ainsi que la place du marché, flanquée de l’hôtel de ville et de la cathédrale Saint-Pierre ; le Parlement local de construction récente ne dépare pas cet ensemble. Au XVIe s., la ville se rallia à la Réforme ; en 1646, elle fut offi-
ciellement déclarée ville libre. Pendant la guerre de Trente Ans, elle réussit à maintenir son indépendance contre les Suédois. Dans la seconde moitié du XVIIIe s., Brême entra en relations commerciales avec le continent américain et devint un centre très important de redistribution des denrées tropicales dans toute l’Allemagne.
En 1810, la ville fut annexée au dé-
partement des Bouches-du-Weser ; en 1815, elle fut, de nouveau, reconnue ville libre. Sa Constitution resta aristocratique jusqu’en 1854, date à laquelle des réformes libérales furent introduites. La municipalité était formée de 150 représentants des diverses classes avec un sénat de 16 membres inamovibles. Cette situation fut maintenue jusqu’à la Constitution républicaine de 1920, qu’a remplacée la Constitution du 21 septembre 1947.
Deuxième port d’Allemagne au
XIXe s., Brême demeura à l’écart du Zollverein jusqu’en 1888. Cet isolement douanier ne réduisit d’ailleurs pas son rôle commercial. Brême devint, au XIXe s., le grand port allemand du coton et du tabac, plus tard du pétrole raffiné ; et aussi le plus important port d’émigration vers le continent américain.
Restée longtemps port franc de
redistribution, Brême est, au XXe s., le centre d’une région industrielle qui s’est étendue progressivement entre la ville et son avant-port de Bremerhaven, faisant de la Basse-Weser une véritable rue industrielle.
O. G.
L’essor de la ville se place, surtout, après 1905. La population ne s’élevait qu’à 53 500 habitants en 1849, 102 500
en 1875 et 212 000 en 1905. Elle est de 444 000 habitants en 1949 et 606 000 en 1969, soit onze fois plus élevée qu’en 1849. Bremerhaven, créé entièrement à partir de 1827, abrite 149 000 habitants en 1969. Cette forte augmentation est due, essentiellement, à l’immigration, bien que l’excédent des naissances soit de l’ordre de 5 p. 1 000. La population théoriquement active s’élève à 65 p. 100 de la population totale.
Les activités industrielles occupent
37 p. 100 des travailleurs, le bâtiment 8 p. 100. Le secteur tertiaire, du fait du port, reste largement prédominant. Cependant, la part de l’industrie dans la valeur du produit brut atteint 40,6 p. 100 contre 58,8 p. 100 au secteur tertiaire (dont 37,2 p. 100 pour le commerce, les transports et les communications). À Bremerhaven, l’industrie n’entre que pour 28,6 p. 100 dans la constitution du produit brut, illustrant ainsi la prédominance des fonctions portuaires.
Le complexe portuaire
L’ensablement de l’estuaire faillit pourtant compromettre l’essor portuaire. En 1618, Brême dut déplacer à Vegesack, à 10 km en aval de la ville, les activités portuaires. La solution ne fut que provisoire ; par la suite les Brémois furent contraints d’utiliser les ports oldenbourgeois de Elsfleth et Brake. La municipalité obtint une bande de terre sableuse du royaume de Hanovre, ce qui lui permit de fonder, en 1827, l’avant-port Bremerhaven.
Depuis des travaux de dragages ont amélioré la navigation sur la Weser.
(Bremerhaven, situé à 70 km en aval de Brême, constitue avec cette dernière un organisme urbain et portuaire complexe, à l’échelle de l’Allemagne.) Incontestablement, la fonction
portuaire a donné naissance à cette dynamique métropole, animée par un puissant secteur industriel. Plus de 15 000 navires ont fréquenté le port de Brême en 1968 et plus de 3 000, Bremerhaven. Bremerhaven reçoit
surtout les gros navires pétroliers et minéraliers. Le trafic total dépasse 15 Mt pour Brême et 8 Mt pour Bremerhaven, c’est le deuxième ensemble portuaire de la République fédérale allemande (après Hambourg). Les importations se montent à 60 p. 100 du trafic total ; les matières pondéreuses jouent un rôle moindre que dans les autres très grands ports. La rapidité du transbordement et la haute valeur unitaire des produits transportés caractérisent Brême. 250 km de voies ferrées assurent des expéditions express sur toute l’Allemagne occidentale.
L’installation d’une unité sidérurgique par le konzern Klöckner a, cependant,
donné naissance récemment à un trafic de minerais et de coke qui connaît un essor rapide. De nouvelles installations de déchargement dont la capacité doit être portée à 12 Mt de minerais ont été construites à Bremerhaven. Plusieurs sociétés allemandes d’armateurs ont leur siège à Brême, notamment le Norddeutscher Lloyd. Près d’un quart de la flotte allemande a comme port d’attache Brême.
Le coton figure parmi les produits importés les plus importants (1,2 million de balles par an). La ville est considérée, grâce à sa Bourse du coton fondée en 1877, comme le premier centre cotonnier du continent. 65 p. 100 de la laine importée par la République fédérale allemande passent par le port.
Le tabac constitue un autre produit important, grâce à la fondation, en 1959, d’un marché germano-indonésien qui donne à ce port le quasi-monopole mondial pour la vente des tabacs indonésiens ; ce marché porte annuellement sur près de 200 millions de DM. Le port importe près de 40 p. 100 du café consommé par la R. F. A., représentant une valeur de 420 millions de DM
(100 000 t). Enfin, Brême est le grand centre d’importation allemand des vins et alcools. Les exportations inté-
ressent les produits finis : équipements, machines, automobiles. Les industries sont, en partie, nées du port : chantiers navals, construction de machines et matériels. Les industries de consommation ont une part très élevée : industries alimentaires (chocolateries, biscuiteries, conserveries de poissons, etc.).
downloadModeText.vue.download 85 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4
1764
L’industrie du café occupe 8 000 personnes. La brasserie tient une place importante sur le marché allemand. En 1850, on comptait déjà 280 petites et moyennes entreprises fabriquant des cigares et utilisant 2 000 personnes.
La réussite de cette métropole active et ouverte sur le monde a été couronnée par la construction d’une université sur un terrain de 280 ha.
F. R.
F Allemagne / Hanse.
F. Buchenau, Die freie Hansestadt Bremen und ihr Gebiet (Brême, 1882 ; 4e éd., 1934).
Brésil
En portug. BRASIL, État de l’Amérique du Sud.
De tous les pays de l’Amérique du Sud atlantique, le Brésil constitue l’ensemble le plus vaste, le plus peuplé, le plus varié et, sans doute, le plus doué : l’exubérance de la forêt équatoriale, l’humidité et la chaleur du climat des plaines littorales, l’immensité des savanes de l’intérieur propices à l’élevage, la variété des climats du Sud où peuvent coexister des cultures tropicales et des cultures tempérées semblent appeler ce grand pays à un développement illimité de ses activités agro-pastorales. Il est tout aussi bien pourvu en ressources minières, la nature géologique du socle brésilien favorisant l’abondance du minerai de fer, des métaux non ferreux, des métaux précieux et des pierres rares, tandis que les avant-pays sont riches en pétrole et en phosphate. L’effectif du groupe humain, qui avoisine 105 millions d’habitants, semble assurer un potentiel de main-d’oeuvre satisfaisant.
Or, le niveau de vie moyen au Bré-
sil est encore bas : la masse rurale, souvent analphabète, vit dans des cabanes ; toutes les grandes villes renferment, dans leur espace, des bidonvilles, habitat spontané misérable.
Le Brésil semble donc se caractériser par une distorsion entre les potentialités très favorables de la nature et les formes actuellement inadaptées de leur utilisation. Les carences alimentaires, l’importance de la mortalité infantile, la faiblesse de la productivité du travail, le gaspillage des terres, l’inégale industrialisation sont autant de traits qui rejettent le Brésil dans la grande famille des pays d’économie sous-dé-