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Brazza (Pierre

Savorgnan de)

Explorateur et administrateur français (Rome 1852 - Dakar 1905).

Son père, le comte de Brazza Cergneu Savorgnan, était originaire du Frioul ; la lignée de sa mère, les Priuli, avait donné deux doges à Venise.

Les jésuites, professeurs de Pietro, lui font rencontrer, à treize ans, un amiral français de passage à Rome. L’Italie nouvelle a besoin de marins : le jeune homme obtient d’aller à Paris afin de suivre les cours de l’École navale. Il y sera admis en 1868, à titre d’élève étranger, et demandera sa naturalisation pendant la guerre franco-allemande. Le conflit terminé, il est envoyé en Algérie, avec la Jeanne-d’Arc, pour réprimer la grande insurrection kabyle, tâche à laquelle il participe avec réticence et qui fortifie sans doute ses principes pacifistes, ceux-là même qu’il cherchera toujours à faire triompher lorsque se poseront à lui les problèmes soulevés par la domination européenne en Afrique.

Embarqué en 1874 sur la Vénus, qui surveille les quelques trafics d’esclaves encore actifs en Afrique occidentale, il sollicite de son ministre l’autorisa-

tion d’entreprendre une exploration du cours de l’Ogooué, dont il se demande si ce n’est pas l’aboutissement du Lua-laba (le cours amont du Congo). Son initiative est approuvée, et il débarque à Libreville le 20 octobre 1875, avec trois compagnons européens. Brazza séjourne au dernier poste français, Lambaréné, jusqu’en janvier 1876

et réunit des renseignements sur les peuples qui habitent les régions situées plus en amont. Le voyage commence, sur neuf pirogues, avec cent vingt pagayeurs gabonais et dix soldats sénégalais. Il est marqué par l’affranchissement d’esclaves fugitifs qui se sont réfugiés auprès de Brazza. Tout un arsenal pyrotechnique, assez terrifiant, est chargé d’assurer le prestige de ce voyageur, qui apparaît auprès des chefs coutumiers comme un élément de trouble pour la société.

En 1877, l’explorateur pénètre dans des territoires totalement inexplorés et s’aperçoit que le bassin de l’Ogooué n’a aucun rapport avec celui du Congo.

Déçu, il entreprend de franchir la ligne de partage des eaux, à travers le pays téké, et quitte la forêt pour des régions de savanes. Il commence à descendre un affluent du Congo, l’Alima, mais se heurte aux peuples riverains, inquiets pour l’avenir de leurs privilèges commerciaux sur la voie fluviale. Brazza doit rebrousser chemin, dans des conditions difficiles. Il est de retour à Paris à la fin de 1878.

Les offres de collaboration que lui fait alors Léopold II, et qu’il décline, lui montrent du même coup les immenses ambitions que soulève le bassin du Congo. Il s’efforce, dès lors, de relancer l’influence française dans la dernière grande région du monde encore ouverte aux impérialismes européens.

Brazza est chargé d’établir des

postes sur le Congo, en amont des derniers rapides. Sa deuxième expédition le conduit à fonder, en juin 1880, un poste sur l’Ogooué, auquel on donnera le nom de Franceville. Puis il reprend, vers l’est, le chemin du Congo, qu’il atteint entre les rivières Léfini et Alima. Il se rend chez le puissant roi (« makoko », d’où le nom qui lui a

été donné en Europe), qui l’a convié à sa résidence et le reçoit en grande cérémonie : les importants cadeaux de Brazza facilitent la conclusion d’un traité par lequel Makoko accepte le protectorat français (10 sept. 1880).

Un poste, confié à la garde du sergent sénégalais Malamine, est établi sur le grand fleuve, à l’endroit où s’élèvera Brazzaville. Brazza redescend vers la mer et rencontre Stanley, qui ouvre pendant ce temps-là, pour le compte de Léopold II, une route vers l’intérieur ; l’Anglais cachera mal son dépit d’apprendre l’existence d’un poste français sur le grand fleuve.

De retour à Paris en juin 1882,

Brazza entreprend une campagne de propagande en faveur de l’expansion coloniale et obtient la ratification par les Chambres du traité avec Makoko, ce qui permet le déblocage de nouveaux crédits pour l’exploration.

Nommé commissaire général de

la République dans l’Ouest africain, Brazza retourne chez Makoko pour lui remettre le traité ratifié. La chute de Jules Ferry et la vague anticolonia-liste qui accompagne cet événement ramènent Brazza en France pour une nouvelle action de propagande, qui lui vaut d’être nommé commissaire géné-

ral du Congo français (1886). Il est chargé d’organiser la colonie. Ses lieutenants parachèvent l’exploration, dans des conditions parfois dramatiques (en avr. 1891, Paul Crampel et ses compagnons sont massacrés en tentant de rejoindre le Tchad). À partir de 1896, Brazza va se heurter aux grandes so-ciétés qui veulent se partager les nouveaux territoires à l’image de ce qui se passe dans l’État voisin de Léopold II.

Le passage par la nouvelle colonie de downloadModeText.vue.download 76 sur 573

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4

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Marchand, en route pour Fachoda, donnera aux ennemis de Brazza l’occasion de critiquer l’aide fournie à l’expédition et toute la gestion financière du Congo français. En janvier 1898, le ministre des Colonies place le créateur de ce territoire en disponibilité. Mais

les abus ultérieurs de l’Administration provoqueront un scandale : Brazza est chargé d’une enquête en 1905. Elle lui révèle mille trafics louches, des exploitations scandaleuses de la main-d’oeuvre africaine. Démoralisé, à bout sur le plan physique, Brazza meurt sur le chemin du retour.

S. L.

J. de Chambrun, Brazza (Plon, 1930).

/ H.-P. Eydoux, Savorgnan de Brazza, le conquérant pacifique (Larose, 1932). / C. de Chavannes, Avec Brazza (Plon, 1936). / M. de Crisenoy, Savorgnan de Brazza (Bonne Presse, 1940). / R. Maran, Brazza et la fondation de l’A.-E. F. (Gallimard, 1941). / G. Cerbelaud-Sala-gnac, Savorgnan de Brazza, le père des esclaves (Letouzey et Ané, 1960). / H. Brunschwig et coll., Brazza explorateur (Mouton, 1966-1972 ; 2 vol.).

Brazzaville

Capit. de la République populaire du Congo.

Fondée en 1880 sur la rive droite du fleuve Congo (en face de Kinshasa), au point où la navigation est interrompue par des rapides, en aval du Stanley Pool, Brazzaville fut la capitale de l’A.-E. F. (Afrique-Équatoriale fran-

çaise), puis celle de la France libre (1940-1943). Son site se partage entre un plateau doucement incliné, à l’ouest (au-dessus de 300 m), échancré par de courtes et profondes vallées, et, à l’est (vers 270-280 m), une plaine humide, où coulent la Mfoa et l’Ouenzé, en partie canalisés.

La population, inférieure à

5 000 personnes en 1910, passait à 90 000 en 1955. Elle avoisine 200 000

aujourd’hui (dont environ 5 000 habitants d’origine non africaine). Le paysage urbain est marqué par le dualisme des villes de type colonial.

Les quartiers d’habitat moderne s’allongent le long du Congo et sur le bord du plateau. Ils comportent une majorité de petites villas entourées d’arbres et de pelouses dans les quartiers résidentiels comme l’Aiglon, ou un mélange de villas et d’immeubles à usage mixte, mais de dimensions modestes. La densité d’occupation est faible. L’aspect

est souvent celui d’un parc, aspect qu’accentuent les terrains vagues, les ravins boisés ou les jardins maraîchers.

L’administration se regroupe dans le quartier du Plateau, le commerce dans celui de la Plaine, l’industrie et les entrepôts à Mpila, près du port.

Les quartiers d’habitat traditionnel ont constitué longtemps deux masses distinctes. Sur le plateau, Bacongo, fief des citadins d’origine Lari, s’est étendu jusqu’au Djoué avec le gros quartier de Makélékélé. Dans la plaine, Poto-Poto, dont les habitants se rattachent à plus de 150 groupes ethniques, a bourgeonné vers le nord et le nord-ouest, avec Moungali, Ouenzé, Tsiama.