sentant un dixième de l’espace national. Il possède les deux plus grandes villes, São Paulo et Rio de Janeiro.
Cette région concentre près des trois quarts du potentiel industriel du pays,
tous les sièges sociaux des grandes entreprises, toutes les activités tertiaires supérieures. C’est là aussi que vit l’aristocratie brésilienne, ce qui entraîne la localisation à l’intérieur de cet espace de toutes les activités tertiaires rares qui répondent à la capacité de consommation de ce groupe humain au niveau de vie élevé.
Cependant, les étapes de la mise en valeur de cette région ont imprimé, dans son espace, deux types d’organisation, qui permettent de distinguer un Sud-Est « ancien » et un Sud-Est « récent ».
Le Sud-Est ancien a été mis en valeur dès le XVIIIe s., soit par la recherche de l’or dans l’intérieur, qui forme l’État actuel de Minas Gerais, soit par le développement des plantations de canne à sucre autour de Rio de Janeiro, devenu, à cette époque, capitale de la colonie du Brésil. C’est encore de lui qu’est parti, au XIXe s., le grand mouvement d’expansion des plantations de caféiers, d’abord localisées autour de Rio de Janeiro, puis dans l’est et le sud de l’État de Minas Gerais, avant de gagner la zone plus méridionale de São Paulo et de provoquer la mise en valeur de cette région devenue maintenant le nouveau Sud-Est. Le Sud-Est ancien est dominé par l’influence de Rio de Janeiro, vers lequel converge le réseau routier et ferroviaire et qui demeure le centre majeur d’exportation et d’importation. Le café a pratiquement disparu de cette partie du Sud-Est, par suite de l’épuisement des sols, qui ont été réutilisés récemment par l’élevage laitier. Près de la côte, autour de Rio de Janeiro, les terres ont été reprises par de grandes plantations d’orangers et de bananiers. Enfin ce Sud-Est ancien renferme deux foyers industriels importants, l’un autour de Rio de Janeiro, l’autre autour de Belo Horizonte, sans toutefois que l’un ou l’autre puisse rivaliser avec le grand centre du Sud-Est nouveau, autour de São Paulo. À
partir de São Paulo s’est constitué un véritable réseau urbain, comme il en existe dans les régions des pays développés. L’activité agricole du Sud-Est nouveau repose d’abord sur le café ; depuis quelques années, d’autre part, la mise en valeur de la partie méridionale de Minas Gerais, rattachée maintenant au Sud-Est nouveau par l’attraction de
la ville de São Paulo, s’effectue sous la forme d’une agriculture de plus en plus diversifiée, destinée à alimenter les grands marchés urbains.
Le Sud
C’est une région originale par ses conditions naturelles et ses facteurs humains. Il présente, en effet, un climat caractérisé par l’existence d’un hiver en contraste marqué, du point de vue thermique, avec la saison chaude, plus proche du climat tempéré qui peut expliquer, en partie, l’installation dans cette zone, pratiquement vide d’hommes jusqu’à la fin du XIXe s., de la majorité des Européens de la seconde vague d’immigration. Aussi la mise en valeur agricole de cette région reflète-t-elle les différentes origines du peuplement. C’est ainsi que les zones de peuplement à prédominance italienne se consacrent plus spécialement à la culture des fruits et de la vigne, assurant notamment l’essentiel de la production brésilienne de vin. Les zones de colonisation allemande offrent une gamme de cultures plus variées. Il existe aussi des zones de colonisation où les origines sont plus mélangées, mais, dans toutes, le soin particulier apporté aux cultures imprime au paysage un aspect différent de celui des paysages agricoles du reste du Brésil.
Dans les secteurs intérieurs, peu touchés par cette implantation européenne, domine encore un élevage bovin extensif, pratiqué dans le cadre de grandes propriétés, visant à la production de viande et utilisant, comme l’élevage de l’Uruguay ou celui de la Pampa argentine, la prairie naturelle qui couvre cette partie du sud du Bré-
sil. Dans les zones intermédiaires, le bassin du fleuve Jacuí en particulier, les grandes propriétés s’adonnent à la culture commercialisée du riz et du blé. Disposant de moyens techniques médiocres, elles obtiennent des rendements assez bas.
La partie méridionale du Brésil, ainsi diversifiée par ses conditions de mise en valeur, est dominée par l’influence de la ville de Pôrto* Alegre.
Cet aperçu rapide des contrastes régionaux montre la grande diversité
de l’immense espace brésilien, tant dans ses milieux naturels que dans ses conditions de peuplement et de mise en valeur. Les disparités de niveau de développement pèsent fortement dans la vie économique du Brésil, la zone de croissance tendant à transformer le reste du pays en un marché qui lui serait réservé et, pour ce qui est du Nordeste, en une source de main-d’oeuvre. L’espace brésilien, d’autre part, est dominé par l’opposition entre les zones peuplées et les zones actuellement vides, où se posent avec acuité les problèmes du démarrage de la mise en valeur et du peuplement, problèmes sans doute plus faciles à résoudre pour le Plateau inté-
rieur que pour l’Amazonie marquée par ses conditions naturelles contraignantes. Par suite de la pression démographique, il devient chaque jour plus urgent d’en finir avec cette opposition entre Brésil peuplé et Brésil vide et de parvenir à une véritable mise en valeur de l’ensemble du territoire, dont les trois quarts se trouvent actuellement en marge du développement économique.
M. R.
F Amazone / Amazonie / Bahia / Belém / Belo Horizonte / Brasília / Minas Gerais / Nordeste /
Paraná / Pôrto Alegre / Recife / Rio de Janeiro /
Rio Grande do Sul / Salvador / São Paulo.
P. Monbeig, le Brésil (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1954 ; 3e éd., 1968). / M. Le Lannou, le Brésil (A. Colin, 1955 ; 4e éd., 1968). / A. de Azevedo, Geografia do Brasil (São Paulo, 1960 ; nouv. éd., 1969 ; 2 vol.). / P. Geiger, Evolução da rede urbana brasileira (Rio de Janeiro, 1963). /
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L’ART BRÉSILIEN
Alors qu’en Amérique espagnole l’art doit pour beaucoup son originalité à la combinaison d’éléments indigènes et péninsulaires, au Brésil ce phénomène de métissage artistique a peu joué.
C’est dans le domaine de l’architecture que le génie artistique brésilien a atteint sa plus haute expression, aussi
bien à l’époque coloniale qu’au cours du XXe s.
Architecture
Pour comprendre les monuments du Brésil, il faut les comparer à ceux du Portugal, les deux pays formant une vaste unité dotée d’écoles très diverses.
Au XVIIe s., ce sont les ordres religieux qui se chargent de faire évoluer ces différentes tendances. Les sévères mo-dèles jésuites sont imités par les franciscains, les bénédictins et les carmes (v. Recife et Salvador). Le développement de la colonisation rurale s’est accompli sous un régime quasi féodal : avec sa « casa grande », ou résidence du maître, son moulin à sucre et sa
« senzala » formée par les cases des esclaves, l’ensemble architectural ca-downloadModeText.vue.download 98 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 4
1777
ractéristique des zones sucrières est le reflet des hiérarchies sociales.
Si la capitainerie de Minas Gerais doit son rapide essor démographique à la richesse de son sous-sol, c’est aux confréries qu’il faut attribuer l’épanouissement de l’architecture religieuse, surtout dans la seconde moitié du XVIIIe s., où se produit une évolution vers le rococo attestée par la grande variété des plans et l’existence de murs ondulés. Les exemples les plus importants de cette tendance sont : l’église des Carmes à Ouro* Prêto (1766), caractérisée par sa façade concave-convexe-concave ; la terrasse monumentale du sanctuaire de Bom Jesus de Congonhas do Campo (1770), dont la scénographie présente une combinaison convexe-concave-droite et rappelle les églises de pèlerinages du nord du Portugal ; l’église des Franciscains de São João del Rei (1774), à façade plane mais à nef ovale.