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De mon côté, j’ai abandonné le peu d’espoir que j’avais de retourner chez moi. L’arc-en-ciel de Zeller ne reviendra jamais me chercher, de cela je suis absolument sûr. Mais je n’en fais pas un plat. J’ai changé. Je m’accommode de la situation.

Nous avons fini la nouvelle maison hier et B.J. m’a laissé mettre en place la dernière défense de mammouth, celle qu’ils appellent l’os-à-fantômes, qui fait rester les noirs esprits dehors. C’est apparemment un grand honneur d’être celui qui pose l’os-à-fantômes. Après quoi mes quatre compères ont chanté le Chant de la Maison, qui est une sorte de dédicace. Comme tous leurs autres chants, celui-ci est en vieille langue, la langue secrète, la langue sacrée. Je n’ai pas pu le chanter avec eux, ne connaissant pas les paroles, mais j’y suis allé de quelques boum-ta-tsoin au refrain et ça a été, semble-t-il, assez apprécié.

Je leur ai dit que d’ici le moment où nous aurions besoin de construire une autre maison j’aurais inventé la bière, de sorte que lorsqu’elle sera finie nous pourrons tous nous saouler la gueule pour fêter ça comme il faut.

Bien sûr ils ne savaient pas de quoi diable je pouvais bien parler, mais ils ont eu l’air contents quand même.

Et demain, me dit Paul, il va commencer à m’apprendre l’autre langue. La langue secrète. Celle que seuls les membres de la tribu ont le droit de connaître.

Titre original :

House of Bones

paru dans Terry’s Universe

anthologie composée par Beth Meacham (Tor, New York, 1988)