L’Amazonie moyenne, qui en détient l’essentiel, a connu alors un boom économique et a vu affluer une forte immigration de main-d’oeuvre pour recueillir
la sève des arbres dispersés à travers la forêt. La ville de Manaus s’est accrue rapidement et est devenue la capitale du caoutchouc. Mais cette époque de prospérité fut de courte durée, la concurrence des plantations d’hévéas downloadModeText.vue.download 96 sur 573
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de Malaisie, dans la deuxième décennie du XXe s., ayant provoqué la ruine de cette exploitation. La main-d’oeuvre pauvre, n’ayant pas la possibilité de repartir, a constitué un groupe humain épars le long des fleuves (ceux-ci étant l’unique moyen de circulation), et a commencé à pratiquer une petite agriculture de subsistance, en défrichant la forêt sur une profondeur ne dépassant pas quelques centaines de mètres à partir des berges. Aussi, l’Amazonie est-elle actuellement parsemée de ces taches de peuplement sur les marges des rivières.
Le seul moyen de communication
étant encore en 1970-1971 le bateau, les deux grandes villes, Manaus et Belém, sont deux ports. Belém est un port de mer. Manaus, à environ 1 500 km à l’intérieur des terres, constitue un point de transbordement entre la flottille des petites embarcations traditionnelles sillonnant continuellement l’Amazone et les bateaux modernes qui remontent le fleuve jusqu’à cette ville. Au port moderne, équipé de docks flottants recevant, au milieu du fleuve, les bateaux de moyen tonnage, s’oppose le port de berge qui accueille les petites embarcations fluviales. Bien que Belém compte une population beaucoup plus importante, les deux villes portent dans leur paysage l’empreinte de la prospérité de la fin du XIXe s. et du début du XXe s., par la prédominance des bâtiments de cette époque, cependant que le nombre restreint d’immeubles de plus de dix étages, en plein essor dans le centre des affaires des autres villes brésiliennes, traduit la faiblesse du développement récent de la région. À Manaus même, les très grandes avenues tracées au moment du boom du caoutchouc sont actuellement reprises par la végéta-
tion naturelle et bordées de pauvres paillotes. Pourtant, la prospection pétrolière peut avoir un rôle important sur l’avenir de l’Amazonie (intéressée aussi par la construction d’une route transamazonienne) et en transformer la physionomie si elle parvient à confirmer les espoirs suscités par cette fosse de subsidence.
Le Plateau intérieur
Il constitue la zone du climat tropical à saison sèche, de la savane plus ou moins arborée, la zone des grands plateaux horizontaux qu’accidentent seulement l’encaissement du réseau hydrographique ou les chapadas. À
l’ouest de tous les foyers de peuplement, le Plateau intérieur est, dans l’organisation de son espace, caracté-
risé par le manque d’hommes. Faute d’avoir été mis en valeur par un groupe humain important, il a, lui aussi, servi de zone de refuge aux groupes indiens plus ou moins protégés par le gouvernement et qui ont le même genre de vie et les mêmes types de relations avec le monde extérieur que les tribus d’Amazonie.
Mais le Plateau intérieur est, avant tout, le domaine de l’élevage extensif à caractère spéculatif, pratiqué dans les plus grandes propriétés du Brésil.
Actuellement, faute d’activités
autres que l’élevage et l’agriculture de subsistance de la main-d’oeuvre agricole, les villes sont essentiellement des centres administratifs liés à la division de la zone en États.
À la fois centres administratifs, commerciaux et culturels, ces villes-capitales ne représentent qu’un niveau assez modeste de vie urbaine. Les autres agglomérations sont des bourgs de petites dimensions, la faiblesse des niveaux de vie de l’ensemble de la région empêchant la naissance de véritables centres d’activités tertiaires.
Cependant, au sein de cette organisation traditionnelle de l’espace, la ville de Brasília*, implantée au coeur du Plateau, peut être un germe de transformation.
Le Nordeste
Formé par la pointe du Brésil qui avance vers l’Atlantique, le Nordeste comporte un assez grand nombre d’États de dimensions très variées. Il est avant tout caractérisé par un groupe humain important et très misérable. C’est la région de la pauvreté, de l’exode rural vers les grandes villes ou les autres régions, la région des famines lors des périodes de sécheresse particulièrement accentuées, en un mot, la région du sous-développement. Certes, la plus grande partie du Nordeste, constituée par la zone de climat semi-aride conju-guant la faiblesse quantitative annuelle des pluies et leur grande irrégularité, est tributaire, pour sa mise en valeur agricole, de ces conditions climatiques.
Pourtant, celles-ci ne sauraient fournir l’explication de la faiblesse des niveaux de vie, dans la région. En effet, le Nordeste comporte également une zone littorale chaude et humide, ainsi qu’une zone intermédiaire bénéficiant d’une nature encore très favorable à l’homme ; or, ces trois milieux naturels offrent le spectacle de la même misère.
Il s’agit surtout de la misère rurale, celle de l’homme de la terre, liée aux formes de mise en valeur résultant de la structure foncière héritée de l’époque coloniale. La zone des plaines litto-downloadModeText.vue.download 97 sur 573
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rales, la zona da mata, c’est-à-dire la
« zone de la forêt », est le lieu d’élection de la grande culture de la canne à sucre. C’est là que se trouvent les fermes traditionnelles et les usines de transformation de la canne à sucre avec leurs grandes plantations. Mais c’est là aussi que vivent l’ouvrier agricole sans salaire, établi sur les marges des plantations dans une pauvre cabane, entourée d’un lopin de terre concédé à titre précaire pour ses cultures de subsistance, et l’ouvrier agricole sans terres, installé dans des baraquements ou dans les anciens logements d’esclaves et ré-
tribué par un salaire si dérisoire que sa misère est encore plus grande que celle de l’ouvrier sans salaire dont le lopin de terre assure la nourriture.
La zone intermédiaire, l’Agreste, est le domaine de l’élevage, actuellement orienté vers la production du lait, ou le domaine de la polyculture de subsistance, produisant des excédents commercialisés pour les grandes villes du littoral. Certaines parties plus humides se consacrent aussi à de petites plantations de caféiers. Dans les grandes propriétés d’élevage comme dans les petites propriétés faisant de la polyculture, le niveau de vie est très bas, résultant, dans les premières, des relations de travail et des modes de rémunération, dans les secondes, de l’exiguïté de l’espace à cultiver, du manque de moyens financiers et de la faiblesse des connaissances techniques du paysan.
Enfin la zone intérieure du Nordeste, qui couvre près de 90 p. 100 du territoire de cette région, forme le sertão, la zone de la sécheresse, où domine la grande propriété pratiquant essentiellement l’élevage extensif des bovins ou des chèvres. À la faiblesse des niveaux de vie des travailleurs de ces grandes fermes s’ajoute la perpétuelle menace d’une sécheresse plus accentuée qui, en détruisant la petite polyculture de subsistance qui assure la nourriture des paysans, déclenche alors l’exode des retirantes, familles entières migrant vers les grandes villes du littoral du Nordeste, Recife* et Salvador*, ou vers d’autres régions.
Le Sud-Est
Bénéficiant de conditions naturelles assez variées, tant climatiques, opposant climat tropical à saison sèche peu marquée du littoral et climat tropical à saison sèche plus marquée de l’intérieur, que topographiques, avec des reliefs de moyenne montagne, de bassin intérieur et de plaine littorale, le Sud-Est doit son unité aux facteurs humains et économiques qui en font le pôle d’attraction du Brésil. Il réunit actuellement environ 40 millions d’habitants, soit près de la moitié de la population, sur une superficie repré-