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A peine le vaisseau était-il arrivé en pleine mer, qu'il s'arrêta subitement. Les matelots étonnés ramèrent avec plus d'ardeur, et tendirent toutes les voiles, espérant qu'ils obligeraient par là le vaisseau a marcher; mais des feuilles de lierre couvrirent à l'instant les rames, et. s'étant étendues aussi sur les voiles, les empêchèrent de jouer. Bacchus lui-même parut en ce moment couronné de raisins, tenant à la main son thyrse et environné de tigres, de lynx et de panthères, comme il a l'habitude de l'être. Au même moment, les compagnons d'Acétès virent leur peau se recouvrir d'écaillés de poisson, et leurs membres se transformer en nageoires. Ils étaient métamorphosés en dauphins, et, souillant avec leurs narines l'onde qu'ils avaient avalée, ils bondissaient autour du navire, où Acétès, qui seul avait conservé la forme humaine, demeurait épouvanté. Le jeune dieu le rassura et lui ordonna de cingler vers iSaxos : aussitôt qu'il fut arrivé, il alluma des feu\ sur les autels du dieu et se mit à célébrer ses mystères. L'aventuré d'Acétès et de son équipage est représentée sur une série de petits bas-reliefs cpii décorent le monument de Lysicrate à Athènes : on y voit le^^ matelots changés en dauphins et s'élançant dans la mer.

Penthée déchiré par les Bacchantes. — IN ntlioo, polit-tils tic Cadimis, (3t roi de Thcbes, voulut s'ojiposcr à l'airivée tic Bacchus <lans son pays. Les champs comniençaieiit à retentii-du bruit t[ui accompagne la C(3l{''bi'ation du jeune dieu, dont on annonçait la venue prochaine, cl tout le monde s'empressait de voir des mystères jusqu'alors inconnus. « Gt'néreux enfants de Mais, sY'crie i*enthée, (juelle fureur vous possède ? Le tumulte confus des instruments d'airain et des llùtes, de vains enchantements doivent-ils donc vous faii'c perdre la raison? Jamais ni le bruit tles armes ni la vue des dards et des tlèches ne vous ont elîrayés ; les bataillons armt'îs vous ont toujours trouvés invincibles ; vous laisserez-vous vaincre par des femmes, par une troupe d'hommes elïéminés que l'ivresse rend insensés et qui font retentir l'air du son de leurs tambours ? Est-ce vous, ces sages vieillards qui ont traversé tant de mers pour venir avec leurs dieux pénates s'établir dans cette contrée, et y bâtir une nouvelle Tyr ? Aujourd'hui vous laissercz-vous vaincre sans combattre ? Si les destins ont résolu la ruine de Tiièbes, qu'elle tombe sous l'efTort de ses ennemis ; que pour la détruire on emploie les machines de guerre, le 1er et le feu ; du moins s'il nous arrive d'être vaincus, nous serons malbcureux sans être coupables, et nos larmes pourront couler sans honte. Mais aujourd'hui cette ville va devenir la conquête d'un enfant faible et désarmé, d'un jeune efféminé tjui n'aime ni la guerre, ni les combats, ni à manier les chevaux, et qu'on ne voit jamais que parfumé, couronné de lierre, et vêtu d'une robe d'or et de pourpre. Pourvu que vous ne vous opposiez pas à mon dessein, je le forcerai bien d'avouer l'imposture de son origine et de ses mystères. Acrise n'a-t-il pas eu assez de courage pour mépriser ce dieu imaginaire, et pour lui refuser l'entrée d'Argos? Faut-il donc que cet étranger fassetrembleraujourd'bui Penthée et toute la ville d(i Thèbes?» (Ovide.)

Alors Penthée ordonne à ses ofiiciers de s'emparer du dieu, dès ([u'il arrivera, et de l'amener chargé de fers. Sa famille pourtant s'opposait a son dessein, et tous ceux qui l'entouraient cherchaient à le faire changer d'avis. Les officiers reviennent bientôt, l'anienantun prisonnier, qui est aussitôt conduit dans la prison, mais tandis qu'on prépare les instruments de son supplice, les chaînes dont le prisonnier était chargé tombent sans que personne les ait brisées, les portes de la prison s'ouvrent d'elles mêmes et on retrouve le cachot vide.

Penthée voit alors à quel ennemi il a affaire ; mais loin de se décourager, sa fureur en augmente. Il veut braver le dieu lui-même et part pour le mont Cithéron, où on célèbre ses orgi(.>s. La première bacchante qu'il aperçoit est sa propre mère, qui était secrètement initiée aux mystères de Bacchus, et qui dans l'ivresse de son délire ne reconnaît pas son fils. Elle le prend pour un monstre qui vient troubler l'orgie bachique, et s'écrie épouvantée : < Le voilà, l'affreux sanglier,

l.A LK(ÎENDE HKHOÏOUE DE BACCHUS.

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le voilà. ■> Ses comjm^MU's échevelées aecourent en jioiissanl des hurlements, et le décliiient en niorceau>L en lui arrachant h's nienihres. Dès quOn appiit a Thèbes le sort du malheureux roi, les l'emmes de la Nillc coururent aux autels de Bacchus, et toutle peuple reconnut son culte, l ne peinture de \ase re|nTsente Penthée déchiré par les hacchaiites.

Fig. .SiT. — Pi'iitln'i' dôcliiiv parles bacchantes d'après uip' |)r'iiiiui'' de vase .

Sa mère Agave lui ai'rache un bras près de l'épaule ; Ino le saisit jtar une jambe : Autonoe et la troupe furieuse lattaquenl de toutes parts et la panthère de Bacchus prend elle-même part à l'action en déchirant la jambe du malheureux Penthée. Aux deux extrémités de la composition on voit d'un côté des centaures qui détournent la tète en faisant de la musique, de l'autre la nymphe du Cithéron qui tient son urne et est accompagnée d'un gros serpent, symbole bachique (fîg. 547).

Gadmus changé en serpent. — Après les ctlroyables malheurs qui étaient venus traj)per coup sur coup sa famille, Cadmus abandonna la ville qu'il avait fondée, et, après avoir erré longtemps en ditférents pays, il arriva dansFIllyrie, avec Harmonie, sa femme, qui n'avait jamais voulu le quitter. Accablés l'un et l'autre par leurs disgrâces, ils s'entretenaient l'un et l'autre des calamités de leur maison. Cadmus, se rappelant le dragon qu'il avait tué et pensant que sans doute il était consacré à quelque divinité qui maintenant le poursuivait, supplia les Dieux vengeurs de finir ses peines en le changeant lui-mcrne en serpent. A peine a-t-il fait cette prière, qu'il s'aperçoit que son corps en prend la ligure, et que sa peau, en s'endurcissant, devient noire et se couvre d'é-cailles et de petites taches; aussitôt il tombe sur le ventre, et ses jambes qui se joignent ne forment plus qu'une longue queue. Comme ses bras n'avaient pas encore éprouvé le même changement, il les tend à Harmonie et la supplie de l'embrasser pendant (juellele peut encore et a\ant que tout son corps soit devenu serpent. 11 voulait parler davantage, mais sa langue s'étant fendue, il ne prononça plus aucune [)arole distincte et n'exprima ses plaintes que par des sifflements ; c'est la seule voix que la nature lui ait accordée. «Cher Cadnuis, s'écrie Harmonie, époux infoi-

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tuiié, <iiit' (loNitMis-ln? Ah 1 lassent les Dieux que j'oprouvc le luèaie chaniienient. Pendant qu'elle l'oi-niait ees tristes |)laintes, et que son «'poux continuait de la caresser, elle lut (dle-iU(Mne niétaniorpliosée en serpent. (;eprodi<:e remplit détoiinement les compagnons de Cachnus (jui étaient présents. Les deux serpents, la tète levée, après les a\oir caressés, ram-j)èrent quelque tem|)s l'un près de l'autre et enti-erent dans la lorèt la plus voisine. Depuis ce tem[)S-là, ces serpents ne liiient point la com-iiagnie des hommes et ne leur font aucun mal ; doirx et paisibles, ils se ressouviennent encore de ce qu'ils étaient autrefois. » (Ovide.)

D'api'ès d'autres traditious, ce ne serait pas volontairement q\w i]iu\-niiis se serait retiré en lUyrie, mais il aurait été obligé de s'éloigner a\ec sa famille et ses amis, par suite d'une sédition populaire. Ani-phion, le protégé d'Apollon, qui éle\a les murs de Tlièbes au son de sa lyre, fut roi de ce pays, et le supplice qu'il inlligea à Dircé indique des luttes politi(pH'S qui pourraient bien avoir en également un caractère religieux. Mais il est toujours très-dilTicile de discerner quel est le fond historiqnc dissimulé sous les fables qui nous i)résentent toujours le culte de Bacchus s'établissant avec la plus grande difficulté. 11 finit j)0urtant par s'établir à Tlièbes comme dans tout le reste de la Grèce, (d la fable des filles de Minyas paraît être la dernière manifestation d'inie op})Osition faite au dieu du \in.