taires, qui demeure pratiquement aussi bas que celui des ouvriers agricoles des plantations. Seules les zones de colonisation italienne ou allemande du Brésil méridional se consacrent à une polyculture plus commercialisée, reposant sur la vigne, les arbres fruitiers tempérés, le blé ou le riz, qui permet downloadModeText.vue.download 93 sur 573
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la formation d’un paysannat beaucoup plus aisé et susceptible d’enrichissement. Quelques foyers de colonisation japonaise, en particulier autour de São Paulo. connaissent une évolution semblable.
L’agriculture n’utilise finalement qu’une partie relativement faible de l’espace national, de grandes étendues étant encore occupées par la forêt, notamment en Amazonie où les taches de défrichement sont infimes, et le reste du territoire étant utilisé par l’élevage extensif.
Une tradition d’élevage extensif Dès l’époque coloniale s’est développé un élevage destiné à fournir en viande et en animaux de trait les zones de monoculture. Les terres d’élevage se situaient en marge des zones de plantations installées dans les plaines littorales, c’est-à-dire sur les plateaux intérieurs bordant ces plaines, puis, progressivement, elles s’étendirent à l’ensemble du Brésil intérieur.
Aujourd’hui, cet élevage se présente comme une survivance sans transformation du système traditionnel ou sous une forme améliorée. Les fermes d’élevage de l’intérieur du Nordeste ou de l’intérieur du Plateau central, dans les États de Goiás ou Mato Grosso sont généralement très grandes, souvent de plusieurs dizaines de milliers d’hectares, et appartiennent à des propriétaires urbains qui confient le soin de leurs troupeaux à un vaqueiro. Ce dernier est une sorte de régisseur ré-
munéré, non pas en espèces, mais par le droit de garder un veau sur quatre parmi ceux qui vont naître dans le troupeau. Il est aidé par des gardiens de troupeau qui parcourent à cheval la propriété et rassemblent le troupeau à certaines époques. En effet, les bêtes sont laissées en liberté, se nourrissent de la végétation naturelle et se reproduisent librement, quelques taureaux de race achetés en Europe occidentale étant parfois ajoutés, pour améliorer la qualité. À certaines périodes, les gardiens réunissent tout le bétail dans un enclos proche de la ferme pour procéder au tri des bêtes à vendre et au marquage des jeunes animaux nés dans l’année. Jusqu’à une époque récente, les bêtes à vendre étaient acheminées en troupeau vers les zones de consommation des grandes villes littorales, parcourant à pied 1 000 à 2 000 km.
Épuisées à leur arrivée, elles devaient séjourner dans des prairies de repos avant leur abattage. Maintenant le dé-
veloppement des routes dans l’intérieur a entraîné l’utilisation croissante du camion pour le transport des animaux.
La pénétration du modernisme se traduit aussi, dans un certain nombre de fermes d’élevage, par quelques amé-
liorations : division de la propriété en parcelles où les bêtes passent successi-
vement après avoir pâturé totalement la parcelle précédente, amélioration des races, etc. Mais, seuls, la zone du Sud-Est brésilien dans les alentours de São Paulo et de Rio de Janeiro et le sud de l’État de Minas Gerais pratiquent un élevage beaucoup plus évolué, orienté vers la production de lait, alors que l’élevage traditionnel ne produit que de la viande et du cuir.
Le malaise agraire et son
évolution
Pour tenter de mettre fin au malaise agraire général, on envisage, périodiquement, l’éventualité d’une réforme de structure. Ainsi en 1963-64, le gouvernement a lancé une politique de réforme agraire plus radicale en pré-
conisant la confiscation des grandes propriétés mal cultivées situées au long des routes pour les donner aux paysans sans terres. Cette menace pesant sur les grands propriétaires, toujours maîtres de la politique brésilienne, n’a pas été étrangère au coup d’État du 1er avril 1964 qui a renversé le gouvernement Goulart.
Le problème agraire demeure entier.
Les seules améliorations notables intervenues sont celles qui sont liées à l’intérêt des grands propriétaires et qui ont été effectuées autour des grandes villes, en particulier dans l’État de São Paulo, grâce à l’existence d’un marché important. Ainsi les anciennes terres à café abandonnées ou laissées à l’élevage extensif ont été récemment remises en valeur par des formes modernes de culture de l’arachide, de l’hévéa, de la canne à sucre, du coton, avec utilisation d’engrais, rotation des terres, plantations en courbes de niveau, etc.
L’essor industriel
Jusqu’à la fin du XIXe s., le Brésil a vécu essentiellement de son agriculture et s’est trouvé sous la dépendance de l’étranger non seulement pour les produits fabriqués mais même pour l’essentiel de la valorisation des produits de son sol et de son sous-sol. Cette situation s’est progressivement renversée à partir du début du XXe s., sous la pression de facteurs divers : appari-
tion d’une nouvelle bourgeoisie indus-downloadModeText.vue.download 94 sur 573
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trielle par l’immigration de la fin du XIXe s., enrichissement de l’aristocratie foncière traditionnelle par l’essor de cultures spéculatives et notamment du café, augmentation du groupe humain qui a permis l’apparition d’un marché de consommation intéressant en dépit de la faiblesse des niveaux de vie, pression des deux guerres mondiales qui, en entravant les importations, ont favorisé l’essor de l’industrie sur le territoire brésilien.
L’industrialisation s’est effectuée par l’apport de capitaux nationaux et étrangers. Les capitaux étrangers furent attirés à la fois par l’installation des infrastructures telles que les chemins de fer, l’électricité, dont les capitaux brésiliens étaient incapables d’assurer le financement, par l’exploitation des richesses du sous-sol, ce qui fit du Brésil un fournisseur de matières premières pour les pays industriels, enfin par l’installation d’industries de biens d’usage et de consommation destinés au marché intérieur. Cette dernière catégorie d’investissements s’est renforcée lorsque, le Brésil s’étant entouré de barrières douanières, les importations devinrent plus difficiles. Aussi le Brésil possède-t-il actuellement un éventail industriel non négligeable, mais qui n’occupe encore que moins de 20 p. 100 de la population active et ne représente, dans bien des cas, qu’une industrialisation partielle, voire artificielle, liée à des intérêts étrangers et non intégrée dans l’ensemble de l’économie nationale. À l’intérieur de cette industrie brésilienne, qui occupe maintenant environ 2,5 millions de travailleurs, les branches employant les plus forts effectifs sont le textile, les produits alimentaires, la métallurgie. Aucune des autres branches, bien qu’elles soient pratiquement toutes re-présentées, n’atteint 100 000 emplois.