S. C.
H. Fenger, Georg Brandes et la France (P. U. F., 1963). / F. Durand, Histoire de la litté-
rature danoise (Aubier, 1967).
Brandt (Willy)
Homme d’État allemand (Lübeck
1913).
D’origine modeste, Karl Herbert
Frahm est élevé par son grand-père, ancien ouvrier agricole et chauffeur de camion. Très jeune, il s’affirme comme militant socialiste et, dès 1931, il passe à la fraction extrémiste des sociaux-dé-
mocrates (parti socialiste des travailleurs). À l’avènement du nazisme, il s’exile en Norvège ; il se fait même naturaliser Norvégien et prend le nom de Willy Brandt. Secrétaire d’une or-
ganisation de solidarité socialiste, il est délégué à ce titre, et aussi au titre de journaliste, sur le front d’Espagne.
Durant la Seconde Guerre mondiale, il est en contact avec la résistance allemande. En 1945, il fait partie de la mission militaire norvégienne à Berlin.
En 1947, Willy Brandt reprend la nationalité allemande. Membre de la SPD, il a perdu de son extrémisme d’avant guerre : très éloigné du communisme, il se sent proche du socialisme Scandinave. Rapidement, il s’impose au sein de son parti, qu’il représente à Berlin-Ouest dès 1948 ; vice-président (1954), puis président (1958) du comité exécutif de la SPD, il devient président de son parti pour la R. F. A. en 1964 ; il est réélu à ce poste en 1968 et en 1970.
Mais c’est à Berlin — dont il veut faire un « bastion du monde libre »
— que sa carrière se joue et que sa renommée se forge. Député de Berlin au Bundestag de 1950 à 1957, maire de Berlin-Ouest de 1957 à 1966, il se montre, face aux Soviets et à leurs alliés, à la fois ferme, prudent et optimiste. Tenant de la politique des « petits pas », il est persuadé que « des relations économiques et culturelles avec l’Est ne doivent pas nécessairement mais peuvent accélérer un processus de détente et d’apaisement ». Son mo-dèle est J. F. Kennedy, l’homme de la
« stratégie de la paix ».
Partisan du rattachement de Berlin à la République fédérale, il dénonce, en septembre 1958, les entraves apportées au trafic avec l’Allemagne occidentale et tente, en vain, par une entrevue directe avec Khrouchtchev (1959), d’obtenir de l’U. R. S. S. qu’elle garantisse au moins le maintien du statu quo dans l’ancienne capitale du Reich. Par ricochet, la proposition russe de faire de Berlin-Ouest une ville libre sous le contrôle de l’O. N. U. est rejetée par les Occidentaux. La politique de Brandt reçoit un coup très dur quand les autorités est-allemandes, désireuses de mettre fin à la migration de leurs ressortissants vers l’Ouest, édifient le
« mur de Berlin », dit le « mur de la honte » (1962).
Fin novembre 1966, avec K. G. Kiesinger, de la CDU, Willy Brandt, désigné par la SPD, met sur pied un projet de gouvernement de « grande coalition » qui doit succéder au gouvernement Erhard. Dans le cabinet ainsi formé, et présidé par le chancelier Kiesinger (1er déc.), Willy Brandt, qui quitte la mairie de Berlin-Ouest, devient vice-chancelier et ministre des Affaires étrangères. Très « européen », partisan de l’entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun et d’un renforcement de l’alliance franco-allemande, Willy Brandt reste attaché à sa politique de lent rapprochement avec l’Est. Il souhaite notamment qu’un modus vivendi entre Bonn et Berlin-Est reçoive une sanction internationale.
Cependant, l’occupation de la Tchécoslovaquie en août 1968 par les troupes du Pacte de Varsovie met quelque peu cette politique en veilleuse.
Le 21 octobre 1969, Willy Brandt est élu chancelier de la R. F. A. par 251 voix sur 495 ; il forme un gouvernement de coalition libéral-socialiste (FDP), les chrétiens-démocrates entrant dans l’opposition. C’est un libé-
ral, Walter Scheel, que Brandt place aux Affaires étrangères.
Tandis qu’à l’intérieur il élargit la politique sociale, le chancelier Brandt, tout en maintenant ses alliances occidentales (il est reçu officiellement en Grande-Bretagne en mars 1970 et aux États-Unis en avril), oriente déci-dément sa politique extérieure vers le rapprochement avec l’Est. Dès le 7 décembre 1969, on annonce à Bonn que le gouvernement soviétique est prêt à entamer des négociations avec downloadModeText.vue.download 69 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4
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les Allemands de l’Ouest. Le problème le plus brûlant restant les relations avec la R. D. A., une double rencontre a lieu à Erfurt (mars 1970) et à Kassel (mai) entre le chancelier Brandt et Willi Stoph, président du Conseil des ministres de la République démocratique.
Plus efficaces sont les négociations
que Walter Scheel mène à Moscou, à partir du 26 juillet 1970, en vue de la signature d’un traité de « renonciation à la force » entre l’U. R. S. S. et la R. F. A. En fait, ce traité s’élargit en un large accord de coopération entre les deux pays (août), accord que complète bientôt le rapprochement germano-polonais. En 1971, Willy Brandt reçoit le prix Nobel de la paix. En novembre 1972, des élections anticipées sont une victoire pour la SPD. Réélu chancelier, Brandt doit faire face à l’opposition li-bérale et à celle des jeunes socialistes.
De plus, une affaire d’espionnage met en cause Gunther Guillaume, le chef de son cabinet : Willy Brandt démissionne le 7 mai 1974 ; il garde néanmoins la présidence de son parti.
P. P.
F Allemagne / Berlin / Socialisme.
G. Sandoz, la Gauche allemande (Julliard, 1970).
Branting
(Hjalmar)
Homme d’État suédois (Stockholm
1860 - id. 1925).
Après des études scientifiques à Stockholm et Uppsala, il collabore au journal radical Tiden (1884) dont il devient le directeur, avant de prendre en charge, en 1886, le journal Social-Demokraten. Trois ans plus tard, il est parmi les fondateurs du parti socialiste démocratique du travail (1889). Élu à la Chambre basse du Riksdag en 1896, il y représente seul, jusqu’en 1902, les socialistes ; ses interventions contribuent à la séparation pacifique de la Norvège et de la Suède (1905). En 1907, il prend la tête du parti socialiste, parti dont il est l’âme dans la lutte pour l’obtention aux travailleurs des droits électoraux et syndicaux. Branting est ainsi à l’origine d’une législation sociale avancée ; malgré une longue ré-
sistance des conservateurs, les sociaux-démocrates obtiennent notamment : l’instauration du suffrage universel (1907-1909) ; une loi essentielle sur l’assurance-vieillesse (1913) ; la journée de huit heures (1919) ; le vote des femmes (1921).
Fidèle à son idéal internationaliste, Branting s’oppose, en 1914, à l’octroi de nouveaux crédits militaires et appuie le ministre Hjalmar Hammarks-jöld, partisan de la neutralité. Persuadé que le socialisme suédois a besoin, pour s’imposer, de l’appui de la classe moyenne progressiste, il entre, en 1917, comme ministre des Finances, dans le cabinet de coalition libéral-socialiste présidé par Nils Edeń.
Cependant, les réformes électorales et constitutionnelles de 1918 permettent au parti socialiste de devenir le premier parti du Riksdag (après 1932, il disposera même de la majorité absolue). Branting est alors à la tête, successivement, de trois cabinets socialistes homogènes (mars-oct. 1920, oct.
1921-avr. 1923, oct. 1924-janv. 1925) ; il pratique une politique sociale active (prévoyance sociale, lutte contre le chômage, etc.) qui fera du « socialisme suédois » une expérience originale.