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LA POPULATION

Groupant plus de 95 millions d’habitants après en avoir compté seulement 71 millions en 1960 et moins de 4 millions en 1800, la population connaît un accroissement rapide, encore accéléré depuis 1950. Cette population est très irrégulièrement répartie, opposant un Brésil peuplé et un Brésil vide. Le premier est le Brésil atlantique, ce qui s’explique par l’origine même du groupe humain né des migrations de l’époque coloniale, essentiellement portugaises, ou des migrations de la seconde moitié du XIXe s. et du début du XXe s., dont l’apport ethnique est beaucoup plus varié, avec, cependant, une prédominance de Latins. Ces populations ont formé, en s’installant, des noyaux de peuplement répartis au long du littoral atlantique, qui se sont ensuite multipliés par le phénomène de l’accroissement naturel résultant de l’excédent chaque jour plus important des naissances sur les décès. Malgré cet accroissement, les migrations inté-

rieures n’ont pas réussi à renverser la situation originelle.

Le premier des grands noyaux de

peuplement se situe au Sud-Est et concentre environ 40 millions d’individus ; les densités y sont souvent su-périeures à 25 habitants au kilomètre carré, parfois même à 50 habitants au kilomètre carré. Le second point de peuplement, celui du Nordeste, abrite environ 20 millions d’habitants ; le troisième, enfin, est représenté par la partie méridionale du Brésil.

Ces trois noyaux ont des origines différentes : le Nordeste, à l’époque coloniale, a constitué le point de peuplement initial ; le sud du Brésil a été peuplé essentiellement par la seconde vague d’immigration de la fin du XIXe s. ; le Sud-Est a reçu les influences de ces deux grandes phases de formation du groupe humain. Les zones intermédiaires, séparant ces trois régions de fort peuplement à l’intérieur même du Brésil atlantique, n’offrent que des densités inférieures à 10 habitants au kilomètre carré, voire à 5 habitants au kilomètre carré, dans l’espace compris entre le noyau de peuplement du Sud-Est et celui du Nordeste.

Mais le contraste le plus marquant oppose ce Brésil peuplé à l’ensemble du bassin de l’Amazone qui, pour une superficie recouvrant près de la moitié du territoire brésilien, n’abrite même pas le vingtième de la population totale du pays. De même le plateau intérieur présente des densités rarement supé-

rieures à 1 habitant au kilomètre carré et souvent inférieures à 1 habitant pour 2 kilomètres carrés, formant ainsi une zone où la faiblesse du peuplement entrave la mise en valeur des potentialités de la nature.

Cette population, si inégalement répartie, est affectée d’un taux d’accroissement de plus en plus fort, malgré le ralentissement marqué de l’immigration. Le taux d’accroissement naturel, voisin de 2 p. 100 par an dans l’entre-deux-guerres, est passé progressivement à 2,5 puis à 3 et même 3,2 p. 100 entre 1945 et 1970. En effet, les taux de natalité demeurent très éle-vés, supérieurs la plupart du temps à

40 p. 1 000, tandis que, depuis 1945, la révolution des antibiotiques, l’amé-

lioration des conditions sanitaires et la lutte contre les grandes endémies ont fait diminuer les taux de mortalité. La population brésilienne, de ce fait, est particulièrement jeune, plus de la moitié ayant moins de vingt ans.

L’augmentation rapide des zones déjà peuplées qui s’accroissent sur place conduit à une pression démographique qui provoque des migrations. Celles-ci se font parfois vers les zones plus vides et permettent l’apparition d’un front pionnier de défrichement, comme celui qui s’esquisse actuellement avec l’ouverture de la route Belém-Brasília ou comme ceux, très importants, qui existaient au moment de l’essor de la culture du café, dans l’État de São Paulo, puis dans le nord de l’État de Paraná. Une petite partie de cette population excédentaire aboutit donc à peupler le Brésil vide, mais la plupart des migrations se dirigent vers les grandes villes, dont elles ne font que renforcer la congestion. C’est qu’en effet les migrations intérieures brésiliennes actuelles sont avant tout des migrations de misère, dues aux conditions de vie précaires des paysans sans terres, qui partent vers les villes dans l’espoir d’un emploi. Or ces villes sont souvent incapables de répondre à cet espoir, car il n’y a pas de rapport direct entre la capacité d’attraction de la grande ville représentée par l’accroissement des possibilités d’emplois et l’importance du nombre des migrants chassés de leur campagne par la misère. Dans ces conditions, les grandes villes s’accroissent démesurément et ne cessent de s’alourdir de quartiers d’habitat spontané, de bidonvilles. C’est ainsi qu’entre 1950 et 1960, l’accroissement de la population brésilienne ayant été dans l’ensemble de 34 p. 100, l’accroissement des six plus grandes villes, São Paulo, Rio de Janeiro, Recife, Salvador, Pôrto Alegre et Belo Horizonte, a atteint 80 p. 100.

La population est ethniquement très complexe ; de nombreux métissages se sont produits au cours des siècles : le fonds indien primitif n’existe plus actuellement qu’à l’état de petits groupes, peu nombreux et vivant dans les régions les moins pénétrées par les

Blancs, le Plateau central et l’Amazonie. Mais, dès le début de l’époque coloniale, il y a eu de nombreux métissages entre Portugais et Indiens, ainsi que des métissages avec les Noirs importés d’Afrique au cours des trois siècles accomplis sous le signe de l’esclavage. Actuellement, il y a donc au Brésil une petite minorité d’Indiens, un groupe noir encore assez important et surtout une grande masse de métis très divers. Il faut ajouter qu’au sein même du groupe blanc les origines nationales sont extrêmement variées et qu’en dehors du fonds d’origine portugaise l’immigration de la fin du XIXe s. a donné lieu à l’installation d’un groupe italien, d’un groupe allemand, d’un groupe espagnol, etc. Cette diversité ethnique ne pose cependant pas de graves problèmes, car il n’y a ni ségrégation raciale officielle ni difficulté d’assimilation pour la plupart des immigrants, quelle que soit leur nationalité.

Par contre, l’analphabétisme, lié à la faiblesse des niveaux de vie, constitue un problème encore très sérieux : bien qu’en recul, puisqu’il concernait 62 p. 100 de la population en 1940 et n’en touchait que 46 p. 100 en 1960, il pèse très lourdement dans l’économie actuelle ; celle-ci se caractérise par la faiblesse du revenu moyen par habitant, qui ne dépasse pas 400 dollars par an. Or ce chiffre recouvre les revenus de deux catégories sociales très différentes, une minorité très riche et la masse très pauvre. Dans ces conditions, il exprime l’extrême insuffisance des revenus de cette catégorie, dont une partie, composée de la population d’ouvriers agricoles et de paysans, ne dispose en fait d’aucun revenu monétaire réel et demeure en marge de l’économie.

LA VIE ÉCONOMIQUE

Plus de la moitié de la population vit encore de l’agriculture, et derrière l’importance et la variété de cette économie agricole se cache la misère de tous ceux qui, par leur travail, en tirent leurs moyens d’existence. Le secteur downloadModeText.vue.download 92 sur 573

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4

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industriel, qui n’emploie actuellement que moins du cinquième de la population active, se caractérise par des indices de croissance très spectaculaires, et la production augmente dans tous les domaines. Pourtant à cette industrialisation correspond l’augmentation des bidonvilles urbains qui témoignent du sous-emploi de la population en âge de travailler. Enfin, le secteur tertiaire, malgré les nombreux emplois qu’il procure, est entaché soit par le parasitisme d’une administration plé-

thorique, soit par les petits métiers qui, rangés dans ce secteur, constituent en fait des activités marginales.