Le premier, il tint compte de la réfraction pour laquelle il construisit une table de correction. Il rédigea un catalogue de 777 étoiles. Cependant, son véritable titre de gloire est, par ses observations extraordinairement précises du mouvement de la planète Mars, d’avoir permis à Kepler*, son élève préféré, d’énoncer ses fameuses lois sur le mouvement des planètes.
J. D.
brahmanisme
F INDE.
Brahms
(Johannes)
Compositeur allemand (Hambourg
1833 - Vienne 1897).
Brahms présente le cas, assez rare dans la musique germanique, de l’artiste de synthèse. Échappant, par sa génération, à la période d’émancipation et de recherches des romantiques de la génération de Schumann, non engagé, comme Bruckner, Mahler ou Hugo Wolf, dans les prolongements du romantisme et les perspectives d’avenir, il est le type de l’artiste statique qui, au centre du XIXe s., trouve un équilibre entre l’esprit architectonique du classicisme et la fièvre expressive du romantisme.
La vie
Né dans une famille de condition modeste, Brahms est initié très tôt à la musique par son père, contrebassiste.
Dès sa jeunesse, il joue du piano dans les tavernes, après avoir travaillé l’instrument avec Otto Cossel et Eduard Marxsen. En 1853, il devient accom-pagnateur du violoniste hongrois Ede Reményi (1828-1898), avec lequel il effectue des tournées de concerts en
Allemagne du Nord. La même année, il fait la connaissance de Joseph Joachim (1831-1907), de Liszt et surtout de Schumann, dont il provoque l’enthousiasme. Après avoir été adopté par le cénacle avant-gardiste de Weimar, il l’est par celui, conservateur, de Leipzig. Il est bientôt nommé directeur des concerts de la cour et de la société chorale du prince de Lippe-Detmold. En 1859, il revient se fixer à Hambourg comme directeur du Choeur féminin.
En 1862, il s’installe à Vienne, qui sera dès lors sa résidence définitive et où il sera nommé chef de la Singa-kademie. En 1872, il devient chef de la Gesellschaft der Musikfreunde. Il est alors une célébrité internationale, encore que ses oeuvres soient âprement discutées à Vienne même. Une assez sotte cabale de ses amis et de ceux de Wagner dressera pendant un temps les deux hommes l’un contre l’autre. La fin de sa vie se partagera entre Vienne et quelques voyages en Suisse, dans le Salzkammergut, et dans la Forêt-Noire, où il s’isole pour composer à l’époque des vacances.
L’esthétique et le style
L’esthétique et le style de Brahms tiennent à des facteurs qui doivent très peu à une formation d’école et qui sont beaucoup plus le fruit de l’instinct, du hasard, ainsi que des origines ethniques du compositeur. Vouloir réduire l’art de Brahms à un académisme ou à un néo-classicisme est une erreur.
Brahms est essentiellement un bas Allemand, un Allemand du Nord. Les aspects viennois ou hongrois que l’on pourra rencontrer dans sa musique de maturité ne sont qu’accidents de surface. Le génie de Brahms est, avant tout, celui d’un Nordique. Et c’est à ce titre qu’il a son profil classique et son profil romantique, dualité qui lui permettra de trouver une solution de circonstance au milieu du XIXe s. et d’échapper au dessèchement du néo-classicisme comme à l’hypertrophie du post-romantisme. Nordique donc, villageois conservateur et luthérien strict, il a le goût de l’ordre et de la rigueur de la forme. Mais il y a chez Brahms une exaltation intérieure qui fait contraste, exaltation encore déve-
loppée par une formation littéraire autodidacte acquise dès l’enfance par la lecture des oeuvres de Theodor Storm, E. T. A. Hoffmann, Tieck, Jean-Paul, Eichendorff, ainsi que les sagas Scandinaves et autres légendes nordiques que lui avaient fait connaître les Stim-men der Völker in Liedern de Herder.
Tout cela crée chez le jeune Brahms un climat de rêve tendre et fantastique qui planera sur toute son oeuvre. En fait, Brahms a ainsi puisé aux sources les plus authentiques du classicisme et du romantisme, sans, toutefois, jamais se référer aux formes baroques du premier ni aux manifestations volontiers pathologiques du second. L’esthétique de Brahms se refuse à tout système, à toute attitude de pensée musicale (raison pour laquelle il n’appartiendra jamais vraiment ni au cénacle de Weimar ni à celui de Leipzig), et, en dehors de la syntaxe et de la forme, il n’y a chez lui rien de volontaire.
Par contre, le style s’analyse avec une certaine facilité. Brahms, en effet, n’emprunte que des schémas classiques qu’il traite avec respect, non avec timidité. S’il s’agit de sonate, de sympho-downloadModeText.vue.download 64 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4
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nie ou de concerto, il exploite avec rigueur l’architecture traditionnelle.
Mais il en magnifie les proportions et enrichit le matériel thématique comme le matériel rythmique. L’allégro de sonate brahmsien comprend souvent jusqu’à trois, quatre, voire sept thèmes différenciés au lieu des deux motifs traditionnels. La variation prend une liberté, une diversité et une ampleur inconnues à l’époque, et de cet esprit de variation il nourrit les développements de ses allégros, la substance de ses mouvements lents et le renouvellement incessant de certains finales en forme de chaconne ou de rondos variés. Le sens du rythme est chez lui particuliè-
rement divers, encore qu’il ne sorte pas des rythmes traditionnels. Les superpositions de pulsations différentes sont fréquentes, qui s’enrichissent mutuellement en s’opposant tout en gardant leur vie rythmique propre et leurs fonc-
tions autonomes. Ce sens du rythme se rattache fréquemment à l’instinct et au souci nationalistes et populaires de Brahms, instinct et souci qui sont, de même, essentiellement romantiques.
La mélodie est jaillissante, et s’impose par cette force même. Elle n’est pas toujours d’une grande originalité, mais elle n’est jamais vulgaire ni plate. Et, s’il lui arrive de donner parfois une impression de déjà entendu, c’est en raison de la parenté qu’elle conserve presque constamment avec les chants et danses populaires.
L’oeuvre
L’oeuvre pour piano seul de Brahms comporte une cinquantaine de compositions, tant sonates, variations et ballades, que Klavierstücke divers.
C’est là un ensemble qui constitue la partie la plus significative du génie du musicien. Cette production pianistique s’étend sur toute sa vie et a la valeur d’un journal intime. L’écriture pianistique présente des difficultés d’exécution redoutables, mais elle ne sacrifie jamais à la virtuosité. Par contre, elle possède un caractère symphonique très marqué (certaines oeuvres comme les Variations et Fugue sur un thème de Händel contiennent de véritables suggestions orchestrales). Au point de vue du style, il faut signaler quelques tournures fréquentes : progressions de tierces, de sixtes, d’octaves, ainsi que leurs doublures, lesquelles produisent les effets symphoniques en question.
Il faut noter également la tendance à choisir de grands intervalles mélodiques, ce qui contribue (s’ajoutant aux superpositions rythmiques et aux syncopes fréquentes) à donner à l’écriture pianistique de Brahms une physionomie plastique très personnelle. Quant à la forme, elle peut se réduire à trois aspects : en premier lieu, la grande forme avec les trois sonates ainsi qu’avec les pièces s’apparentant au genre ballade ; en second lieu, un groupe de caractère technique avec la série des variations ; enfin, un groupe de caractère contemplatif avec les différentes pièces lyriques de petites dimensions.
Le premier groupe correspond plutôt à la jeunesse, le second à la maturité, et le troisième à la vieillesse.
La musique de chambre comporte vingt-quatre oeuvres allant de la sonate à deux jusqu’au sextuor. Comme la musique pour piano, elle possède une inspiration intime, un caractère de confidence, mais elle est assujet-tie à un souci formel plus poussé et plus constant. Ici Brahms s’en tient strictement au cadre beethovénien et n’apporte aucune innovation dans la conduite et la structure du discours instrumental. La forme sonate et l’esprit de variation y sont exploités dans les cadres traditionnels, mais avec une singulière richesse d’invention et une infinie souplesse d’écriture. C’est dans cette partie de son oeuvre que Brahms jette des thèmes avec le plus de prodigalité et que, d’autre part, le travail thé-