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La valeur ajoutée

Tous les agents peuvent avoir une activité de production, c’est-à-dire transformer et combiner des biens et des services afin de mettre de nouveaux biens et services à la disposition de la collectivité ; mais les principaux producteurs sont évidemment les entreprises, qu’elles soient classées en « so-ciétés » ou en « ménages ». Prenons donc l’exemple d’une entreprise.

Elle produit des biens et des services et pour cela elle utilise d’autres biens et services : matières premières, électricité, gaz, service de transport, etc. Sa valeur ajoutée est la différence entre la valeur des biens et des services qu’elle a produits et la valeur des biens et des services qu’elle a consommés.

Pourquoi « valeur ajoutée » ? L’entreprise a acquis sur le marché un certain nombre de produits qui ont été créés par d’autres. Elle a « incorporé »

ces produits pour en faire, avec « du travail et du capital », un produit plus élaboré et le mettre sur le marché ; elle a effectivement ajouté de la valeur aux biens et aux services acquis en leur incorporant du travail et du capital, et en les transformant, ainsi, en un produit dont la valeur est plus élevée.

Si donc on veut évaluer la contribution qu’une entreprise, une branche ou toute partie de l’économie apporte à la production nationale, c’est bien par la valeur ajoutée que cela se mesurera.

Une usine de construction d’automobiles transforme de l’acier, du verre, du caoutchouc, etc., en véhicules : l’apport de cette usine à l’économie nationale, c’est bien la valeur des véhicules moins celles de l’acier, du verre, du caoutchouc, etc. La contribution de l’industrie sidérurgique aura été de transformer du minerai de fer en acier ; celle des mines de fer, d’extraire ce minerai. La production totale d’automobiles s’obtient bien en additionnant les valeurs ajoutées de toutes ces indus-

tries : le minerai, plus la valeur ajoutée au minerai pour le transformer en acier, plus la valeur ajoutée à l’acier pour le transformer en automobile.

On voit que, en retenant comme valeur de la production de chaque entreprise non pas le total de ce qui sort des usines, mais seulement sa valeur ajoutée, lorsqu’on additionne les valeurs ajoutées par toutes les entreprises, on a l’ensemble de ce qui a été produit et qui n’a pas été réintroduit dans le circuit productif, donc (à condition d’y ajouter les importations) ce qui a été consommé par d’autres agents, investi, exporté ou stocké.

La somme de toutes les valeurs ajoutées représente donc bien la production totale du pays : c’est le produit inté-

rieur brut. Si l’on avait additionné les productions elles-mêmes, tout ce qui a été produit par les uns et utilisé par les autres sous forme de consommation intermédiaires aurait été compté deux fois : ce total n’aurait eu aucun sens.

Les opérations de répartition

Retenons seulement ici que, lorsque l’on fait le compte d’une entreprise, on va d’abord s’attacher à dégager la valeur ajoutée, solde des opérations courantes sur biens et services : production moins consommations intermédiaires.

Cette valeur ajoutée va, bien entendu, servir à rémunérer les travailleurs et le capital. On en vient ainsi aux « opérations de répartition », qui déterminent la répartition de la valeur ajoutée entre les unités économiques.

La nomenclature des opérations de répartition est assez complexe : il faut la connaître pour bien comprendre les comptes. Elle se divise en deux blocs d’inégale importance : les « transferts courants », numériquement les plus importants, montrent la redistribution de la valeur ajoutée entre tous les secteurs pour former le revenu disponible de chacun. Les « transferts en capital »

sont ceux qui, au-delà de la formation de revenu, ont pour objet de modifier le patrimoine des différents agents économiques.

1. Les transferts courants. La pre-mière utilisation de la valeur ajoutée

est évidemment la rémunération des salariés, c’est-à-dire les salaires et les cotisations sociales.

Viennent ensuite les impôts liés à la production, c’est-à-dire tous les impôts liés directement à l’activité de production, puis les subventions d’exploitation, qui sont en quelque sorte des impôts négatifs.

Les revenus de la propriété et de l’entreprise et non plus du travail, forment une quatrième catégorie, où l’on peut ranger, entre autres, les intérêts, les dividendes, les fermages et mé-

tayages, les redevances de brevets et licences.

Les opérations d’assurance se

glissent ici comme une cinquième

rubrique avant de passer à ce que les comptables nationaux appellent les autres transferts courants sans contreparties, ce titre compliqué recouvrant les impôts sur les revenus et le patrimoine, les cotisations et prestations sociales, les mouvements entre administrations publiques et divers transferts.

2. Les transferts en capital. La

catégorie des transferts en capital comprend, pour l’essentiel, les aides à l’investissement. Celles-ci viennent s’ajouter à l’épargne de celui qui les reçoit pour l’aider à financer des investissements tels que l’achat de machines neuves, la construction de bâtiments, etc.

Les secteurs institutionnels

s’échangent toutes ces opérations de répartition, transferts courants ou transferts en capital, redistribuant ainsi entre eux la valeur ajoutée qu’ils ont produite : c’est l’essentiel du tableau économique d’ensemble.

Ainsi, pour prendre l’exemple des sociétés, les comptes retraceront en simplifiant l’égalité suivante :

On vient de décrire la distribution des revenus directement tirés de la production. Vient ensuite la redistribution des revenus effectués, pour l’essentiel, par les administrations.

En effet, les impôts perçus par l’État ou les collectivités locales sont redis-

tribués sous forme de subventions aux entreprises ou aux ménages (primes à la construction, par exemple), d’assistance aux ménages défavorisés, etc. De même, les cotisations sociales perçues par la Sécurité sociale sont reversées à l’économie sous forme de prestations de toutes natures et de retraites. En plus des administrations, il y a également les institutions financières, qui, en se faisant intermédiaires pour les opérations financières, perçoivent des inté-

rêts, dividendes et primes d’assurances et versent des intérêts et dividendes, des salaires, etc.

Enfin il ne faut pas oublier les multiples transferts de revenus entre la France et le reste du monde.

Toutes ces opérations de répartition décrivent donc la répartition, puis la redistribution de la valeur ajoutée. Grâce au revenu ainsi reçu, chaque agent économique va consommer, investir ou stocker (on retrouve là des opérations sur biens et services). Si, au total, ses ressources excèdent ses dépenses, il lui reste une capacité de financement, à savoir de l’argent à prêter ; si ses dépenses excèdent ses recettes, il a un besoin de financement, c’est-à-dire qu’il doit emprunter pour équilibrer ses comptes.

Le « tableau économique d’en-

semble simplifié » fait apparaître les circuits que l’on vient d’exposer.

Les opérations financières

Toutes les opérations qu’on a mentionnées jusqu’ici se traduisent donc pour chacun des secteurs de l’économie soit par un excédent, qu’il pourra prêter (capacité de financement), soit par un déficit, pour lequel il lui faudra emprunter (besoin de financement).

Or il est bien clair que, jusqu’ici, toutes les opérations étaient équilibrées. À chaque fois que dans le « tableau économique d’ensemble » on

inscrit une opération en emploi d’un secteur, on doit inscrire un montant égal en ressource d’un autre secteur, et vice versa. Pour que le tableau soit équilibré, la somme des capacités de financement — soldes excédentaires