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cisa « bimétallisme boiteux ». En fait, c’était presque le monométallisme-or.

Devenu assez abondant dès la seconde moitié du XIXe s., l’or, en somme, pouvait servir seul de monnaie, l’argent lui-même n’étant plus assez apprécié pour être autre chose qu’une monnaie d’appoint. Quant à l’Union monétaire latine, elle devait cesser d’exister au mois de janvier 1927.

Jusqu’en 1914 a fonctionné en

France un monométallisme-or de fait.

L’or ne disparaissait pas, pour deux raisons : d’une part, la thésaurisation (c’est-à-dire l’accumulation de pièces d’or) par les particuliers était peu ré-

pandue ; d’autre part, les créances de la France sur l’étranger dépassaient chaque année ses dettes envers lui. Par la loi du 25 juin 1928, le monométallisme-or sera consacré définitivement.

Ce sera un monométallisme officiel, mais non effectif, puisque, depuis la

Première Guerre mondiale, le règne des monnaies métalliques a pris fin.

Heurs et malheurs du

franc (1914-1969)

En 1914, pour faire face aux besoins créés par la guerre, la plupart des gouvernements suspendirent la convertibilité de leurs billets en or. Le gouvernement français, ayant décrété l’inconvertibilité des billets en circulation, eut alors la possibilité de demander à la Banque un nombre illimité d’« avances », sous forme de billets nouveaux, avec lesquelles il put régler ses fournisseurs et créanciers comme lors des dévaluations de la livre tournois au Moyen Âge ou sous l’Ancien Régime. Le public, au début, continua de parler en francs, alors que les prix évalués en cette unité s’élevaient.

L’inflation* ne devait pas se terminer avec la fin de la guerre : par rapport à la période 1900-1910, l’indice moyen des prix* sera multiplié par sept en 1925. Cette inflation fut attribuée, de la part de l’opinion publique, à l’augmentation des billets en circulation provoquée par le déficit du budget* de l’État. Théoriquement, le franc officiel valait toujours 322,5 mg d’or, base sur laquelle le billet était convertible avant 1914 et depuis germinal an XI.

À l’époque, tout le monde poursuivait la chimère d’un retour du franc de germinal avec l’unique concours des transferts (réparations) espérés de l’Allemagne !

Le franc Poincaré (1928) :

un redressement temporaire

Or, l’inflation qui sévissait après la guerre entamait de façon drastique le pouvoir d’achat du franc. Seule la méconnaissance des problèmes moné-

taires retardait la décision d’une dévaluation, rendue inévitable par un déficit budgétaire persistant, la spéculation internationale et la crise des changes.

Finalement, devant la baisse de la valeur effective de l’unité monétaire, le 25 juin 1928, le gouvernement Poincaré reconnaissait officiellement que le franc ne valait plus 322,5 mg d’or.

Il lui donnait la nouvelle définition de

65,5 mg à 900/1 000. Ce monométallisme de 1928 était un monométal-

lisme composite-or. La loi réservait, en effet, le pouvoir libératoire illimité aux pièces d’or de 100 francs à 9/10, les seules dont elle prévoyait la fabrication. La monnaie d’argent devait, elle, se composer de pièces de 10 francs et de 20 francs, mais ces pièces ne devaient pas être librement frappées, et downloadModeText.vue.download 562 sur 567

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 8

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leur puissance libératoire était limitée à 250 francs par paiement entre particuliers. Toutefois, le nouveau système monétaire ne pouvait exister en France que d’une façon théorique tant que la frappe libre des pièces d’or, qui aurait été un de ses caractères essentiels, n’était pas reprise ; or, elle ne l’a jamais été depuis.

Avec la grande crise* économique

de 1929, tout allait être, d’ailleurs, remis en question. On assista à l’abandon de l’étalon-or, et la monnaie devint un instrument de politique économique, notamment avec la technique de la dévaluation (celle, en septembre 1931, de la livre sterling avec abandon de l’étalon-or, puis celle du dollar en janvier 1934).

La déflation Laval (1934-35)

En France, la situation devint préoccupante en 1934-35, lorsque les effets de la crise mondiale se firent sentir.

Alors que la plupart des autres pays avaient déjà dévalué leurs monnaies afin de relancer leurs économies par un accroissement de leurs exportations, la France tenta, elle, d’aligner les prix de ses produits sur les prix internationaux au moyen d’une politique rarement pratiquée, une déflation de stricte orthodoxie (décret-loi Laval de 1935, diminuant uniformément tous les paiements de 10 p. 100).

Cette politique, socialement très sévère, se révéla en fait insuffisante pour relancer l’économie : l’indice de la production industrielle tomba de 1930 à 1936, de 140 à 98. La va-

leur des exportations, qui atteignait presque 43 milliards de francs en 1930, dépassait à peine 15,5 milliards en 1936. L’indice de leur volume (qui représente, mieux que la valeur des produits, le mouvement réel des ventes à l’étranger, parce que indépendant de la variation des prix) avait diminué de 131 à 78 ; la balance commerciale accusait un déficit de 10 milliards de francs en 1936 ! D’autre part, une dette* publique de plus de 350 milliards de francs à la fin de 1935 grevait lourdement le revenu national, et les déséquilibres répétés entre les recettes et les dépenses budgétaires inspiraient de graves inquiétudes.

Les dévaluations de 1936-1940

Dès lors, devant l’échec de la politique déflationniste, le gouvernement, en 1936, se résolut à dévaluer le franc (loi du 1er octobre 1936). Les causes immé-

diates de cette dévaluation étaient la diminution du stock d’or et la hausse des prix intérieurs. Le franc était désormais défini comme la valeur d’un poids d’or compris entre 43 et 49 mg, donc indéterminé entre ces limites. Un fonds d’égalisation des changes était créé avec une somme provenant de la réévaluation de l’encaisse (10 milliards sur 17). En même temps, le gouvernement prenait des mesures pour empêcher la hausse des prix. Cette politique fut compromise par la préparation de la guerre. Le franc fut autorisé à « flotter » davantage, si bien que la livre sterling, qui, en 1932, valait 90 francs, était montée à 180 francs. Cela conduisit le gouvernement français à décider de réévaluer le stock d’or sur la base de 24,57 mg d’or fin pour 1 franc (convention du 12 novembre 1938). Pendant la guerre de 1939-40, après que le contrôle des changes eut été institué le 9 septembre, une nouvelle réévaluation de l’encaisse or eut lieu, sur la base de 21,006 mg d’or fin pour 1 franc (dévaluation du 29 février 1940).

1945-1958 :

érosions successives

Pendant les années 1940-1944, un certain nombre de mesures déflationnistes avaient évité une augmentation trop massive de la circulation monétaire et

des prix (politique du circuit, blocage des salaires, rationnements, restrictions du crédit* bancaire). Mais, dès la Libération, les effets de l’inflation, contenus pendant les quatre années de guerre, devaient se faire sentir si fortement qu’une nouvelle fois la parité du franc fut révisée. Une loi du 26 décembre 1945 ratifia la signature des accords de Bretton Woods par la France et l’enregistrement par le Fonds monétaire international de la parité de 7,461 mg d’or fin. Un dollar égalait 119,10 F.

La reconstruction, puis la moder-

nisation de l’économie française ne manquèrent pas de se répercuter sur la valeur de la monnaie. Le déficit budgétaire, la hausse des prix, le déséquilibre des échanges extérieurs devaient conduire le gouvernement à dévaluer, une fois encore, le franc, le 26 janvier 1948, d’environ 44,45 p. 100. En même temps, la France adopta un système de taux de change multiples, échelonnés, pour le dollar, de 214,39 francs (cours officiel pour la moitié du produit des exportations) à 305 francs (cours libre pour le solde des exportations). Ce système ne fut pas reconnu par le Fonds monétaire international. Aussi, à partir du 17 octobre 1948, les devises furent-elles cotées en référence au cours moyen du dollar. En avril 1949, le taux du dollar était porté à 330 francs (cours libre).