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le design collabore doit répondre parfaitement aux besoins sociaux. Dans cette optique, si l’avenir du design dépend d’une meilleure information du public, il dépend aussi d’une meilleure expression de la demande, au travers des organisations de consommateurs ; le design peut alors aider les consommateurs à mieux résister aux pressions du marché. Roger Talion a pu écrire à ce sujet : « La pratique du design industriel [...] constitue (lorsqu’elle est exercée sans contrainte ni perversion) un engagement d’utilité publique susceptible de maintenir et de développer la vocation utilitaire et sociale au sein des outils de production nationalisée et, dans le cas de la production privée, de constituer dans une certaine mesure un pas « récupérateur » au profit de la société consommante. »

Les champs d’activité

Le design atteint son plus haut niveau de complexité dans les pays possédant l’industrie la plus évoluée et la mieux planifiée. Sa généralisation s’est opé-

rée principalement après la Seconde Guerre mondiale. Le premier centre de design est créé à Londres, en 1944, par le ministère du Commerce. Depuis cette époque, il organise des expositions et édite une revue, afin d’éduquer le consommateur. Par un système de concours et de sélection des produits, il encourage les entreprises à inclure le design dans leur politique.

En Europe, alors que la France demeurait ignorante de ces problèmes (le premier centre de design français, le Centre de création industrielle, ne date que de 1969) et que les pays scandinaves restaient attachés à un design primitif, surtout consacré au mobilier, se développaient deux tendances que l’on peut aisément distinguer. L’Allemagne restait fidèle à un type de design très traditionnel, la plupart de ses praticiens ayant été formés à la célèbre école d’Ulm, héritière du Bauhaus. Les objets très purs et presque sévères de la firme Braun en sont l’illustration.

À l’opposé, l’Italie, cherchant à pallier son retard industriel et n’ayant pas subi l’influence du Bauhaus, inventait un design plus audacieux, s’exerçant dans le domaine de l’aménagement

intérieur, des petits appareils ménagers ou du matériel de bureau (voir, par exemple, la firme Olivetti ou l’atelier Danese).

Les pays socialistes, longtemps fermés à ces pratiques, réagissent depuis quelques années. Le « réalisme socialiste » ayant échoué, aussi paradoxal que cela puisse paraître, dans les mêmes excès décoratifs et ostentatoires que le « styling », le gouvernement soviétique a créé en 1962 un institut de design, le VNIITE. Possédant neuf filiales réparties dans les diverses républiques et employant 6 000 personnes, il peut donner l’exemple d’un design ne subissant aucune contrainte de concurrence. Mais c’est aux États-Unis que l’activité du design est la plus intense ; on y compte 3 500 professionnels syndiqués et 16 universités enseignant le design.

D’abord consacré aux seuls objets, le design a peu à peu étendu son activité, en même temps que l’industrie couvrait un champ de plus en plus vaste de la production. Ainsi se sont créées, au sein du design, des branches plus spécialisées, se substituant à des disciplines traditionnelles non méthodiques. Le terme le plus répandu d’industrial design s’applique tout particulièrement au secteur des objets, outils, machines industrielles et agricoles, moyens de locomotion... La fabrication du mobilier se faisant encore et surtout suivant un mode artisanal, et chacune de ses pièces, chaise, table, lit, n’étant dans la plupart des cas que revue formellement, sans remise en cause de ses diverses fonctions, cette branche du design apparaît comme

la plus conservatrice. Les « containers », blocs homogènes assurant plusieurs fonctions jusqu’alors éclatées dans le mobilier traditionnel — ainsi la « mini-kitchen » de Joe Colombo (1930-1971) —, marquent une rupture plus nette. En fait, les expériences les plus avancées du design correspondent aux secteurs technologiques de pointe :

« mass-transit » (transports), recherche aérospatiale.

Dès ses débuts, le design s’est également appliqué à la typographie, l’illustration, l’affiche, etc. C’est le graphic-design. De nombreuses firmes confient

à une agence de design aussi bien la conception de leurs produits que celle de leurs catalogues, de leurs papiers administratifs. Dans ce cas, le design est apte à faire évoluer la publicité dans le sens d’une information. Ce genre de programme débouche de plus en plus souvent sur l’utilisation des techniques audio-visuelles.

À l’architecture traditionnelle

considérée comme un art, c’est-à-dire imposant au groupe les conceptions personnelles d’un architecte-artiste, l’architectural design oppose le mode de conception collectif et se trouve mieux armé pour apporter des solutions objectives. La construction par éléments préfabriqués, dont l’industriel Jean Prouvé (né en 1901) a été, en France, l’un des promoteurs, est un moyen pour parvenir à une architecture rationalisée, aussi bien du point de vue formel qu’économique (v. préfabrication). Il faut également signaler le travail des « coloristes-conseils » qui, en particulier dans les grands ensembles industriels ou d’habitation, tentent de résoudre les problèmes de l’environnement coloré. Plus ambitieux encore est l’environmental design, la branche la plus neuve du design. Il s’agit d’une downloadModeText.vue.download 586 sur 587

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 6

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activité globale visant à la conception d’espaces autonomes (aéroports, supermarchés...) comme d’ensembles urbains comprenant l’habitat et ses annexes, les autoroutes, les réseaux de distribution et de signalisation, etc.

L’ICSID et sa définition de

l’industre du design

L’International Council of Societies of Industrial Design a été fondé j en 1957 dans le but de réunir les diverses organisations nationales déjà existantes et de favoriser les échanges internationaux aussi bien que la promotion du

design en général. L’ICSID devient, en 1962, un organisme de consultation et d’information pour l’Unesco. Des congrès sont régulièrement organisés

tous les deux ans. Au congrès de 1969, tenu à Londres, l’ICSID se composait de 50 sociétés appartenant à 32 pays et représentant plus de 25 000 adhérents.

y Au cours de ce congrès a été élaborée la définition suivante :

« L’industrial design est une activité créatrice dont le but est de déterminer les qualités formelles des objets produits industriellement. Ces qualités formelles ne concernent pas seulement les caracté-

ristiques extérieures, mais principalement les rapports de structure et de fonction qui convertissent un système en une unité cohérente tant du point de vue du producteur que du consommateur.

« L’industrial design embrasse tous les aspects de l’environnement humain qui sont conditionnés par la production industrielle. »

C. M.

Quelques personnalités

représentatives du

design

Charles Eames (Saint Louis, États-Unis, 1907). Il entreprend des études d’architecture après avoir touché à différents métiers, notamment dans l’imprimerie et la photographie. Dès 1930, il ouvre sa propre agence et, parallèlement à la réalisation de constructions surtout privées, crée des meubles, des luminaires. En 1940, il est lauréat du concours de « dessin fonctionnel » du musée d’Art moderne de New York. À

partir de cette époque, Charles Eames expérimente de nouvelles techniques et de nouveaux matériaux : fabrication de sièges à partir de moules, utilisation du polyester renforcé de fibre de verre pour les fauteuils à coquille. Le mobilier est fabriqué avec des outils conçus et construits dans l’agence même de Eames. Mais son activité dépasse largement le cadre de l’aménagement in-térieur. Il conçoit des jouets aussi bien qu’il participe à la réalisation de chemins de fer ou de navires. Professeur, il met au point, en 1953, un cours de design expérimental à partir de techniques audio-visuelles. Il réalise de nombreux films didactiques. Le travail principal d’Eames s’effectue main-