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M. G.

L. Deshairs, Despiau (Crès, 1930). / M. Gauthier, Charles Despiau (les Gémeaux, 1949). /

W. George, Despiau vivant (Fischbacher, 1953).

Desportes

(François)

Peintre français (Champigneul?, dio-cèse de Reims, 1661 - Paris 1743).

Célèbre de son vivant comme ani-

malier, Desportes occupe une place de choix dans cette époque de transition où le goût flamand de la nature et de la couleur fait face à la doctrine acadé-

mique : mais c’est surtout par une part de son oeuvre mineure et quasi secrète, celle qui annonce le paysage moderne.

Fils d’un fermier, Desportes fut à Paris l’élève du Flamand Nicasius Ber-naerts (1620-1678), en France depuis 1643 et qui avait participé, comme peintre d’animaux, à la décoration de la Ménagerie de Versailles. À son tour, le jeune Desportes allait y travailler, sous les ordres de l’illustre Claude Au-dran*. En 1695, il est appelé à la cour de Pologne pour y faire le portrait des souverains. Il s’acquitte avec honneur de sa mission ; pourtant, au retour, se croyant incapable de rivaliser avec Largillière* ou Rigaud*, il ne poursuit pas dans cette voie. C’est comme

« peintre d’animaux » qu’il est reçu à l’Académie en 1699, avec, comme

morceau de réception, le bel Autoportrait en chasseur (avec chiens et gibier) aujourd’hui au Louvre.

Desportes obtient alors une pen-

sion royale et un logement au Louvre, puis, en 1701, la commande de sujets de chasse pour la Ménagerie. Désormais, il travaillera constamment pour les palais royaux, Versailles, la Muette, Compiègne, etc. Il est le peintre des chasses et des chenils royaux, le por-traitiste des chiennes de Louis XIV, Diane et Blonde, Bonne, Nonne et

Ponne (Louvre). Il n’excelle pas moins dans les natures mortes, qui associent gibier, oiseaux, fleurs et fruits. Il acclimate en France la grande tradition flamande de Jan Fyt (1611-1661) et de Snyders*, le goût de la belle matière, l’art de rendre plumages et pelages, avec peut-être un dessin plus nerveux, une élégance plus sèche, à coup sûr plus de sobriété ; ses entassements de victuailles sont moins indiscrets que dans les natures mortes flamandes, voire dans les « tableaux de buffet »

français d’un Jean-Baptiste Monnoyer (1634-1699).

Les animaux conduiront Desportes

à la grande composition décorative.

Appelé d’abord à retoucher et rajeunir les modèles du Flamand A. Van der Eeckhout pour la tapisserie dite « des Indes », les Gobelins lui demandent par la suite (1735) huit grandes pièces sur les mêmes thèmes, mettant en scène Nègres, Indiens et Chinois au milieu d’une flore et d’une faune exotiques.

Desportes, s’appuyant dans toute la

mesure du possible sur une observation directe, a réussi, avec ces Nouvelles Indes, des ensembles à la fois luxu-riants et architecturaux.

Mais un autre trésor, ignoré de ses contemporains, ne sera connu qu’à

partir de 1784, lorsque la direction des Beaux-Arts, pour fournir des modèles à la manufacture de Sèvres, achètera en bloc son atelier. Des études faites à loisir sur le terrain, et qui devaient préparer les fonds de paysage de ses grands tableaux, constituent une collection incomparable de sites de l’Île-de-France (auj. au château de Compiègne). Leur charme tient à une authenticité rigoureuse, à une totale absence d’apprêt : coteaux et vallons, chemins entre des haies, clochers de villages qui pointent derrière les arbres, avec de larges notations de valeurs, une lumière humide et nacrée, et la profondeur de l’espace.

Type de paysage nouveau en peinture

— il n’est l’apanage, au XVIIe s., que de dessinateurs aquafortistes comme Cal-lot* ou Israël Silvestre (1621-1691) —

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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 7

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et qui nous paraît beaucoup plus proche du style d’un Corot* que des paysages idylliques ou architecturaux de Boucher* et de Hubert Robert*, pourtant postérieurs à Desportes.

P. G.

despotisme

éclairé

F CATHERINE II, FRÉDÉRIC II,

JOSEPH II.

Des Prés (Josquin)

Compositeur français (près Saint-

Quentin [Beaurevoir?] v. 1440 -

Condé-sur-l’Escaut 1521 ou 1524).

Sa vie

Pendant plus de quarante-cinq ans de sa vie, Josquin Des Prés est établi en Italie. Il participe ainsi à l’un des phé-

nomènes les plus originaux du temps :

la rencontre entre la science des musiciens du Nord et le génie propre des Italiens.

Il n’a guère plus de vingt ans quand il est engagé en 1459 comme « biscan-tor », c’est-à-dire chanteur adulte, à la cathédrale de Milan. Pendant plus de treize ans, sa situation est stable mais modeste. Il s’initie à la culture musicale italienne en compagnie des six autres chantres, tous Italiens, de la chapelle.

Ce sont des années décisives où

son esprit se forme en assimilant des influences diverses. En effet, d’autres

« Franco-Flamands » ne tardent pas à arriver et transforment Milan en un creuset où le génie de deux peuples différents se rencontre : l’art de chanter la polyphonie savamment construite appartient à ces étrangers « ultramontains » ; le « goût italien » s’exprime davantage dans l’improvisation en soliste de mélodies vivantes, expressives, pleines de naturel.

Le duc Galeazzo Maria Sforza dé-

veloppe la vie musicale de Milan en créant en 1471 une chapelle pour son palais qui ne comprend pas moins de quarante chanteurs (22 chantres « da capella » et 18 « da camera »). Pour cela, il attire tous les musiciens ultramontains attachés à la cathédrale, parmi lesquels Josquin, vraisemblablement dès 1473. La cathédrale demeure un foyer de culture typiquement italienne, tandis que le palais ducal subit l’influence française. Josquin n’a donc pas suivi l’enseignement des maîtres flamands du XVe s. directement, mais a connu l’art de Johannes Ockeghem (v. 1430 - v. 1496) par l’intermédiaire des Gaspar Van Weerbecke, Loyset

Compère, Alexander Agricola, Jaco-

tin, qui sont en même temps que lui au service du duc. À la mort de ce dernier, en 1476, Josquin passe au service du cardinal Ascanio Sforza. Le frère de Galeazzo a l’heureuse idée de réunir autour de lui le peintre Pinturicchio (1454?-1513), le poète Serafino Aquilano (v. 1466-1500) et notre musi-

cien. Cependant, à plusieurs reprises, Josquin se plaint de son maître pour la condition modeste dans laquelle il le laisse ; il compose à cet effet In

te domine speravi per trovar pietà in eterno, El grillo è buon cantore et encore Lassa fare a mi (Laisse-moi faire), qui pouvait être la réponse d’Ascanio à ses suppliques. Son ami, le poète Aquilano, lui adresse alors un poème plein d’encouragements, l’exhortant à remercier le ciel qui l’a comblé de tant de dons. En effet, la renommée du musicien est déjà bien établie ; L. Compère le cite en compagnie des plus fameux dans son motet Omnium

bonorum plena.

Tout en restant attaché à la personne d’Ascanio, avec lequel il vient à Rome, Josquin s’engage en 1486 à la chapelle du pape ; il rejoint donc un des centres les plus importants de la vie musicale de l’époque. Son séjour de treize ans est interrompu par quelques voyages à la suite d’Ascanio dans les villes d’Italie centrale. Mais sa place est au coeur de la chrétienté, dans cette chapelle où, depuis le retour de la papauté d’Avignon à Rome, l’élément franco-flamand a toujours été prépondérant.

Rome possède un prestige incontesté dans le domaine de la musique sacrée polyphonique ; aussi, l’oeuvre de Josquin, à cette époque, se répartit-elle essentiellement entre messes et motets, exécutés durant les cérémonies importantes de l’Église. À Rome, son inspiration pouvait se nourrir des oeuvres de ses compatriotes ainsi que du répertoire qu’ils avaient apporté avec eux : pièces de Guillaume Dufay, G. Van Weerbecke, de Marbrian Orto, Bertrandus Vaqueras, mais aussi J. Ockeghem,