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Les compagnons de Gadmus. — Cadmiis, ayant baisé cette terre étrangère et adressé ses vœux auv montagnes et aux plaines du pays, résolut d'offrir un sacrifice à Jupiter et ordonna à ses compagnons d'aller puiser de l'eau. Il y avait dans le voisinage une antique forêt que le fer n'avait jamais entamée, au milieu de laquelle était une grotte couverte de ronces et d'épines ; l'entrée était fort basse ; il en sortait de l'eau en abondance. Là était la retraite du dragon de Mars: ce monstre était horrible; sa tête était couverte d'écaillés jaunes, qui brillaient comme de l'or; le feu sortait de ses yeux enflammés, et son corps paraissai! enflé du venin qu'il renfermait. Il avait dans la gueule trois rangs de dents extrêmement aiguës et trois langues qu'il remuait avec une rapidité incroyable.

Dès que les compagnons de Cadmus furent entrés dans l'antre du dragon, et qu'ils voulurent y puiser de l'eau, le bruit qu'ils firent réveilla le monstre, qui commença à faire entendre ses sifflements ; ces malheureux Phéniciens furent tous tués par le dragon qui déchirait les uns avec ses dents, étouffait les autres en s'entortillant autour d'eux, ou les empoisonnait par son haleine.

Le dragon de Mars. — Cependant Cadmus, étonné de ne pas revoir ses compagnons, se mit en devoir de les aller chercher. S'étant couvert de la peau d'un lion, il prit sa lance et son javelot, et entra dans le bois où il aperçut bientôt le dragon de Mars, couché sur le corps de ses fidèles compagnons, suçant leur sang et leurs plaies. Il prit alors une pierre d'une grosseur énorme et la jeta sur le monstre avec tant d'impétuosité que les murailles et les tours même les plus fortes en auraient été ébranlées.

Cette scène est figurée sur une peinture de vase oii l'on voit Cadmus, vêtu de la chlamyde et coiffé du casque béotien, qui tient de la main gauche un vase pour puiser de l'eau et dans la droite une pierre qu'il lance au dragon de la fontaine de Dircé. Celui-ci se dresse d'une manière formidable à l'entrée de la grotte, devant laquelle croît un laurier. Deux femmes richement vêtues, qui sont sans doute les nymphes de la forêt, se tiennent debout de chaque côté de la grotte : lune tient à la main un rameau et l'autre une coupe. Dans le ciel on voit apparaître des divinités qui assistent à la scène, et qui, selon un usage fort répandu parmi les peintres de vases, ne montrent que le haut du corps. Ce sont, en commençant par la gauche. Mercure, couronné de myrte et tenant le caducée, Vénus complètement vêtue et caractérisée |)ar le miroir. Pan reconnaissable à ses cornes de bouc et un satyre qui porte le thyrse et la bandelette sacrée. Le soleil montre uue partie de son dis([ue (fig. 525).

Pendant que le héros considérait la grandeur énorme du séijteiit

BACCilUS ET SON CORTÉGi:.

(|ii"il ;i\ait vaincu, il (Miteiulit la voix do Pallas (jtii lui ordonnait de senici- les denfs de ce dra^uon dans les sillons (ju'il aurait laits sur la terre, (ladnins obéit à cet ordre de la déesse ; bientôt les mottes de terre commencèrent à se mouvoir, et il <;n sortit une moisson de combattants. On vit d'abord sortir des fers de lances, puis des casques ornés de plumes ; ensuite on aperçut les épaules, la poitrine et les bras armés de ces nouveaux hommes, qui commencèrent à se combattre les uns les antres, dès qu'ils curent vu la lumière. Une égale fureur commença à animer tonte la troupe ; ces frères infortunés souillèrent de leur sang la terre ([ui les avait formés, et sentre-tuèrent au point ({uil n'en resta plus que cinq, (^eux-ci devinrent les compagnons de Cadmus, qui les employa à bâtir la ville de Thèbes que l'oracle lui avait ordonné de fonder. ^Ovide.)

Noces de Cadmus et d'Harmonie. — Harmonie, fille de Vénus

Fig. ô'26. — Xoces de Cadmus et d'Harmonie (d'après un bas-relief antique;.

et de Mars, fut l'épouse que Jupiter destinait à Cadmus, et tous les dieux voulurent assister à leurs noces, qui curent lieu dans la ville nouvellement fondée. Chacun d'eux apporta un présenta Harmonie, et Vénus lui remit entre autres un collier qui devint fameux dans les légendes thébaines. D'après certaines traditions, Jupiter aurait donné Harmonie à Cadmus, pour récompenser le héros des services quil en avait reçus dans sa lutte contre Typhon, qui avait découvert la foudre du roi des dieux, et était parvenu à s'en emparer.

Un bas-relief antique malheureusement très-mutilé nous montre les noces de Cadmus et d'Harmonie. Le héros, couvert seulement de son casque, est assis près de sa femme et entouré de plusieurs divinités (fig. o26).

Jupiter et Sémélé. — Cadmus eut de son mariage avec Harmonie un fils, Polydore, et quatre filles, Autonoé, Ino, Sémélé et Agave. Sémélé fut aimée de Jupiter et devint mère de Bacchus ; mais cette nouvelle passion du maître des dieux ne pouvait demeurer longtemps inconnue

LA NAISSANCE BK BAC CHUS-

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(le Jiinoii, <|iii résolut de se venger avant la naissance de l'enfant qiie Sé-Hielé portait dans son sein. « L'implacable déesse, résolue à perdre sa rivale, prit la figure de Béroé, la vieille nourrice de vSémélé, et ayant été sous cette forme rendre visite à la jeune fille, elle fit adroitement tomber la conversation sur.Iupiler. «Plût au ciel, dit-elle à la fille de Cad-mus, que ce soit Jupiter lui-môme qui t'aime ! mais je crains tout pour toi : combien de jeunes filles ont été trompées par de simples mortels qui avaient emprunté le nom de quelque dieu ! Si celui dont tu me parles est vraiment Jupiter, il peut l'en donner des marques certaines, en venant te voir avec la majesté qui l'accompagne lorsqu'il s'approche de Junon, et prendre pour te visiter tout l'appareil de sa grandeur. » Trompée par cet artificieux discours, la fille de Cadmus demanda à Ju[Mter de lui accorder une grâce, sans spécifier laquelle, et le père des dieux et des hommes jura par le Styx qu'il accéderait à son désir. Mécontent et

Fig. 5"27. — Mercure et Bacclms (d'après une peinture de vase).

inquiet de ce qu'elle avait demandé, mais ne pouvant revenir sur un serment fait par le Styx, il assembla le tonnerre et les éclairs et se rendit ainsi chez Sémélé. Mais l'habitation d'un mortel ne saurait résister à ce voisinage, et à peine le dieu s'est-il approché du palais de Sémélé, que l'embrasement devient général. La fille de Cadmus elle-même fut réduite en cendres, et Jupiter eut à peine le temps de retirer de son sein l'enfant qu'elle allait mettre au monde, et de l'enfermer dans sa propre cuisse, oi^i il resta jusqu'au jour désigné pour sa naissance. (Ovide.) Cet enfant fut Dionysos, appelé par les Latins Bacchus, ou Liber, qui naquit ainsi deux fois, et fut élevé par les nymphes de Nysa.

La cuisse de Jupiter. — Le poète Nonnos raconte aussi la nais-sauce de Bacchus quand il sortit de la cuisse de Jupiter. « Cependant,

à la sortie des flancs embrasés de Sémélé, Jupiter reçut Bacchus formé à d(Miii, fruit de cette délivrance produite par la foudre ; il l'enferma dans la couture de sa cuisse masculine, et attendit le cours de lalune(|ui de-\ait amener la maturité. Bientôt sa rondeur s'amollit sous les douleurs de renfantement, et l'enfant (pii a\ait jiassé a\ant terme du giron d'une femme dans un giron masculin, vint au monde sans quitter une mère. Car la main du fils de Saturne, présidant elle-même à la naissance, détruisit les obstacles et dénoua les fils qui recousaient la cuisse génératrice. A peine échappé à cet accouchement divin, les Heures, qui en avaient marqué le temps, couronnèrent Bacchus de guirlandes de lierre en présage de l'avenir. Elles ceignirent sa tête chargée de fleurs et ornée déjà de cornes de taureau (allusion à Bacchus-Iléhon). Puis, l'enlevant de la colline de Draconie qui l'avait vu naître, Mercure, le fils de Maïa, s'envola au milieu des airs, le tenant dans ses bras repliés, et lui donna le premier le nom de Dionysos, en souvenir de son origine paternelle. Car dans la langue de Syracuse, Nysos veut dire boiteux, et Jupiter boitait lorsqu'il marchait portant dans sa cuisse le fardeau de sa grossesse. On le nomma également Eraphriote, le dieu Cousu, parce qu'il venait d'être cousu dans la cuisse de son propre père (fig. 527).