L’importance des ressources du
sous-sol entraîne l’existence d’une industrie extractive notable dans la
périphérie des zones de croissance ; l’État de Minas Gerais, en particulier, possède l’essentiel des mines de fer ; certaines régions plus excentriques pourvues d’une richesse particulière, comme le territoire d’Amapá avec ses mines de manganèse, sont également mises en valeur. Cependant, l’ensemble des richesses minières nationales, notamment celles du Mato Grosso dans le Plateau intérieur, commencent à peine à être prospectées et ne sont pas encore exploitées.
L’extraction minière est assurée souvent grâce aux capitaux étrangers, c’est le cas du manganèse d’Amapá, extrait par une compagnie américaine, d’une partie des mines de fer, vendues à une autre compagnie américaine. Au contraire, l’exploitation du pétrole est l’exclusivité de la Compagnie nationalisée Petrobrás. Cette compagnie exploite actuellement le pétrole de l’État de Bahia au fond de la baie de « Tous-downloadModeText.vue.download 95 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4
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les-Saints », et effectue des prospections dans divers points du Nordeste et de l’Amazonie.
Le minerai de fer, comme les autres minerais, est partiellement expédié à l’état de matière première vers les grands pays industriels, essentiellement vers les États-Unis ; mais travaillé aussi sur place, il alimente une industrie sidérurgique assez importante. En effet, le Brésil possède déjà plusieurs aciéries. La grande usine de Volta Redonda, dans la vallée du Paraíba, se situe à mi-chemin des mines de fer et des ports importateurs de charbon (la production brésilienne de houille étant très faible et d’une qualité peu propice à la sidérurgie). Due à une initiative du gouvernement, elle a été réalisée durant la Seconde Guerre mondiale, avec l’aide d’une souscription nationale et d’un emprunt aux États-Unis et a produit sa première tonne d’acier en 1946. Depuis peu, apparaît une troi-
sième localisation, une « sidérurgie sur l’eau », en bordure de mer. Elle est alimentée en charbon par mer, et le minerai de fer de l’État producteur de Minas Gerais lui parvient par cabotage, après avoir été préalablement acheminé de la mine vers un port, par une ligne de chemin de fer directe. Ainsi fonctionne l’usine installée dans la plaine littorale, à la latitude de São Paulo, à proximité du port de Santos. La sidérurgie couvre déjà une grande partie des besoins du Brésil en acier ordinaire, et vise même à s’ouvrir un marché international dans les autres pays d’Amérique du Sud, moins favorisés dans ce domaine.
Outre les usines sidérurgiques, qui représentent le secteur le plus moderne de son industrie, le Brésil possède une large gamme d’industries traditionnelles dans laquelle les usines de denrées alimentaires pour la valorisation des produits des plantations tiennent une large place (sucreries pour le traitement de la canne, usines de traitement des oléagineux, conserveries, etc.).
Mais le Brésil possède surtout plusieurs grands foyers d’industries de biens d’usage et de consommation, qui fournissent la plupart des biens nécessaires à la vie d’une société moderne.
Cependant, il convient de noter que, par rapport à l’éventail de la demande, cette production comporte un pourcentage nettement plus élevé de produits ordinaires que de produits de luxe.
C’est la ville de São Paulo qui dé-
tient l’essentiel de ces industries. Elle a été le premier foyer de développement de l’activité industrielle au Brésil et demeure le plus important : à elle seule, la région de São Paulo assure plus de la moitié de la production industrielle ; dans le domaine des biens de consommation, elle y ajoute un rôle important dans la sidérurgie avec les usines de la plaine littorale, et dans celui du raffinage du pétrole à partir du pétrole bré-
silien ou de pétrole brut importé.
À proximité de ce très grand foyer industriel, celui de Rio de Janeiro assure une part qui est nettement moindre de la production brésilienne.
Le foyer situé autour de la capitale de Minas Gerais, Belo Horizonte, est encore beaucoup plus modeste. Enfin, quelques grandes villes, Pôrto Alegre au sud, Recife et Salvador dans le Nordeste, abritent un certain nombre d’usines. D’ailleurs, l’activité industrielle de ces deux dernières villes a pris récemment un essor considérable, grâce à une législation spéciale qui, par une série d’exemptions fiscales et d’aides financières accordées par le gouvernement, facilite les investissements effectués dans le Nordeste et en particulier dans les zones industrielles entourant Salvador et Recife.
Actuellement, le bilan du potentiel industriel à travers l’espace brésilien fait d’abord apparaître un pôle de croissance « spontané », le littoral du Sud-Est brésilien entre Rio de Janeiro et São Paulo. Ensuite, le foyer du Nordeste peut être considéré comme un pôle de croissance « volontaire », d’incitation. Enfin, le foyer de Minas Gerais, qui renferme un gros potentiel de production de matières premières, est encore peu développé dans le domaine des industries de transformation, étant moins favorisé que celui du Sud-Est pour les localisations spontanées, faute d’un acquis comparable à celui de grandes villes comme São Paulo et Rio de Janeiro, et ne bénéficiant pas d’exemptions fiscales comme le foyer volontaire du Nordeste. Aussi connaît-il une croissance assez lente, alors que, mieux soutenu dans le cadre d’une politique d’aménagement, il pourrait être le point de départ d’une mise en valeur du Brésil intérieur, qui demeure encore aujourd’hui, surtout au point de vue industriel (en excluant les branches extractives), une zone très vide.
LES CONTRASTES
RÉGIONAUX
Sans chercher à épuiser toute la variété des paysages et des formes d’organisation de l’espace brésilien, il est possible d’en présenter une vue d’ensemble rapide par la description de cinq régions constituant, pratiquement, les cinq grands types d’espace caractéristiques du Brésil. Ces grandes régions sont : l’Amazonie encore vide
d’hommes et lourde du poids d’une nature contraignante ; le Plateau inté-
rieur, vide d’hommes également, malgré les potentialités naturelles offertes à l’agriculture ; le Nordeste, où le sous-développement accable l’homme ; le Sud-Est, zone de croissance et d’essor des activités modernes ; le Sud, enfin, dont les caractères originaux résultent des conditions de peuplement et de l’importance de l’immigration européenne à la fin du XIXe et au début du XXe s.
L’Amazonie
L’Amazonie est la zone du climat équatorial et le domaine de la grande forêt équatoriale.
Difficile à défricher, cette forêt cache, sous l’exubérance végétale, des sols très fragiles, mal connus, vite dé-
tériorés et épuisés une fois qu’ils sont privés de la couverture avec laquelle ils sont en équilibre depuis très longtemps.
À la faune dangereuse s’ajoute le pullulement de micro-organismes, facteur d’insalubrité. Aussi est-ce dans cette forêt amazonienne hostile à l’homme que se sont réfugiés les Indiens qui peuplaient le Brésil en tribus éparses avant la pénétration portugaise et qui ont été chassés des terres mises en valeur par les colons ; en effet si l’Européen a pénétré dans cette forêt, il ne s’y est jamais installé de façon définitive, se contentant d’y faire des incursions pour la coupe des bois précieux.
Actuellement les Indiens d’Amazonie sont sans doute assez peu nombreux, environ 50 000 d’après certaines estimations, d’ethnies différentes, mais essentiellement rattachées au groupe
« tupi ».
L’Amazonie a eu un peuplement
blanc plus ou moins épars et temporaire à l’époque coloniale, par suite de la recherche des bois précieux ; il est devenu plus permanent et intense à la fin du XIXe s. lors de la découverte de l’Hevea brasiliensis qui pousse à l’état naturel dans la forêt amazonienne, et dont la sève fournit la matière première pour la fabrication du caoutchouc.