vaquie pour la fabrication des articles en caoutchouc et de pneumatiques. Les branches traditionnelles ont été modernisées et étendues, ainsi la construction de machines-outils, l’électrotech-nique, la chaudronnerie et la fabrique de câbles, le textile (principalement la confection), auxquels s’ajoutent de gros combinats alimentaires (minoteries, sucreries, brasseries). L’agglomé-
ration se développe vers l’aval, le long du fleuve. Elle emploie le dixième de la population industrielle slovaque.
Le port reçoit des chalands de 1 100
à 1 300 t (les travaux d’aménagement sur le Danube moyen permettront de porter la charge à 3 000 t). Le projet de canal Odra-Danube par les plaines moraves doit être exécuté dans la dé-
cennie 1970-1980, et Bratislava peut espérer devenir un grand port fluvial.
Le trafic actuel s’élève déjà à 5 Mt (3 Mt aux entrées, 2 Mt aux sorties) : matériaux de construction, hydrocarbures, charbon, coke et minerais ; Bratislava est en relation avec l’Allemagne occidentale et l’Autriche aussi bien qu’avec les pays du Comecon.
Bratislava présente trois types de quartiers résidentiels : la ville ancienne (Staré Město) ; les quartiers de villas, disséminées dans la forêt sur les pentes des Carpates blanches (Vinohrady ou
« les Vignobles », Nové Město), moins densément peuplés ; une ville nouvelle, composée de grands ensembles édifiés en aval, le long du Danube, de la voie ferrée et de la route en direction de la cité, industrielle de Nitra.
A. B.
L’histoire
Dès l’époque néolithique, le gué du Danube servait de passage aux tribus nomades. Lors de la construction du limes, les Romains édifièrent sur les collines qui dominaient le fleuve des points d’appui fortifiés. Au VIe s., Bratislava (en allem. Pressburg, francisé en Presbourg ; en hongrois Poszony) devint la résidence permanente de tribus slaves. Son château était au IXe s.
l’une des principales forteresses de la grande Moravie. La cité se développa au XIIIe s. et obtint en 1291, du roi de Hongrie André III, le statut de ville
royale libre. En 1467, Mathias Corvin y fonda l’Académie istropolitaine, université scientifique.
Au XVIe s., l’invasion turque, après la défaite de Mohács en 1526 et la prise de Buda en 1529, fit de Bratislava la capitale politique de la Hongrie jusqu’au XIXe s. C’est là que siégeait la diète hongroise ; c’est dans la cathé-
drale que les empereurs se faisaient couronner rois de Hongrie ; c’est là que s’élevèrent les résidences urbaines baroques de la noblesse. Le primat de Hongrie, l’archevêque d’Esztergom, s’établit en 1543 à Bratislava, puis, en 1683, dans la ville voisine de Tr-nava, centre de la Contre-Réforme. Au XVIIIe s., Marie-Thérèse installa dans le château sa fille Marie-Christine de Saxe-Teschen, qui favorisa le renouveau de la vie sociale. Le 26 décembre 1805, le traité de Presbourg, qui mit fin à la campagne d’Austerlitz, fut signé dans le palais primatial.
Au début du XIXe s., Bratislava devint un grand centre littéraire slave avec les Slovaques Pavel Josef Šafařik, Jan Kollár, Ljudovit Štúr ; le Morave František Palacký y fit ses études. Surtout, Bratislava participa à la renaissance de la vie politique hongroise. Après 1825, les séances de la diète offrirent une tribune à l’opposition et le comte Is-tván Széchényi fonda le premier club politique hongrois, le Casino. C’est à
Bratislava, le 14 mars 1848, que Lajos Kossuth lança un appel à la révolution.
Le nouveau gouvernement transféra à Budapest le siège de la diète.
Le mouvement national slovaque se méfia de Bratislava, trop hongroise.
La Slovaquie n’eut pas au XIXe s. de centre urbain unique. C’est à Lip-tovský Mikuláš qu’en 1848 s’élabora le programme national slovaque, à Martin que se créa de 1863 à 1875 la Matica slovaque, centre intellectuel de la nation. Bratislava ne devint la capitale incontestée de toute la Slovaquie qu’en 1918, avec la création de l’État tchécoslovaque.
B. M.
F Slovaquie / Tchécoslovaquie.
Brauner (Victor)
Peintre français d’origine roumaine (Piatra Neamţ 1903 - Paris 1966).
De l’esprit satirique qui préside à l’art de Victor Brauner durant les an-nées 30 et qui appelle, sur les lèvres de ses commentateurs, des allusions à Jarry, on pourrait, ne serait-ce qu’en raison de l’implantation roumaine du dadaïsme, rapprocher l’attitude de Marcel Duchamp*. Le Cimetière des uniformes et livrées de ce dernier préfigure l’Étrange Cas de M. K., peint par Brauner en 1933-1934 et dont les deux volets montrent l’aspect public et privé d’un maroufle représentatif de l’humanité contemporaine.
Parallèlement s’élaborent des tentatives qui mettent en cause la peinture rétinienne par représentation de personnages éborgnés ou cyclopéens, ou d’êtres dont les orbites donnent nais-
sance à une paire de cornes. L’Auto-portrait à l’oeil énucléé (1931) prend un sens oraculaire tout nouveau quand Victor Brauner, en août 1938, au cours d’une altercation entre amis, se trouve victime d’un accident qui lui fait perdre l’oeil gauche. Que cette mutilation ait été ou non obscurément recherchée, ou pressentie, ou seulement lourde de conséquences, la peinture ultérieure té-
moigne d’une intériorisation du regard, en montrant des personnages porteurs d’une angoisse peut-être jusque-là prise à la légère ou dont les raisons étaient abusivement projetées dans le monde extérieur. Le peintre devient, à ce moment, la victime sacrifiée sur le théâtre psychologique. Cette époque, dite des chimères ou des crépuscules, se prolonge jusqu’à l’année 1942 qui marque l’invention d’une technique downloadModeText.vue.download 75 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4
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neuve, celle de la peinture à la bougie (époque dite des cires). Cette technique enlève au peintre toute possibilité d’évocation de la troisième dimension et en fait un pur graphiste.
C’est à travers une telle ascèse que Brauner trouvera les ressources nécessaires à la formulation de l’intériorité.
Ce sera d’abord par une réduction du réel à sa valeur symbolique. Des peintures en teintes plates donneront ainsi, dans les années 44 et 45, une dimension personnelle à l’emblématique traditionnelle, aux figures du tarot et à l’iconographie hermétique. Ce détour par les voies de la magie cérémonielle conduit Brauner, au printemps 1949, à assumer, dans un délire d’auto-exaltation, les puissances du chaman (époque dite solipsiste). Elles sont à ce point redoutables qu’à partir de 1951
se développe la série des Rétractés, à propos desquels le peintre a lui-même déclaré : « Je veux étudier les conditions d’existence d’un être qui serait amputé du monde. » Cette nouvelle énucléation conduit à une frénésie qui semble livrer l’univers à la destruction en même temps que s’effondre le théâtre intérieur du peintre qui a cru, un moment, pouvoir faire fond sur sa
cécité systématique.
Après cette épreuve, la peinture de Brauner bénéficie des expériences complémentaires qui l’ont assurée.
Elle se fait plus composite. Confabula-toire, évocatrice de scènes complexes jouées par les protagonistes fondamentaux sur la scène du désir, elle affecte de se situer sur l’estrade de la foire par le caractère emblématique des figures qu’elle isole de la réalité, pour les réunir suivant le caprice de l’heure ou le principe d’une moralité fondée sur l’exaltation des puissances intérieures.
V. B.
A. Jouffroy, Brauner (G. Fall, 1959). /
S. Alexandrian, les Dessins magiques de V. Brauner (Denoël, 1965). / V. Brauner, catalogue d’exposition (musée du XXe Siècle, Vienne, Autriche, 1965).