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ration parisienne.

Un siècle d’évolution

Un renouveau démographique

qui semble s’achever

Du milieu du XIXe s. à la Seconde Guerre mondiale, le rythme d’accroissement naturel de la population n’avait cessé de diminuer. Si la mortalité ré-

gressait, la natalité baissait encore plus vite. L’excédent naturel annuel diminua alors assez régulièrement. Légè-

rement remonté après 1918, il retomba vite et, de 1935 à 1939, les décès furent chaque année plus nombreux que les naissances, dont la fréquence annuelle pour 1 000 habitants tomba aux environs de 13. C’est une France très affaiblie démographiquement, et continuant à s’affaiblir, que frappèrent les deux guerres mondiales. De 1914 à 1918, 1 500 000 hommes furent tués et près de 1 million, mutilés. On enregistra par ailleurs une chute brutale de la natalité qui se répercuta vingt ans plus tard sur la nuptialité et la natalité (d’autant plus que cela correspondait à une période de graves difficultés économiques) : de là le déficit des naissances enregistré à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

Celle-ci causa à son tour la perte d’environ 600 000 vies humaines, mais de personnes d’âges et de sexes différents.

Depuis 1945, la France a connu

un vigoureux renouveau démogra-

phique, donnant un croît naturel de plus de 300 000 personnes (soit de 7

à 8 p. 1 000 en moyenne) par an, tout au moins jusqu’en 1967. L’excédent provient en partie d’une diminution de la mortalité, encore que, compte tenu du fort pourcentage de personnes âgées, le taux de mortalité (qui était, il est vrai, supérieur à 15 p. 1 000 avant 1939) n’a pu être ramené au-dessous de 11 p. 1 000. Les taux les plus élevés sont enregistrés dans le centre de la France (Limousin, Auvergne, Bourgogne) et dans la moitié méridionale du pays. Le déclin de la mortalité reflète du reste très largement celui de la mortalité infantile, ramenée, elle, de 160 p. 1 000

au début du XXe s. à 65 p. 1 000 de 1946

à 1950, à 20 p. 1 000 de 1960 à 1965 et

à 17 p. 1 000 actuellement.

Mais le renouveau démographique

a été essentiellement lié à une reprise fort vigoureuse de la natalité au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et au début des années 50 (taux de natalité supérieur à 20 p. 1 000, soit de 800 000

à 900 000 naissances par an). Ce taux s’est affaissé au cours de la décennie 1960-1970 au point de se rapprocher d’un niveau voisin de celui d’avant-guerre (16 p. 1 000 environ). Il reste que, la population étant aujourd’hui plus nombreuse, on enregistre encore plus de 800 000 naissances par an (contre 600 000 avant 1939) ; cette natalité est par ailleurs plus forte dans les régions situées au nord des lignes La Rochelle-Orléans-Genève que dans les régions méridionales, où le vieillissement de la population est plus marqué.

Cette évolution reflète d’abord la forte reprise de natalité, liée aux mariages différés, dans les années qui ont suivi la guerre ; elle traduit aussi un abaissement de l’âge moyen du mariage et une moyenne plus élevée d’enfants par famille. Ce renouveau fut favorisé par la politique nataliste des gouvernements français depuis la guerre : en votant en 1939 le Code de la famille, le Parlement inaugura une politique qui trouva sa pleine application à la Libération.

Néanmoins, depuis 1965, le taux de natalité s’est sensiblement affaissé, et la fécondité a beaucoup diminué, sans qu’on puisse encore dire quelle est l’importance du développement des pratiques anticonceptionnelles dans cette nouvelle évolution.

L’exode rural

Si le renouveau démographique risque d’avoir été un phénomène de courte durée, l’exode rural, d’ampleur séculaire, se poursuit encore. En fait, la répartition actuelle de la population, les différences régionales dans les taux de mortalité et de natalité sont le résultat de plus d’un siècle d’exode rural.

Faute de documents suffisamment

anciens, il n’est pas possible de fixer avec certitude le point de départ de cette évolution. Toutefois, si le mouvement d’exode rural a touché certaines régions dès les dernières décennies du XVIIIe s. ou la période révolutionnaire

et impériale, il ne se généralisa qu’à partir du milieu du XIXe s. Au recensement de 1846, les trois quarts des Fran-

çais étaient des ruraux. La population urbaine devint plus nombreuse que la population rurale au recensement de 1931. Après avoir quelque peu stagné de 1931 à 1946, l’exode rural et l’essor urbain ont repris depuis un quart de siècle.

L’exode rural a touché toutes les régions de France, mais il a sévi avec une rigueur particulièrement forte dans quelques-unes. Les montagnes de la France méridionale ont été parmi les plus touchées : la population actuelle est inférieure de 30 à 60 p. 100 au maximum atteint dans les Alpes du Sud, le sud du Massif central et les Pyrénées centrales ; les villages en ruine, encore peuplés de quelques vieilles personnes, les friches qui progressent partout traduisent la misère démographique de ces régions. Souvent aussi fortes ont été les pertes humaines en Aquitaine centrale (Lot, Tarn-et-Garonne, Gers), dans le Limousin (Creuse notamment), sur les confins armoricains (Orne, Mayenne), dans le Morvan et sur les plateaux de l’est du bassin de Paris, de Dijon à Sedan (Haute-Saône, Haute-Marne et Meuse notamment). Sans

être aussi spectaculaire, l’exode rural a vidé la plupart des autres régions de 10 à 30 p. 100 de leurs effectifs de population.

Les petites villes, les capitales régionales et surtout Paris ont accueilli la plupart de ces migrants. Au XIXe s., les paysans ont d’autant plus facilement quitté des campagnes surpeuplées que l’industrie urbaine naissante demandait des bras. Cet exode a encore été accentué par les crises du monde rural et par la ruine de nombreux artisans, victorieusement concurrencés par la grande industrie. Les brassages de population qui se sont produits lors des deux guerres mondiales ont renforcé le mouvement. Enfin, depuis une quinzaine d’années, le nombre des agriculteurs diminue très rapidement (150 000

par an en moyenne). Ce délestage agricole n’est du reste pas généralisé : de véritables colonisations intérieures ont été entreprises (landes de Gascogne, périmètres irrigués du Bas-Languedoc,

Corse orientale) mais d’une portée limitée.

Quatre-vingts ans d’immigration

étrangère

L’affaiblissement démographique pré-

coce de la France l’a amenée à se tourner très tôt vers des sources étrangères.

De 400 000 sous le second Empire, le nombre des étrangers fut porté à 1 million au début du XXe s. Les plus forts effectifs étaient alors recensés à Paris, dans la région du Nord, en Meurthe-et-Moselle (où on fit alors appel à de nombreux Italiens pour la mise en valeur des mines de fer) et surtout dans les départements provençaux.

Les gros besoins en main-d’oeuvre pour la reconstruction de l’économie nationale après 1919 nécessitaient d’autant plus le recours à des étrangers que les classes en âge de travailler avaient été fortement décimées par la guerre. Le nombre des étrangers installés en France s’éleva de 1 500 000

en 1921 à 2 700 000 en 1931 ; jamais, par la suite, les arrivées ne furent aussi nombreuses qu’entre 1925 et 1930.

Convergèrent alors vers la France des Italiens, pour la plupart originaires du nord de leur pays, notamment du Frioul et de Vénétie, et des Belges ; arrivèrent en grand nombre des Tchèques et

plus encore des Polonais venant travailler dans les mines de charbon du Nord. Lors de la démobilisation, certains Algériens restèrent en France. Le mouvement d’immigration se ralentit dans les années 1930. S’il est vrai que la France accueillit des réfugiés espagnols lors de la guerre civile qui ensan-glanta ce pays, nombre de Tchèques downloadModeText.vue.download 10 sur 573