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rans de Pompée et aussi à la plèbe de Rome. Une autre étend ces dispositions à la Campanie. Les comptes rendus des séances du sénat seront désormais affichés. Enfin, et c’est là l’une des premières manifestations d’un intérêt particulier de César pour l’Égypte, le roi Ptolémée XIII Aulète est reconnu, avec le titre d’ami et d’allié du peuple romain, ce qui vaut à César un pot-de-vin qui le débarrasse de ses dettes.

Autre bénéfice de ce consulat : César s’est procuré de nombreux partisans.

Le gouvernement provincial qu’il devait obtenir à l’expiration de son mandat pouvait également étendre sa clientèle politique par l’enrichissement de la soldatesque et accroître son prestige militaire à la faveur d’une guerre de conquête. Le sénat l’avait vu venir de loin et avait décidé que les provinces consulaires seraient « les forêts et les drailles » des régions pauvres d’Italie.

Alors, César s’entend avec un tribun de la plèbe, P. Vatinius, qui fait casser le décret sénatorial et lui fait attribuer pour cinq ans la Cisalpine et l’Illyrie, le sénat y ajoutant de lui-même la Nar-bonnaise. À Rome, on ne doit pas intriguer derrière son dos : Clodius est élu tribun de la plèbe, Cicéron, son adversaire farouche depuis l’affaire Catilina, part pour l’exil, et les consuls pour 58

sont ses amis. César peut partir.

La conquête des Gaules

La conquête des Gaules, effectuée de 58 à 51, représente le premier grand épisode de la vie de César. C’est elle qui fait du politicien heureux un personnage de l’histoire.

Les Gaulois avaient la réputation d’ennemis redoutables, depuis qu’à l’époque primitive ils étaient venus déranger les Romains chez eux. Leur pays paraissait riche et peuplé, et, audelà, leurs routes menaient à l’étain britannique. César avait voulu cette guerre. Il ne chercha, du moins au début, que la soumission des chefs et la constitution de protectorats. Mais il lui fallait nécessairement guerroyer pour se procurer du butin, donc de l’argent.

De là des campagnes successives, qui vont se prolonger d’autant plus longtemps que la pacification n’est parfaite qu’après des sursauts de révolte. De là aussi une armée qui s’accroît, en même temps que l’autorité de son chef.

Il est impossible de reconstituer les allées et venues de César à travers les Gaules. La localisation des oppida qui furent assiégés, bien qu’à peu près certaine dans l’ensemble, laisse la possibilité de controverses. De même, les causes et les faits eux-mêmes n’apparaissent pas avec la plus grande évidence. D’où cela provient-il ? De César lui-même, qui, par ses Commentaires

sur la guerre des Gaules, est notre source presque unique. Or, il est apparu de plus en plus que c’était là une oeuvre tendancieuse. Il semble démontré aujourd’hui que ces Commentaires, faits à partir de rapports réguliers au sénat, remaniés par la suite, sont une oeuvre de propagande, où les faits sont intentionnellement obscurcis, pour ne pas tout révéler aux autres généraux de son art militaire, ou déformés de diverses façons, pour rehausser le prestige de César lui-même, minimiser le rôle de ses légats, enfler l’importance des adversaires (Vercingétorix) et rendre la victoire plus glorieuse. Il en résulte qu’il faut lire entre les lignes : ce déchiffrement n’est pas achevé. En dehors des opérations militaires, il y eut des négociations, que César nous raconte à sa façon et qui demeurent entourées de mystère. On sait que les downloadModeText.vue.download 566 sur 573

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4

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druides jouaient un grand rôle politique : César n’y fait guère allusion.

On soupçonne aujourd’hui l’un d’eux, le Gutuater, d’avoir été leur chef et, en tant que tel, le plus dangereux ennemi de Rome. César l’ignore. Alors, en l’absence d’interprétations possibles, on se fie au récit de César.

Les opérations commencent en 58, quand les Helvètes veulent émigrer vers la Gaule. César les arrête, comme des envahisseurs, et se fait passer pour le protecteur ou au moins l’allié des Eduens, peuple puissant, maître de la Gaule centrale. Il barre ensuite la route à Arioviste, envahisseur qu’il qualifie de Germain, mais qui est « probablement un Celte, roitelet transrhénan qui cherchait des fiefs sur la rive gauche »

(M. Rambaud). S’étant assuré vers le Rhin comme vers le Centre, César s’avance vers le nord-ouest de la Gaule, battant successivement, apparemment sans difficulté, les peuples belges (57).

Entre-temps, son lieutenant Galba attaque, sans succès, les montagnards des cols alpestres, qui rançonnent les voyageurs et, rendant le passage péril-leux, obligent le plus souvent à passer par Marseille, dont les péages sont

coûteux. En 56, César, confirmant ainsi son intérêt pour la route vers l’Océan, s’en prend aux populations côtières : il triomphe des Vénètes, qui peuplent la région du Morbihan. Ses lieutenants opèrent alors en Normandie et en Aquitaine. En 55, des Celtes d’Outre-Rhin, que César disait Germains, les Usipètes et les Tenctères, ont franchi le fleuve. Ils sont massacrés. Puis César fait lui-même une incursion rapide audelà du Rhin, opération d’intimidation et de prestige. Il en va de même de ses tentatives en Bretagne (l’actuelle Grande-Bretagne). Un premier débarquement outre-Manche échoue faute d’expérience technique. Un autre, en 54, bien préparé, permet d’imposer un tribut — d’ailleurs tout théorique — à un roi de l’île.

Peu après, à la fin de 54, la Gaule entre en rébellion. Elle n’est pas occupée en profondeur : les Romains ne tiennent que les points stratégiques, les voies. Chaque camp légionnaire est attaqué par le peuple voisin. Le légat Q. Titurius Sabinus est massacré dans son camp avec la plupart de ses soldats par les Eburons, menés par Ambiorix.

La retraite de César vers l’Italie n’est même plus possible. En 53, celui-ci est parvenu à se dégager et à tranquilliser la Gaule, dont il a dû abandonner le Nord-Ouest. Mais la tranquillité n’est qu’apparente. En 52, la révolte part des États du Centre (Carnutes, Bituriges) ; César doit mettre la Province (Narbon-naise) en état de défense. L’Arverne Vercingétorix a réuni une armée assez forte qui, à distance prudente, nargue les Romains. Il évite le combat, mais dévaste la campagne, pour détruire les vivres. La prise d’Avaricum (Bourges) par César assure à celui-ci une plus grande facilité d’évolution. César échoue cependant devant Vercingétorix à Gergovie : échec moindre qu’il ne prétend, car il veut faire prendre son adversaire pour le chef de la Gaule en-tière, ce qui est absolument faux. À la suite d’un engagement malheureux, les Gaulois s’enferment dans l’oppidum d’Alésia*, d’où César ne les laisse plus s’échapper. César présente sa capitulation comme un succès définitif. La guerre n’est pourtant pas finie. En 51, il faut réduire les résistances isolées.

Les Cadurques se défendent le plus

longtemps et ne rendent leur oppidum d’Uxellodunum qu’après un siège

difficile.

Les Gaulois se sont montrés beaucoup plus organisés que César ne l’a admis. De là une guerre longue, plus dure également qu’il n’a voulu en convenir. Il aurait tué un million d’hommes et fait un million d’esclaves, selon Plutarque. Mais il a obtenu le résultat escompté : il a trouvé ce qu’il cherchait, l’argent et le prestige, la fidélité de ses compagnons d’armes, et il a ouvert un nouveau champ d’opérations aux trafiquants italiens.