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LA VOUTE CÉLESTE.

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Le culte de Jupiter Tonnant était établi dans toute la Grèce. Auguste lui fit élever un temple à Rome. Le tonnerre était tombé la nuit sur sa litière et un esclave avait été tué sans que l'empereur en fût atteint. Ce fut en mémoire de cet événement qu'on bâtit au Capitole un temple de Jupiter Tonnant, dont il reste encore des vestiges et qui est figuré sur plusieurs médailles.

Virgile, dans les Géorgiques, décrit les terreurs qu'inspire la foudre de Jupiter quand elle gronde au milieu des tempêtes. « Souvent, dit-il, s'amassent au ciel des torrents de pluie, et, dans leurs flancs obscurs, les nuages amoncelés recèlent d'affreuses tempêtes. Le ciel se fond en eau et, sous un déluge de pluie, entraîne les riantes récoltes et le fruit

Fig. 23. — Jupitin- nu et imberbe (d'après une pierre gravée antique).

du travail des bœufs. Les fossés se remplissent, les fleuves s'enflent à grand Ijriiit. et dans les détroits, la mer s'agite et bouillonne. Jupiter lui-même, au sein de la nuit des nuages, lance la foudre d'une main étincelante. La terre s'en émeut et tremble jusqu'en ses fondements: les animaux fuient et l'effroi vient abattre les faibles cœurs des mortels. Le dieu, de ses traits enflammés, renverse l'Atbos, le Rhodope ou les monts Acrocérauniens; les vents redoublent, la pluie s'accroît, et le bruit de l'ouragan fait retentir b^s bois et les rivages.»

Quand Jiipiter est jeune, et qu'il se prépare à combattre les Titans, il apparaît quelquefois sous une forme différente de celle qu'on lui donne lorsqu il est roi des dieux. C'est ainsi qu'une belle pierre gravée antique nous le montre, contrairement à l'babitude, entièremenl nu et dépourvu

de barbe. 11 est accompajine de soiiaiple el se prépare à la gi-andc lutte (pii doit lui assurer reuijure du nioudc (lig. '2^2).

Jupiter Nicéplîore, ou portant la Victoire. — Psicé, la Victoire, apparaît quelquefois sur la main de Mars ou de Minerve, mais le plus souvent sur celle de Jujtiter, C'est un attribut qui ne peut être mieux i)lacé qu'en conijiaguie du roi des dieux. La Victoire n'a aucune légende spéciale dans la mythologie, mais elle apparaît fort souvent dans l'art. Placée sur des monnaies, elle semble avoir pour mission de perpétuer le souvenir d'un événement glorieux pour le pays. C'est ainsi ([ue, sur une médaille parthe, on voit une image de Jupiter Nicéphore, au revers d'un portrait du roi, dont l'armée avait vaincu Crassus.

Fig. :i'-i. — La Victoire sur un bigo (d'après une pierre gravée antique).

La Victoire est toujours caractérisée par des ailes, sans doute pour indiquer son caractère fugitif. Cependant les Athéniens avaient élevé un temple à la Victoire sans ailes, voulant montrer par là qu'elle s'était fixée chez eux. A Rome, il y avait au Capitole une célèbre statue de la Victoire qui fut enlevée plusieurs fois dans la lutte du christianisme et du paganisme et finit par disparaître définitivement en 382 par ordre de Gratien qui se rendit par là odieux aux Romains, et se vit abandonné de ses sujets dès qu'on apprit que Maxime s'était fait })roclamer empereur dans la Grande-Bretagne. Les païens étaient encore fort nombreux à Rome, et on comprend l'indignation qu'ils éprouvèrent en voyant enlever la Victoire, au moment même où les Barbares envahissaient l'empire de toutes parts.

La Victoire tient presque toujours en main une palme ou une couronne

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de lauriers ; on la voit souvent couronnant un héros ou se tenant en l'air au-dessus de lui. Quelquefois elle élève des trophées ou grave sur un houeher les exploits des guerriers. Les pierres gravées la montrent aussi conduisant un char (fig. 23).

L'art moderne n'a pas sensiblement modifié le type laissé par l'antiquité, et, sur plusieurs de nos monuments, on voit des Victoires, sous la forme déjeunes filles ailées, qui portent des couronnes ou des j)almes.

Jupiter Aétophore, ou portant l'aigle. — L'aigle est, suivant les Grecs, l'oiseau qui vole le plus haut dans les airs, et par conséquent

Fig. 24. — Aigle de Jupiter (d'après une monnaie des rois de Macédoine).

celui qui répond le mieux à la majesté divine. C'est en cette qualité qu'on le représente tantôt aux pieds de Jupiter, tantôt sur son sceptre. Quelquefois il fient dans ses serres puissantes la foudre du dieu : on le voit figurer sous cet aspect sur le revers d'une monnaie macédonienne (%.^ 24).

L'aigle de Jupiter a d'ailleurs joué un rôle important dans la mythologie. C'est lui qui apporte à Jupiter enfant le nectar dont les nymphes l'abreuvent dans l'île de Crète. Mais c'est surfout lui qui enlève le jeune berger Ganymède pour en faire l'échanson du roi des dieux. Ce bel adolescent était fils de Tros, roi de la Troade ; selon Homère, Jujtiter le fît enlever pour donner aux cieux un ornement dont la terre n'était pas digne. Une jolie statue antique nous montre le berger Ganymède entièrement nu et appuyé contre un arbre. Il est coiffé du bonnet phrygien et tient à la main son bâton de pasteur (tig. 26).

Ganymède conduisait ses troupeaux sur le promontoire dardanien. quand eut lieu cet enlèvement sur lequel d'ailleurs les poètes ne donnent aucun détail. Mais quand le rapt fut consommé, le roi de la Troade fut inconsolable de la perte de son fils : Jujiiter soulagea sa douleur en lui montrant qu'il avait déifié Ganymè(K^ et l'avait placé dans le ciel, où il devint effectivement le signe du Zodiaque, que nous appelons Verseau. En outre le roi des dieux fil présent à Tros d'un magnifique cep d'or et d'un attelage de chevaux qui couraient plus vite que le vent.

JUPITER ET JUNON.

L'enlèvement de Ganymède forme le sujet d'une belle statue antique du musée Pio-Clémentin : on la regarde comme la repétition d'un groupe sculpté par Leocharès et très-fameux dans l'antiquité (fîg. 25).

Cette statue de Léoeliarès est citée dans l'ouvrage de Pline et on croit que ce fat elle qui fut enlevée par Néron pour orner le temple de la Paix. On remarquera le soin que prend l'aigle pour ne blesser en aucune façon le jeune garçon qu'il est chargé d'enlever ; qucl([uefois Ganymcde est représenté assis sur le dos de l'aigle. Lucien au reste raconteen détail

Fig. 25. — Enlèvement de Ganymède (d'après une statue antique du musée Pio-Clémentin).

les circonstances de l'enlèvement, c'est ^lercure qui parle : «Je prêtais, dit-il, mon ministère à Jupiter, qui, s'étant déguisé en aigle, s'approcha de Ganymède et voltigea quelque temps derrière lui. Puis, appliquant doucement les serres à ses membres délicats et saisissant du bec son bonnet, il enleva ce beau jeune homme (jui. dans la surprise et le trouble où il était, tournait la tête et les yeux vers son ravisseur. » Une médaille de Géta, frappée dans la ville de Dardanus en Troade, et plusieurs pierres gravées, représentent ce fait d'une manière à peu près conforme au récit de Lucien. Dans une peinture antique du musée de JNaples, c'est un Amour qui amène l'aigle près de Ganymède assis au pied d'un

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arbre. Un grand nombre de pierres gravées représentent sous une forme variée la même k^gende qui était fort popuLiire.

Dans un tableau du musée de Madrid, Rubens a représenté l'enlèvement de Ganymède. Le Corrége en a fait un également, mais parmi les interprétations de ce sujet, aucune n'est plus célèbre que le tableau de Rembrandt du musée de Dresde. L'artiste a montré un enfant qu'un aigle tient par sa chemise, et que la peur fait pleurer, avec une exprès-