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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4

1767

L’HISTOIRE

La période coloniale

Vicente Yáñez Pinzón († apr. 1523), compagnon de Colomb, est le premier à longer la côte de ce qui sera la Guyane et le Brésil jusqu’à l’embouchure de l’Orénoque ; Diego de Lepe (v. 1460 - v. 1515), Rodrigo de Bas-tidas (1460-1527), Colomb lui-même confirment cette découverte, mais c’est Pedro Álvares Cabral (v. 1460-1526) qui découvre véritablement le Brésil, celui du bois rouge comme la braise (d’où le nom de Brasil), qui sera plus tard celui de la canne à sucre, le Bré-

sil du Nord-Est. Comme il n’y a pas de métaux précieux pour attirer la convoitise des conquérants et pas de population indigène nombreuse qui fournisse de la main-d’oeuvre, le Bré-

sil reste longtemps en retrait par rapport à la prestigieuse Amérique espagnole. On pourrait presque dire qu’il en est exactement le contraire. Pas de conquête héroïque d’empires fabuleux, mais, pendant longtemps, « un secteur médiocre de l’économie du monde »

(Chaunu). La seule richesse c’est le bois, que chargent les bateaux français et portugais. À la fin du XVIe s., dans une Amérique de 10 millions d’habitants, le Brésil n’a que 57 000 habitants, mais 25 000 sont Blancs, le quart des 100 000 Blancs de tout le continent.

À leur service il y a 18 000 Indiens et 14 000 Noirs.

Conflits

En 1481, la bulle Aeterni Regis partage le monde entre le Portugal et l’Espagne, réservant l’Amérique à cette dernière ; le rectificatif de Tordesillas en 1494,

déplaçant la ligne de partage vers l’ouest, permet la naissance du Brésil portugais (1500), malgré les tentatives françaises d’un François Ier, qui ne voit pas ce qui peut l’exclure du testament d’Adam. Le premier navire français arrive en 1504, presque en même temps que les Portugais, et, comme au Canada, les Français s’allient aux nations indiennes ; les Portugais font de même, et le fruit de ce métissage, ce sont les

« mamelucos », dont le chroniqueur nous dit qu’ils sont « blonds, blancs de peau, pleins de taches de rousseur, tenus pour Tupinambas et plus barbares qu’eux ». Ils seront les agents de l’expansion portugaise vers l’intérieur.

C’est pour empêcher la formation d’un empire français, et plus que pour créer un empire sien, que le Portugal élimine la France, explorant le pays, installant des colons et chassant les Français de leurs factoreries ; ce long combat dure de 1532 à 1560 et se termine par la victoire portugaise.

Le Brésil sucrier

Soixante moulins à sucre en 1570, trois cents en 1645, cinq cent vingt-huit en 1710 ; ces chiffres montrent la progression de la canne à sucre qui fait la fortune du Brésil en même temps que celle du Portugal. La preuve de cette richesse c’est la menace hollandaise qui, au XVIIe s., remplace la menace française. Entre l’extrême avancée espagnole, qui correspond au Venezuela, et le Brésil naissant, il y a une énorme marche frontière inoccupée, au nord du Brésil, qui suscite, au temps d’Henri IV, la dernière tentative fran-

çaise et surtout l’attaque hollandaise.

Ces menaces ont eu un résultat positif : la création de São Luís do Maranhão et de Belém. Comme les Espagnols ne font rien de leur côté pour colmater la brèche, Anglais, Français et Hollandais s’installeront dans les Guyanes, derniers vestiges au XXe s. avec les Antilles des tentatives de l’Europe du Nord en Amérique.

Le Brésil hollandais

Le sucre tente les Hollandais, et, dès les premières années du siècle, on les trouve sur les côtes américaines ; en

1621, la fondation de la Compagnie des Indes occidentales fournit au commerce, comme au calvinisme conqué-

rant, l’instrument nécessaire à la grande entreprise et, en 1624, une ex-pédition prend Bahia. Recife tombe en 1630 et, de conquête en conquête, les Hollandais finissent par tenir 2 000 km de côtes et contrôler 60 p. 100 de la production sucrière. À partir de 1644

et après dix ans de luttes acharnées, les Hollandais sont rejetés à la mer. Recife a conservé jusqu’à aujourd’hui le souvenir des « Flamengos », et le nord du Brésil a commencé à prendre une conscience nationale au cours de cette guerre.

Le Brésil de l’or

Après le cycle du sucre commence le cycle de l’or et du diamant (entre 1720

et 1770).

La recherche de l’or provoque la création du Brésil intérieur ; les chercheurs d’or accompagnent les « mamelucos », qui fournissent les plantations côtières en esclaves indiens ; ces raids esclavagistes partent de São Paulo vers l’ouest, le nord et le sud, tandis que l’or engendre le développement des Minas Gerais, puis du Goiás, qui deviennent des capitaineries indépendantes ; le mouvement arrive jusqu’au Mato Grosso.

Le nouveau Brésil

Ces bouleversements provoquent des conflits très violents entre Blancs portugais et métis mamelucos, qui abandonnent la côte pour s’enfoncer dans l’intérieur. Une nouvelle vague d’immigrants et d’esclaves noirs vient combler le vide laissé par les départs sur les plantations, et le volume de la traite ne cesse d’augmenter. Cette expansion pose des problèmes internationaux, car elle a entraîné le Brésil bien au-delà de la ligne de partage avec l’Espagne ; l’union des deux royaumes d’Espagne et du Portugal (1580-1640) n’avait fait que mettre entre parenthèses le conflit.

L’Espagne et le Portugal, séparés par le vide amazonien, se heurtent sur le Rio de La Plata : l’actuel Uruguay est la conséquence de cet affrontement

d’où il est né comme un État tampon.

Le Brésil fonde Sacramento, l’Espagne répond par la création de Montevideo, et les deux colonies se font la guerre tandis que le Portugal colonise l’actuel Rio Grande do Sul. Le traité de Madrid en 1750 donne à l’Espagne, moyennant l’annulation du traité de Tordesillas, l’actuel Uruguay ; cela n’empêchera pas la guerre et la campagne militaire de 1777, qui fixe enfin la frontière (traité de San Ildefonso).

Le régime colonial

La mécanique du système colonial est extrêmement simple au départ, à cause du caractère primitif de la culture indienne rencontrée, qui interdit l’établissement d’un type de relations entre conquérants et vaincus tel qu’il existe dans l’Empire espagnol ; tout se réduit à un pouvoir central qui assure la souveraineté de la métropole, veille sur la tranquillité interne, repousse les menaces extérieures et maintient une communauté d’intérêts entre les colons et la métropole. Au cours de l’évolution économique naissent des groupes qui, petit à petit, s’efforcent de mettre en place des moyens d’expression politique ; c’est une organisation fondée sur l’existence de chambres communales, qui donne aux grands propriétaires terriens la possibilité de s’exprimer ; ces chambres, théoriquement limitées à leur circonscription géographique, sont capables, en fait, de s’adresser directement, dans certains cas, à Lisbonne. Elles fixent les salaires, les prix, discutent du cours de la monnaie, des impôts de la Couronne, et de toutes les affaires économiques locales ; il leur arrive même de déposer le gouverneur ou le « capitaine ». Sur le plan local, les propriétaires terriens sont, au départ, la seule force réelle, jouissant du prestige que donne la puissance ; avec l’arrivée des commerçants, dont la participation à la vie brésilienne va croissant et qui se trouvent directement associés à l’économie mondiale, en passant par Lisbonne, la situation devient plus complexe, et le pouvoir politique n’est plus monopolisé.

Quant au reste de la population

(2 millions à la fin du XVIIIe s.), elle ne participe pas aux activités poli-

tiques naissantes. Évidemment pas les esclaves qui vivent sur les plantations sucrières du Nord-Est. Pas non plus la population urbaine de petits commer-