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Ouvriers et étudiants s’organisent, les paysans s’agitent dans le Nord-Est, tandis que Francisco Juliaõ (né en

1918), fils de l’aristocratie foncière, avocat des pauvres, brûlé par la charité franciscaine et la passion progressiste, organise ses ligues paysannes. Ces mouvements diffus, s’ils représentent une force d’appoint susceptible de jouer un rôle déterminant dans la vie nationale, sont incapables de s’unifier.

Jânio Quadros (né en 1917) est élu président en 1960. Il doit rapidement se démettre (août 1961) sous la pression, semble-t-il, « des forces obscures »

de l’armée, de l’opposition de droite, des États-Unis. En fait, l’épisode reste difficile à expliquer, et le personnage demeure énigmatique. Son départ inattendu laisse un réformiste au pouvoir : João Goulart (né en 1918). Pour la première fois, le Brésil expérimente un régime parlementaire ; mais, un an plus tard, on revient au régime présidentiel ; le progressisme bien timide de Goulart suffit à mobiliser contre lui les inté-

rêts qui ont déjà chassé Vargas, puis Quadros. Ce n’est pas tant ce que fait Goulart que la participation accentuée des masses à la vie politique qui décide les militaires à intervenir (putsch d’avr.

1964). Entre 1961 et 1964, le nombre des syndicats de travailleurs ruraux reconnus officiellement est passé de six à six cents ; en dépit de ses faiblesses, le jeune mouvement paysan inquiète profondément les latifundistes, et cette inquiétude se retrouve dans tous les secteurs nationaux.

Le régime militaire

À la suite du coup d’État militaire qui dépose le président Goulart (31 mars -

1er avr. 1964), des milliers de Bré-

siliens, syndicalistes, intellectuels, clercs, politiques, sont arrêtés, des centaines de citoyens sont privés de leurs droits civiques. Un acte institutionnel, qui affirme vouloir « maintenir la Constitution de 1946 » tout en suspendant « pour six mois » certaines garanties, accorde pour soixante jours des pouvoirs d’exception presque absolus au président de la République, le maréchal Humberto Castelo Branco (1900-1967), afin « d’assurer l’oeuvre de reconstitution économique, financière, politique et morale du Brésil ».

Dix-huit mois plus tard, l’acte institutionnel no II supprime les élections pré-

sidentielles au suffrage direct et abolit tous les partis ; en 1966, un troisième acte met fin aux élections de gouverneurs au suffrage direct.

L’armée

L’armée est politisée de longue date, et son intervention n’est pas nouvelle dans la vie brésilienne : un coup d’État militaire a renversé l’empire, un autre a mis fin à la république des coronels, mais en 1930 les conspirateurs étaient des « tenentes » progressistes ; désormais ce sont des officiers supérieurs, généraux et maréchaux.

Cette unité politique dans le conservatisme n’empêche pas une profonde hétérogénéité sociale du corps des officiers, déchiré par l’existence de clientèles. Les sous-officiers se sont toujours montrés sensibles aux thèmes politiques du mouvement nationaliste.

Comme la Constitution fait de l’obéissance à la loi un devoir strict pour les officiers, la légalité chez certains militaires l’emporte sur la discipline et l’esprit de corps ; ainsi, en 1955, une fraction de l’armée intervient pour faire échouer un putsch des « go-rilles » ; en 1961, c’est encore l’appui des officiers « légalistes » qui permet à Goulart de succéder à Quadros. Mais, dans ces deux derniers mouvements, l’influence des sous-officiers grandit : Goulart, à plusieurs reprises, semble vouloir jouer d’eux contre leurs supé-

rieurs ; lorsqu’en mars 1964 Goulart tolère une mutinerie de marins à Rio, il s’aliène définitivement les officiers.

On distingue à l’époque plusieurs tendances parmi ces derniers : les fidèles à Goulart (les « janguistas ») qui l’aban-donneront cependant lors du coup d’État, les « nationalistes » (légalistes) opposés à l’insubordination des sous-officiers, et les « progressistes » ; la droite et l’extrême droite avec le maré-

chal Castelo Branco, le général Arthur da Costa e Silva (né en 1902), etc. Une large majorité est composée d’indécis.

Après 1964, une épuration très sévère frappera le corps des officiers.

Son gouvernement

Ce qui caractérise l’oeuvre des militaires c’est la subordination de l’écono-

mie nationale au marché international et à la domination nord-américaine.

Les gouvernements militaires qui se succèdent, ceux de Castelo Branco, de Costa e Silva, de Garrastazu Médici (1969-1974), d’Ernesto Geisel (depuis janv. 1974), conservent une grande co-hérence dans la poursuite des objectifs annoncés. La restriction du crédit provoque une concentration des activités industrielles, souvent sous la forme de la fusion ou du rachat par des firmes américaines. L’accord sur les investissements étrangers (1965) offre des garanties exceptionnelles aux investissements américains, auxquels le secteur minier est pratiquement abandonné ; Geisel mettra fin en 1975 au monopole downloadModeText.vue.download 91 sur 573

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4

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du pays sur ses ressources pétrolières ; quant au secteur agraire, rien n’y est changé, et le latifúndio brésilien demeure tel qu’en lui-même.

En revanche, le gouvernement parvient, pendant un temps, à ralentir l’inflation, entreprend de grands travaux (route transamazonienne). Sa politique économique favorise d’importants investissements, qui s’accompagnent d’un développement rapide des diverses branches de la production, mais ne permettent cependant pas une expansion durable.

Mais, sur le plan politique, la répression touche plusieurs secteurs de la population. Aux élections législatives de 1970, le parti gouvernemental, l’Arena, obtient la majorité des sièges à pourvoir, mais l’on compte 50 p. 100

de bulletins blancs ou nuls. En 1974, E. Geisel semble vouloir libéraliser le régime : la censure est adoucie, et les élections législatives se déroulent dans un climat de relative liberté. Le Mouvement démocratique brésilien (M. D. B.), seul parti d’opposition toléré, enlève 45 p. 100 des sièges à l’Assemblée. Mais, dès 1975, le gouvernement durcit son attitude, faisant notamment procéder à de très nombreuses arrestations dans les rangs du

M. D. B.

J. M.

F Amérique latine / Empire colonial portugais

/ Portugal.

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