er octobre 1795, les limites de l’ancien duché furent modifiées ; sa partie mé-
ridionale forma le département de la Dyle, dont la délimitation est celle de la province actuelle.
O. G.
F Belgique / Bruxelles / Pays-Bas.
H. Pirenne, Histoire de Belgique (Lamer-tin, Bruxelles, 1900-1932 ; 7 vol.). / Ouvrage collectif, Brabant (Dessart, Bruxelles, 1952). /
M. Martens, l’Administration du domaine ducal en Brabant au Moyen Âge, 1250-1406 (Palais des Académies, Bruxelles, 1955).
Brabant
Province de Belgique ; 2 198 000 hab.
(Brabançons). Ch.-l. Bruxelles.
La province décrite ici ne représente qu’une fraction du Brabant historique, mais c’est la partie la plus peuplée.
Le Brabant est un plateau qui
s’abaisse du sud (160 m) au nord (80
à 100 m) ; à l’extrême nord, le plateau fait place à une basse plaine alluviale : la Vallée flamande, allongée ouest-est depuis la mer. La partie sud du plateau diffère de la partie nord : plus élevée, elle repose sur un socle primaire (qui affleure au fond des vallées) recouvert de sables, eux-mêmes recouverts de downloadModeText.vue.download 59 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4
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limons ; le plateau est peu disséqué. La partie nord, plus basse, est formée de couches plus récentes, sables et argiles, et les limons de couverture font place à des sables ; la dissection est plus forte ; on passe à des régions moins fertiles : Campine brabançonne, Hageland.
Trois cours d’eau coulent du sud vers le nord (la Senne, la Dyle et la Gette) et vont se jeter dans l’axe est-ouest, Demer-Rupel, de la Vallée flamande.
Les trois domaines linguistiques belges s’y rencontrent : la limite linguistique coupe le Brabant ; l’arrondissement de Nivelles est francophone, les autres (Bruxelles [communes périphé-
riques], Halle-Vilvoorde et Louvain) sont néerlandophones, mais Bruxelles capitale est bilingue.
Le Brabant est une région agricole généralement riche. Sur les plateaux limoneux du sud dominent le blé et la betterave industrielle (20 à 30 p. 100
de la surface agricole utile), le lin et l’herbe (20 à 30 p. 100 de la S. A. U.), dans un paysage de champs ouverts et d’habitat groupé en villages non serrés. Il existe des grandes exploitations, mais surtout des exploitations moyennes en faire-valoir indirect ; les densités sont supérieures à 100.
Les cultures font parfois place à la forêt, surtout à l’est de la Senne (magnifique futaie de hêtres de la forêt de Soignes, puis de Bruxelles). À l’ouest et à l’est de Bruxelles ainsi qu’au nord, dans la plaine de la Vallée flamande, de très petites exploitations se consacrent aux cultures maraîchères ou fruitières ; au sud-est de Bruxelles, notamment, la région est entièrement recouverte de serres où l’on fait mûrir du raisin en toute saison. Vers l’ouest, il y a plus d’herbe, et l’habitat manifeste une tendance à la dispersion : c’est une zone de transition vers l’agriculture flamande.
Le contact entre le plateau et la Vallée flamande est le site par excellence des villes belges : ici, Louvain et Bruxelles, mais Bruxelles a été préfé-
rée par les comtes de Louvain à la fin du XIVe s. Ce contact crée une rupture des conditions de circulation le long des routes nord-sud, et ces villes se trouvent d’autre part sur la grande voie ouest-est qui, suivant le plateau, va de la mer à Cologne ; une ville est née aux croisements de cette voie ouest-est avec des vallées sud-nord (la Senne pour Bruxelles, la Dyle pour Louvain).
Mais la principale ligne de force actuelle est à l’ouest, orientée nord-sud, le long de la Senne, c’est l’axe A. B. C. (Anvers-Bruxelles-Charleroi), principal axe de force de la Belgique après celui de la Haine-Sambre-Meuse.
Il est suivi actuellement, outre le chemin de fer, par le canal de Willebroek (à 3 000 t) prolongé vers le sud par le canal de Charleroi à Bruxelles (à 1 350 t) ; il est également en partie autoroutier. Là se rassemblent, dans la seule province de Brabant, 1 600 000 personnes. En plus de la capitale, premier centre financier et premier centre industriel du pays, il se compose de villes industrialisées par la circulation : au nord, Vilvoorde (industries métalliques, chimiques et alimentaires) ; au sud, Halle (textile, métallurgie), Tubize (textiles chimiques, matériel ferroviaire, industries mécaniques et chimiques), Clabecq (acié-