est jolie aussi cette composition où nous voyons un satyre, un faune, une hamadryade et deux amours qui voyagent ensemble pour se rendre a la fête de quelque divinité rustique, où U y aura sur l'herbe des danses joyeuses et des repas dont le raisin fera tous les frais. L'Amour porte les pipeaux devant le cortège; mais l'hamadryade fatiguée veut se faire porter par le satyre, car on est pressé d'arriver : il semble qu'on entende déjà la bruyant(> joie des fêtes de Pan ou de Bacchus. Fraironanl
BACCHUS KT SOiN CORTEGE.
(fig. 513) et Clodion aimaient aussi à représenter les joyeux satyres et ils y inettaicnt tout l'esprit \ir cl cliarmaiit (1(> l'art français du dix-huitième siècle.
Les sujets de ce genre ne pouvaient manquer de jtlaire à Hubens, qui voyait là un prétexte à une grande variété de teintes pour les carnations et à ce tumulte de mouvements qui plaisait à son imagination. Dans une quantiti' r-nonne de tableaux, disséminés dans nos collections,
yis:. 013. — Faune au chevreau (d'après une statue antique).
il a peint des réunions de bacchantes et de satyres, avec des fruits, des Heurs, des tigres tachetés, des enfants joufflus, des nymphes endormies, et partout il a répandu une gaieté, une richesse de tons, un entrain merveilleux. La grande Bacchcmale àa Jordaens, au musée de Bruxelles, est aussi un chef-d'œuvre d'éclat et de lumière ; toute cette mythologie matérialiste des peinti-es flamands séduit la vue comme un bouquet, sans arriver jamais, néanmoins, à cette cadence <pii fait le charme des conceptions antiques.
Les scènes bachiques sont fréquemment représentées sur les sarcophages ou sur les bas-reliefs qui se déroulent autour des vases. Le vase lîorghèsc, au musée du Louvre, est particulièrement célèbre pour ce genre de représentations. La bacchanale qui le décore forme le sujet
de nos figui-cs 503 et 5<M. Dans la première, Haeeliiis, couronne d'tni bandeau et dune hianciie de lierre, tient de la main droite son thyrsc et pose l'autre sur l'épaule d'une bacchante qui joue de la lyre. Uin-autre bacchante auite un tambourin derrière le dieu; en l'ace de lui ou
Fig. .">13. — Satyres et nj-n]plies (d'apiù? Fragoiiard).
voit une panthère couchée et un satyre qui danse. Sur l'autre coté du vase (fig. 504), le vieu\ Silène se baisse péniblement pour ramasser sa coupe. Près de lui une bacchante joue des crotales, un satyre de la double flûte, etc. Ce magnifique vase en marbre pentélique a été trouvé au xvf siècle, à Rome, près des jardins de Salluste.
LES CENTAURES.
Les centaures piiinitils. — Munirs des centaures, — Hacchus et les centaures. — Hercule et les cenlaurcs. — Enlèvement dHippodaniie.
Les Centaures primitifs. — Los nioiitagiiards thcssaliens de révoque pélasgique étaient déjà d'excellents cavaliers dans un temps où l'usage de monter à cheval était encore inconnu au reste de la Grèce. Ils furent regardés par leurs voisins épouvantés comme des monstres bizarres, et comme ils étaient adonnés au vin, les légendes mythologiques les rangèrent assez vite dans le cortège de Bacchus (lig, 515). Dans les
Fig. Jli. — Le CPiUaure primitif (d'après une pierre gravée antique)
temps primitifs on a représenté les centaures comme des hommes, au dos desquels s'adapte la queue ou même le corps d'un cheval, mais en conservant les jambes d'un homme à la partie antérieure (tig. 514). La grande époque a substitué à ce type grossier, celui d'un cheval dont la poitrine et la tète sont remplacées par le haut du corps d'un homme. Les centaures ont les oreilles pointues comme les satyres, mais ce caractère n'est pas partagé par les centauresses, dont le haut du corps est souvent d'une beauté ravissante.
Le Centaure Borghèse, au musée du Louvre, est une des plus belles représentations de ces personnages mythologiques (lig. 517). Le catalogue en donne la notice suivante : <c Un centaure, les mains liées derrière le dos, porte snr sa croupe un petit amour bachique vers lequel il tourne la tête et le torse, et qu'il cherche à fouetter de sa queue de cheval sans
^
^F^
't:
pouvoir l'atteiiidio. L'expression doiiloiireiise de sa figure offre quelque ressemblance avec celle du Laocoon. L'une de ses oreilles est abaissée et l'autre se relève en pointe. L'exlréiuilé de son nez, couverte de rides, rappelle les naseaux d'un cheval hciiiiissaiil. Dans son impuissance, le nionsti'e implore la uràce du jeune \aiii(|ueiu'. L'amour a les bras étendus, comme s'il maniai! un Iléau. Il s{> |>encli(' du coté droil. de sorte que son regard ti'iomphant rencontre celui du cenlaure marl\risé. Ses tempes sont couronnées de lierre, et sur ses joues on remarque cette |)etite mèclie de poils qui caractérise les suivants de Bacchus. » 11 existe plusieurs répétitions de ce groupe célèbre.
Les représentations de centauresses. quoique beaucoup plus rares que celles des centaures, a})paraissent quidquef'ois sui" les sarcophages ou sur les pierres gravées. Zeuxis avait lait sur une centauresse allaitant ses |)etit?, un tableau qui avait une grande célébrité et que Lucien décrit ainsi : « C'est sur un gazon vert que la centauresse est représentée ; sa partie inférieure, qui est C(!lle d'une cavale, est couchée sur le côté. Les pieds de derrière sont étendus et ceux de devant sont repliés; l'une de ses jambes semble appuyée sur le genou, tandis que l'autre pose à terre, comme font les chevaux qui veulent se relever. La partie supérieure est celle d'une belle femme qui s'appuie sur le coude ; elle tient dans ses bras un des deux petits et lui présente la mamelle; l'autre tette sa mère à la manière des poulains. Vers le haut du tableau est le centaure ; on ne lui voit que la moitié du corps et il a l'air d'être aux aguets. Penché vers ses enfants, il leur sourit, et de la main droite il tient un lionceau qu'il lève au-dessus de sa tète, comme pour s'amuser à les effrayer. » Toute la Grèce connaissait ce tableau, dont plusieurs auteurs ont parlé.
On voit aussi de jolies centauresses sur un bas-relief bachique du musée Pio-Clémentin (fig. olG). L'une, qui suit Bacchus, tient en main des crotales qu'un jeune satyre monté en croupe cherche à lui arracher, l'autre se retourne pour cliasser un satyre qui vient de sauter sur elle.
Bacchus et les centaures. — Le poète Nonnos parle d'une race de centaures cornus qui accompagnèrent Bacchus dans son expédition aux Indes. « Une autre tribu de centaures à la figure d'hommes se présente ; c'estla race velue des Plières aux belles cornes ; Junon leur a donné un corps porteur de cornes aussi, mais d'une nature toute différente. Ils furent autrefois, sous leur forme humaine, les enfants de ces naïades (pi'onappelle llyades, filles du fleuve Lamos. Us eurent soin de Bacchus, le rejetonde Jupiter, et ces gardiens zélés de l'invincible Bacchus n'avaient point alors une iigiire étrange. Souvent, dans un antre ténél»reux, ils le berçaient sur leurs luas. lorsqu'il redemandait par ses cris [>erçants les airs, sa demeure paternelle. Enfant encore, et déjà rusé, tantôt il copiait
Fig. 517. — 1.0 Ceiitaui-c Borghèso 'statuo anii(|U(-. mn^ri' ilu Louvre).
■Mi
BACGHUS ET SON CORTKGE.
en tout un chevreau qui vient de naître: caché au fond de la bergerie, il se couvrait tout entier de longs poils, et sous cette apparence étrangère, poussant un chevrotement trompeur, il imitait la marche et les pas de la chèvre ; tantôt se déguisant sous la forme mensongère d'une femme, il ressemblait à une loul(> jeune fille sous ses robes et ses mant(>aux nuancés, retenait ses cheveux sous des coiffures parfumées et se parait comme elle de vêtements de mille couleurs. Puis, se raillant de la jalousie de Junon, il faisait sortir de ses lèvres une Yoix féminine. Ensuite il croisait une écharpe sur sa poitrine, feignait de soutenir les rondeurs de son sein sous une ceinture virginale; et comme pour défendre sa pudeur, il entourait sa taille d'une bandelette de pourpre. Le mystère fut inutile ; Junon, qui jette de si haut et de tous côtés son inévitable regard, surprit ces déguisements et s'irrita contre les gardiens de Bac-chus. Alors, cueillant pendant la nuit les fleurs malfaisantes de la